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Critique d'album

Yeah Yeah Yeahs


Cool It Down


(30/09/2022 - Secretly Canadian - Garage / Indie - Genre : Rock)
Produit par Dave Sitek, Justin Raisen, Andrew Wyatt

1- Spitting Off the Edge of the World / 2- Lovebomb / 3- Wolf / 4- Fleez / 5- Burning / 6- Blacktop / 7- Different Today / 8- Mars
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un retour aussi flamboyant qu'inattendu."
Diego, le 29/12/2022
( mots)

Les Yeah Yeah Yeahs sont de retour !  Voilà une annonce que personne ou presque ne s’attendait à lire, tant les trois musiciens new yorkais semblaient avoir définitivement conjugué au passé leur production commune. 


Les membres du groupe n’avaient pour autant pas pris une retraite paisible dans la douceur de l’anonymat : Karen O s’est lancée dans une carrière solo, ponctuée notamment par l’excellent Lux Prima, en collaboration avec Danger Mouse. Nick Zinner, dont la réputation de touche à tout avait été initiée dans la phase de renaissance du rock à New York au début des années 2000, a poursuivi son activité multi-facettes, entre photographie et production musicale. Brian Chase, de son côté, a pour principal fait d’arme de personnifier l’alchimie du trio Yeah Yeah Yeahs, assurant, derrière les fûts, le liant entre les fortes têtes que sont sa frontwoman et son guitariste. Il est donc plutôt logique que le batteur soit resté relativement discret pendant le hiatus du trio.


Parmi la scène du Williamsburg du début du nouveau millénaire, on comptait bien évidemment les Strokes, apôtres du renouveau cool du rock, l’élégante froideur d’Interpol, le rocktronique de James Murphy et son LCD Soundsystem et donc, les Yeah Yeah Yeahs. Il s’agit bien évidemment de restreindre le panorama aux têtes d’affiche, la période ayant constitué un véritable pullulement de formations en tout genre. Il est beaucoup trop réducteur de cantonner les groupes précédemment cités à leurs qualificatifs simplistes : ce n’est pas au fidèle lecteur d’albumrock que nous allons apprendre que les choses sont plus complexes et que les musiciens ne se rangent pas aisément dans des cases. Cet adage s’applique parfaitement aux Yeah Yeah Yeahs. Entre les aspirations punk et les riffs ravageurs de son guitariste et les prestations arty / lyriques de sa chanteuse, le groupe s’est singularisé par une signature unique. Un fil conducteur : l’urgence organique, presque animale. 


 Comme témoins de cette énergie folle, le nom des albums du groupe : It’s Blitz, Fever To Tell, le champ lexical guerrier ou furieux est toujours représentatif des compositions enlevées voire survoltées. Pour en mentionner quelques exemples, le quasi chamanique "Gold Lion", l’hymne electro "Heads Will Roll" ou le génial "Maps". 


 Force est de constater que, au- delà de la surprise du retour, le titre du nouvel opus, Cool It Down, annonce un certain apaisement, en tout cas une rupture avec les productions précédentes. Le titre "Lovebomb" est une magnifique illustration de cet engouement pour des compositions adoucies. Une réelle mystique se dégage du chant de Karen O et lorsqu'elle entonne "come close, closer now" / "rapproche toi, encore plus près", rares sont ceux qui prétendraient ne pas lui obéir instantanément. Les parties narrées de "Different Today" et de la dernière piste "Mars" renforce le magnétisme lyrique de la frontwoman. Cette-dernière fait état de sa nouvelle qualité de mère. La thématique de l'héritage générationnel reviendra. "Blacktop", de son côté, est tout simplement une incroyable merveille de folktronique et une -nouvelle- preuve que Karen O fait partie des icônes, des sources d’inspiration pour tant de compositrices indie (de Sharon Van Etten à Adrianne Lenker).


 Cela dit, le trio ne se renie pas pour autant : "Fleez" fait la part belle au dance rock, avec un hommage non dissimulé à ESG (Emerald, Saphir and Gold, un groupe de funk new yorkais de la fin des seventies) via un sample et la mention directe du groupe sur le refrain. Zinner s’en donne à coeur joie avec un riff rappelant les heures garage du collectif, et avec un finish tout en synthé. La distorsion sur "Burning" tranche également remarquablement avec les accords clairs de piano qui jalonnent le morceau.


 Les amateurs de la période plus électro du groupe trouveront leur bonheur avec "Wolf", probablement une des plus belles réussites de l’album. La mélodie, les paroles et les refrains au synthés sont plus inspirés les uns que les autres. Karen O hurle à la pleine lune : "I'm lost and I'm lonely I hunger for you only Don't leave me now, don't break the spell In Heaven, lost my taste for Hell" / "Je suis perdu et seule, J’ai besoin de toi seulement, Ne me quitte pas maintenant, Ne brise pas le sort, Au paradis j’ai perdu mon attrait pour l’enfer". Tout simplement brillant. Le refrain en sample de cordes n’a rien à envier aux heures de gloire de "Heads Will Roll".


 Une certaine grandiloquence se dégage également de certains excellents morceaux de ce très bon album. On pense spécifiquement au premier single, "Spitting Off The Edge Of The World", partagé avec Perfume Genius, nom de scène de Mike Hadreas (en hommage au Grenouille du romain de Süskind). Récemment couronné de succès pour son cinquième album, Set My Heart On Fire Immediately, l’auteur compositeur apporte sa touche de glam rock sur ce titre évoquant la défiance de la jeune génération envers un monde voué à l’autodestruction. Le changement, ou l’absence de changement dans le comportement humain, jusqu’au massacre écologique en cours, est également prégnant sur "Burning", ou encore "Different Today" et son "Oh, how the world keeps on spinnin', It goes spinnin' out of control" / "Oh, comme le monde continue de tourner, il tourne et vire hors de contrôle". 


 Il est bien illusoire de tenter de faire de la chronique musicale un exercice totalement objectif. Les biais cognitifs sont quasi inhérents à la consommation musicale. Dans un souci de complétude, j’ai tout de même essayé de trouver des défauts à ce disque. Il est un peu court (33 minutes environ), mais cela va a contrario des avis émis précédemment qui reprochaient systématiquement aux albums du genre leur longueur excessive. Il manque un peu de guitare, mais cela est tout à fait contrebalancé par les synthés et le charisme dégagé par le chant de Karen O. Il arrive neuf ans après la dernière galette du trio new yorkais, et c’est bien trop long, mais, à nouveau, cela est compensé par le fait que cet album est pleinement ancré dans son époque. Son titre, Cool It Down, est d’ailleurs autant un mantra pour le groupe lui-même et son style de composition, qu’une adjuration de traiter la nature avec respect. Enfin.


 A écouter : "Wolf", "Blacktop", "Fleez".


 

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