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Rétrospective : 1997, c'était pas mal


Maxime, le 19/12/2017

Mai - août


Foo Fighters – The Colour And The Shape (Roswell/Capitol)
20 mai

Après le traumatisme planétaire causé par le suicide de Kurt Cobain, les Foo Fighters de megacool Dave passent pour le pis-aller idéal. Energique, délivré de toute humeur morbide et grungy juste ce qu’il faut, le premier album remplissait parfaitement son rôle de méthadone consolatoire auprès des foules orphelines, brutalement sevrées après un shoot maximum d’essentiel. Mais le prodigieux cogneur de Nirvana refuse ce rôle d’ersatz de luxe et, obsédé par le Trompe le monde des Pixies, débauche Gil Norton pour offrir à son deuxième disque tout ce qui manquait à son prédécesseur : des titres variés, une production ambitieuse, un groupe soudé et concerné.

Enfanté dans la douleur (Pat Smear et le batteur de l’époque quitteront la formation pendant l’enregistrement – Grohl refera toutes les parties de ce dernier), The Colour And The Shape atteint son objectif et lance définitivement la seconde carrière du (futur) barbu. On écoute désormais les Foo Fighters sans immédiatement évoquer l’écrasant passif de son leader – un exploit ! Entre power pop énervée ("Hey, Johnny Park!", "Up In Arms"), pulsions alternatives sous haut patronage de Frank Black ("My Poor Brain", "Wind Up") et rock de stade balbutiant ("My Hero", "February Stars"), le groupe cherche encore son identité mais déballe déjà la machine à tubes (aucune setlist actuelle n’oserait faire l’impasse sur "Everlong"). Il prendra du muscle au fil des ans, pour devenir un ogre des arénas et un ponte du rock US contemporain. Pourtant – et nombre de fans hardcore le reconnaissent – artistiquement il ne fera jamais mieux.



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Faith No More – Album Of The Year (Slash/Warner)
9 juin

La vague alternative qui avait secoué le rock américain au début des années 90 amorce son reflux, emportant avec elle les gloires passées du grunge et de la fusion. Sur l’esquif Faith No More, l’ambiance n’est clairement plus au beau fixe. L’ambitieux et déstabilisant King For A Day… (1995) s’est rapidement essoufflé dans les charts et le groupe est en voie d’implosion. Mike Patton et Bob Gould ne partagent plus la même vision, le spectre de la formation se révélant trop étroit pour l’extravagant chanteur de Mister Bungle, qui rumine ses envies d’ailleurs.

Ce sixième opus se charge de solder les comptes, son humeur plutôt sombre préfigurant une séparation qui interviendra l’année suivante. Avec son titre ironique, Album Of The Year n’enrayera pas le déclin des Californiens auprès du public américain, même si l’Europe et l’Australie continuent de les soutenir. Le disque sera nettement réévalué par la suite, les fans accordant à ses singles ("Ashes To Ashes", "Stripsearch") le même statut que les classiques "Epic", "Midlife Crisis" et autres "Digging The Grave".



Radiohead – OK Computer (EMI)
16 juin

C’est évidemment l’album de l’année, pour certains celui de la décennie et pour les fans transis du combo d’Oxford l’œuvre musicale ultime, la chapelle Sixtine du rock anglais, l’aboutissement définitif de trente ans de pop, la meilleure chose qui soit arrivée à l’humanité, quelque part entre l’invention du micro-ondes et du GPS. Pris tour à tour pour un énième ersatz post-grunge (le tube "Creep") ou une formation britpop de seconde zone (le formidable et sous-estimé – du moins à l’époque – The Bends), Radiohead connaît plusieurs années de galères avant d’enregistrer son disque ultime, avec l’énergie du désespoir. Cette fois-ci, les masses captent le message et OK Computer devient un classique instantané.

Inutile de rabâcher tout ce qu’on a pu dire et écrire sur un disque dont la notoriété et la postérité parlent pour elles-mêmes. Amateurs de rock, pop, prog, metal ou électro, pré-hipster raffiné ou adolescent boutonneux, cette œuvre aussi fédératrice qu’exigeante a parlé à tout le monde, captant en direct l’esprit du temps, sans doute en raison de ses thématiques très fin de siècle et de sa production novatrice. A l’époque, entendre "Karma Police" ou "No Surprises" passer sur NRJ entre la dernière niaiserie de Worlds Apart et le nouvel étron musical fraichement démoulé par Pascal Obispo relevait du vertige esthétique ultime. Radiohead devient le Pink Floyd de la génération Nirvana et chacune de ses réalisations (de plus en plus inutilement hermétiques au fil du temps) est guettée par une foule d’admirateurs extatiques, prêts à applaudir le son du pet de Thom Yorke réverbéré par trente chambres d’écho comme une pièce avant-gardiste, de réserver un Uber quinze mois à l’avance pour suivre leur dernière tournée (équitable et éco-responsable bien entendu) ou de s’immoler façon secte du temple solaire si les paroles de leur dernier morceau, une fois passées à l’envers, l’exigent. Ce disque culte a bien évidemment bénéficié d’une réédition anniversaire (OKNOTOK) et a donné lieu à moult commémorations au printemps 2017.



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Sugar Ray – Floored (Atlantic/Warner)
24 juin

Il y a les disques qui continuent de nous accompagner, tels des amis fidèles, et puis il y a les autres, ceux qu’on a laissés sur le pas de la porte au moment de rentrer dans l’âge adulte et qui nous font vaguement honte lorsqu’on les redécouvre, au moment de vider le grenier des parents. Floored fait incontestablement partie de cette seconde catégorie. Sugar Ray, donc. Un groupe originaire de Newport Beach et dont le chanteur, Mark McGarth, est une caricature californienne sur pattes. Marcel, tatouages, piercing, scalp peroxydé, fausse gueule d’Ethan Hawke pour plateaux de télé-réalité, rien ne manque à la panoplie. La musique est du même tonneau, un ersatz de nu-metal pour fin de bal de promo et de skate punk débile, quelque part entre Dog Eat Dog et Blink 182, rehaussé par les scratchings de DJ Homicide – sic (reconnaissons-leur d’avoir eu l’idée d’intégrer un DJ dans leur rang avant Deftones et Incubus). Le single "Fly", avec son reggae placide à la Sublime, les propulse en haut des charts américains.

En France, le clip passe régulièrement sur M6, mais peu avaient acheté l’album. Le type qui est en train d’écrire ces lignes se l’était procuré par le club Dial et était persuadé d’avoir alors mis la main sur une pépite, se délectant des riffs de guitare imitant le vrombissement d’un V8 sur "RPM", rappant comme une savate le long d’"Anyone", pogotant comme un abruti au son d’"American Pig", tout en essayant de se faire pousser un bouc en espérant ressembler au chanteur et faire tomber les filles (échec lamentable). A la réécoute, c’est évidemment daté, formaté, clicheteux au possible mais pas plus infâmant que le tout venant néo-metal (essayez de vous enquiller un disque de Crazy Town ou Papa Roach d’une traite pour voir) ou qu’une galette périmée de Smash Mouth ou Bloodhound Gang. Moins morbide qu’un Korn, moins beuglard qu’un Snot, en somme beaucoup plus solaire et insouciant que ses collègues, Sugar Ray était manifestement obsédé par le rock eighties, du hair metal à la synthpop (comme le prouve la cover de Adam And The Ants "Stand And Deliver"). C’est en toute logique que le groupe s’orienta franchement vers la pop-rock par la suite, jusqu’au disque homonyme sorti en 2001, véritable monument de niaiserie californien-pop-pute à faire rougir le No Doubt post Tragic Kingdom. Mais nous en reparlerons en 2021, en l’assumant cette fois-ci.



The Prodigy – The Fat Of The Land (XL Recordings)
30 juin

Et voici que déboule le Never Mind The Bollocks des années 90. Vingt ans pile poil après les crachats séminaux des Sex Pistols, The Prodigy refaçonne le choc tellurique du punk pour le rebalancer à la tronche des ravers en pleine ère de digitalisation avancée : un chant postillonnant à la Johnny Rotten, les grondements menaçants d’infra-basses guerrières, une armée de samples tordus, tabassés, violés, des prestations scéniques débauchées et surtout un sens de la mise en scène aussi destroy qu’habile que n’auraient sûrement pas renié les protégés de Malcolm McLaren. Clairement, le rockeur mouillait le perfecto pour le Big Beat, cette confrérie d’agités du sampler qui avaient réussi l’exploit de réconcilier les adeptes du dancefloor avec les fanatiques de la fosse à pogo. Un genre dont l’intitulé sonne comme boom-boom, soit le choc provoqué par ces tempos démoniaques où chaque kick est appuyé à coup de parpaing.

Cerveau peroxydé de cette infernale machine, Liam Howlett se rêvait à ses débuts en DJ hip-hop mais son teint de cachet d’aspirine le grille d’office dans le milieu. Il se résigne alors à recycler ses rythmes mutants confectionnés à base de breaks de funk et de rap pour les coupler à des claviers Bontempi sur l’inaugural Experience (1992), osant faire communier les masses avec l’univers clandestin des rave parties, avant de parader dans les festivals alternatifs avec son successeur (Music For The Jilted Generation, 1994). The Fat Of The Land précipite ce désir d’hybridation sauvage, lui faisant atteindre un degré d’efficacité maximale, laminant tel un immense shaker riffs de guitares, prosopopées breakbeat et cavalcades jungle avec le phrasé heurté des Beastie Boys et autres Kool Keith, le chant élimé des L7, les litanies orientalisantes de Crispian Mills (Kula Shaker) et bien sûr les braiements du duo Maxim Reality/Keith Flint, dont la double iroquoise fluo fera la postérité des clips "Firestarter" et "Breathe". L’influence de ce disque, tombé pile à l’heure, reste encore palpable aujourd’hui (allo Justice ?) quand bien même Prodigy ne cessera de s’auto-parodier par la suite. Mais reconnaissons-lui d’avoir redonné au rock un salutaire électrochoc en forme de bon gros glaviot digital.



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Primal Scream – Vanishing Point (Creation/Sony)
7 juillet

Après la jubilatoire récréation rock’n’roll Give Out But Don’t Give Up (1994), le Scream revient aux choses sérieuses, dans un archipel secoué par le Big Beat de Prodigy et des Chemical Brothers. Bobby Gillespie et ses sbires (l’ex Stone Roses Mani intègre définitivement les troupes au poste de bassiste) rebootent leurs machines et déclenchent un nouvel orage électronique. Grand fan de cinéma seventies, le chanteur conçoit ce cinquième opus comme une bande-son alternative, sombre et paranoïaque, du Vanishing Point de Richard Sarafian, un road-movie crépusculaire qui a traumatisé à jamais toute une dynastie de cinéphiles (La horde sauvage de Sam Peckinpah est également cité).

Sous l’injonction de livrer "an anarcho-syndicalist speedfreak road-movie record" (dixit le leader), les Ecossais plongent tous les genres possibles dans leur chaudron fumant : dub épais ("Kowalski"), générique de Blaxploitation tonitruant ("If They Move, Kill’Em"), psychédélisme façon Cream broyé à la moissonneuse-batteuse ("Burning Wheel"), rock stonien ("Medication"), trip-hop lysergique ("Get Duffy"), krautrock dévertébré ("Stuka"), voire même une reprise d’Hawkwind transmutée en dance rock apocalyptique ("Motorhead"). Abrasif, mutant et savant, le groupe prouve qu’il a tout compris à une époque qui ne jure plus que par les samplers en surchauffe. On pourra préférer à ce disque indomptable et éparpillé les hymnes fluo du culte Screamadelica ou la techno hérissée et minimaliste de XTRMNTR, voire l’électro-pop assumée du récent Chaosmosis. Reste que Primal Scream prouve une fois de plus qu’il est le groupe le plus jouissivement cool de sa génération.



The Dandy Warhols - … Come Down (Capitol/EMI)
15 juillet

C’est le genre de trajectoire qui semblait banale dans les années 90 et qui apparaît aujourd’hui du dernier exotisme, à l’heure où le rock ne cesse de dégringoler des hit parades. Soit un groupe originaire de Portland, Oregon, publiant un premier album sur un label indie (Dandy Rule OK, 1995), dont l’un des singles ("TV Theme Song") fait vaguement frissonner les charts alternatifs, les majors qui se pressent et ouvrent le carnet de chèque (Capitol), un premier disque refusé au motif qu’il ne comporte « aucune chanson » (The Black Album, finalement publié en 2004 en autoproduction), une nouvelle mouture enregistrée dans l’urgence, un single extorqué le couteau sous la gorge et clippé avec moult paillettes par David LaChapelle ("Not If You Were The Last Junkie On Earth"), la presse qui s’affole et les premières couvertures. Voilà les Dandy Warhols lancés dans le cirque planétaire.

Frais, aimablement psychédélique, mélodique en diable (certains auditeurs pensent alors avoir affaire à un énième groupe britpop), bardé de titres à l’intitulé so smart ("Cool As Kim Deal"), … Come Down fait doucement sensation, servant de parfaite rampe de lancement au futur Thirteen Tales From Urban Bohemia. Quatre ans avant les Strokes, les Dandys annoncent le revival 60’s/70’s qui servira d’horizon indépassable pour toute la nouvelle génération rock. L’insouciance de ces garnements, ravis de ce passage sous les feux de la rampe, irradie tout le long de cet excellent disque mineur, dont la genèse est parfaitement documentée dans le formidable documentaire Dig !, qui reste toujours aussi sympathique aujourd’hui. Courtney Taylor (avant qu’il n’exige qu’on l’appelle Taylor-Taylor) garde un souvenir amer de cette période, rythmée par d’incessants combats contre la maison de disque. Sa bande vole depuis de ses propres ailes, publiant de temps à autres des albums gentiment inutiles. On en viendrait presque à remercier la major de leur avoir tordu le bras et d’avoir révélé leur véritable nature, celle d’aimables branleurs doués pour la pop et qui se rêvaient pédants avant-gardistes.



Oasis – Be Here Now (Creation/Sony)
21 août

Long, lourd, nasillard, bordélique, cocaïné ou tout simplement nul, le troisième album des lads de Manchester a essuyé à peu près toutes les injures possibles. Oasis se délite avec fracas, alors qu’il triomphait encore l’année précédente, propulsé plus haut que Jésus par les triomphaux "Wonderwall" et "Don’t Look Back In Anger". Tout a été dit sur cet album honni, sa gestation pénible qui a plombé les nerfs du label Creation, les saladiers de coke dans le studio, le démarrage en trombe dans les charts puis le désenchantement public retentissant… Les frères Gallagher ne s’en sont jamais totalement remis, emportant dans leur naufrage la britpop et ses rêves de gloire planétaire pour redevenir ce qu’elle avait vocation d’être au départ : un phénomène exclusivement anglo-britannique.

Une plantureuse édition remasterisée sortie l’année dernière dans une relative indifférence n’a pas su redorer le blason de ce disque maudit, qui mérite pourtant réécoute deux décennies plus tard. Pour son côté hors-normes, hystérique, braillard, monstrueux, son délire autarcique et suicidaire, ses refrains vulgaires, bêtes comme du foin, et pourtant irrésistibles à beugler comme un sous-prolo bourré à la Läger. Parce que de toute façon aucun de leurs disciples, même dans leurs meilleurs moments, ne feront mieux (Stereophonics, Kaiser Chiefs, Fratellis). Et parce qu’il reste l’ultime témoignage d’une époque où le rock pouvait encore se permettre ce genre de gamelle monumentale.



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Commentaires
Maxouzzz, le 07/01/2018 à 09:55
Je reste effectivement aussi persuadé que Metallica aurait eu tout à gagner à tout condenser dans un seul disque..voir un double ? Personne ne sait ce qu'il en serait advenu.
Gogo, le 28/12/2017 à 08:38
Pop, pour moi le dernier album réussi de U2. Depuis, on creuse toujours un peu plus bas.
Mik, le 24/12/2017 à 15:32
Voyons, Pop est une tuerie.
Eily, le 21/12/2017 à 13:16
Je corrige mon commentaire précédent: après avoir lu la section sur OK Computer, je trouve que ce qui est dit sur U2 est 'achement sympa à côté de ce qui l'est sur Radiohead !
Eily, le 21/12/2017 à 13:07
Pop de U2 un navet ? Beaucoup de défauts certes, mais de là à le qualifier de navet, c'est un peu fort. Pour moi, leur dernier album un peu aventureux avant de retomber dans des poncifs mainstream.
Kefran , le 20/12/2017 à 10:31
Excellent article, en cette année 2017 triste en sortie rock. C’est vrai qu’il y’a eu des gros albums en 97! Le passage OK Computer m’a beaucoup fait rire. Continuez comme ça , vous faites du super boulot!