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Chronique Livre

Tool - Reflets et métamorphoses


Auteur : Christophe Muller
Editeur : Camion Blanc
34€
"L'outil pour réfléchir sur et avec Tool"
Marc, le 25/09/2009
( mots)
Tool, groupe culte, mythique, voire quasi mystique pour certains, reste une énigme pour beaucoup. De par sa musique lourde, sombre et difficile d'accès, à la limite de tout (metal, rock progressif, atmosphérique ou psychédélique) mais ne ressemblant à aucune autre, et de par son parcours, en dehors de toutes les modes et concessions, ce groupe méritait bien une biographie détaillée. Pour Camion blanc c'est Christophe Muller, fan de la première heure et le créateur du premier site web francophone consacré à Tool, qui était le mieux à même de nous décortiquer les raisons et les intentions de ce groupe phénomène. Erudit en la matière, c'est en grande partie à travers son leader, Maynard James Keenan, chanteur à frange de conscience, que l'auteur nous plonge durant plus de 550 pages dans l'univers de ce combo empli de reflets visuels et de métamorphoses musicales et vice versa.

Le récit de la jeunesse de Maynard James Keenan est d'entrée le départ essentiel du livre et aide à la compréhension de la destinée de Tool. La religion baptiste et son influence sur sa mère devenue handicapée après une rupture d'anévrisme alors qu'il n'avait que onze ans, va faire naître en lui une aversion totale envers les institutions religieuses. En réaction, il n'aura de cesse de provoquer chez les autres le besoin de penser par eux-mêmes avec la musique, les paroles et le visuel de Tool. Artiste dans l'âme, il va d'abord et toutefois s'engager dans une école militaire pour éprouver ses limites personnelles face à la discipline... Reçu à l'académie de West-Point il refusera cet "honneur" américain pour intégrer une école d'art. Et c'est à Los Angeles, sur un plateau de tournage, qu'il rencontrera Adam Jones, guitariste. Après avoir fait la connaissance de Danny Carey, batteur, et de Paul d'Amour, bassiste, la première mouture de Tool est née en 1992 avec un EP Opiate.

En racontant précisément le processus de création du quatuor et ses enregistrements, l'auteur encadre régulièrement son récit de citations des membres du groupe. Leur devise : "tous indiens et aucun chef". Tous les quatre ont écouté Led Zeppelin ou King Crimson et sont aussi férus d'arts et de pensées philosophiques. Et pour leur première oeuvre, ils lancent un cri primaire contre la perception imposée par la société. Entre le punk et le metal, leur côté mystique est déjà présent. Les Tool ont aussi l'art de bien s'entourer en faisant la première partie de Henry Rollins aux USA et de Rage Against The Machine en Europe. Intransigeants quant à la liberté totale sur la création de leur musique, ils font fi de raccourcir leurs morceaux et ne se donnent aucune limite pour les visuels. Avec l'album Undertow, les paroles traitent d'abus en tout genre, sexuels et religieux. Sous-jacentes, les pensées de Maynard ont été inspirées par son maître à penser le psychiatre Carl Jung. Adam Jones se charge de co-réaliser leur premier clip "Sober". Narrée par l'auteur, cette véritable oeuvre d'animation, en plus d'être plusieurs fois primée, reste encore comme la marque de fabrique de l'univers toolien.

Comme pour chacun des autres clips et albums, Christophe Muller analyse également une à une les chansons et les images de Tool où les paroles de James Maynard Keenan, métaphoriques, philosophiques voire ésotériques, laissent volontairement la place à plusieurs interprétations. L'auteur, grâce à ses informations, ses recherches, les documents trouvés et les citations, entre autres, de Carl Jung, de l'humoriste Bill Hicks ou de l'artiste peintre Alex Grey, nous amène à entrevoir le mystère qui entoure l'oeuvre du groupe. Paul d'Amour parti c'est l'Anglais Justin Chancellor qui le remplacera en son sein pour le deuxième album Aenima, résumé ainsi par Maynard : "il y a beaucoup de lumière au bout du tunnel de notre musique, mais il faut faire l'effort de se purger à travers elle pour parvenir à l'atteindre." Transcender ses peurs pour parvenir à un état de conscience supérieure, une invitation qui s'étend sur scène où le groupe joue de façon statique mais où les étranges vidéos élaborées en partie par Adam Jones et projetées en arrière plan sont surtout mises en avant. Salué par la presse, Aenima permet au groupe d'être reconnu, sa participation au festival Lollapalooza en témoigne. Pourtant, Maynard ne goûte pas les interviews ni les photos et les problèmes avec la maison de disques l'éloignent des autres membres du combo. En manque de création c'est avec A Perfect Circle et une musique plus émotionnelle et féminine qu'il leur fera une première infidélité. Un coup de maître gagnant, le succès est immédiat. Deux autres albums d'APC viendront encadrer deux autres de Tool : Salival et Lateralus. Maynard y fait référence au bouddhisme ou à la kabbale pour ses paroles, les images de pochettes de ces albums s'en inspirent.

Toutefois, le 11 septembre et la réélection de Bush vont écoeurer James Maynard Keenan : "j'ai essayé de partager des choses, et de mettre en avant un but censé être bénéfique à tous – aussi bien avec les concepts d'évolution spirituelle que celui de conscience universelle – mais les évènements récents qui se sont produits m'ont désappointé, découragé..." De par ses prises de position le leader de Tool est accusé d'anti-américanisme, ses interviews sont boycottées. En réponse, l'album 10,000 Days, sera critique et introspectif. Il y reparle de sa mère, en bien. La tournée qui suit fait salles combles mais les mots adressés au public, le service d'ordre anti-photographes et son masque à gaz anti-tabac laissent une impression de fin de quelque chose. Pour en réchapper Maynard va s'exercer en créant le duo Puscifer, une sorte de hip hop érotico-gothique, où il s'essaie à des expérimentations. Une récréation qui pourrait faire de la suite de Tool une re-création. Christophe Muller y croit et nous laisse sur cette citation de Maynard : "nous continuerons à faire de la musique ensemble jusqu'à ce que l'un de nous soit mort."

Au final, l'univers complexe de Tool nous est largement dévoilé grâce à ce livre. Et l'auteur, malgré le récit dense et des explications un peu trop itératives nous donne envie de l'apprivoiser. On rencontre tout de même très rarement un groupe aussi intellectuellement et musicalement brillant dont la seule intention est de réaliser une oeuvre entièrement artistique ! Pour les fans cette biographie est donc indispensable et pour ceux qui, comme moi, ont parfois aimé Tool sans jamais oser s'y plonger vraiment, prenez votre souffle et laissez-vous immerger !
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