
Traveler
Traveler
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1- Starbreaker / 2- Street Machine / 3- Behind The Iron / 4- Konamized / 5- Up To You / 6- Fallen Heroes / 7- Mindless Maze / 8- Speed Queen


La province d’Alberta au Canada. Pour certains, ce seront les cowboys qui viendront à l’esprit. Pour d’autres, plus au fait de l’actualité, ce sera le pétrole, présent à foison dans les sables bitumineux. C’est une région riche, car industrielle, mais polluée. Calgary, ville connue pour ses sports d’hiver, est au cœur de cette économie des énergies fossiles. On le sait, grâce à l’Angleterre des 1970’s et des 1980’s, industrie et Hard-rock ou Heavy-Metal font souvent bon ménage. Ainsi, en 2019, cette ville canadienne a pu être placée sous les projecteurs musicaux quand sont apparus les albums de deux formations, Riot City et Traveler. En fait, la scène locale est vivace depuis longtemps, mais la haute qualité de ces opus explique cette mise en avant. D’ailleurs, les deux groupes partagent un batteur commun.
Comme l’indiquent la tenue des membres de Traveler ou la pochette (en particulier la graphie du nom), on est loin des Beatles, et clairement dans une vague Revival Heavy. Attendez-vous à du gros riff, des guitares endiablées, un batteur allumé, et des déluges de note.
Qui dit revival dit inspiration venue du passé. "Starbreaker", titre d’ouverture, répond à toutes les questions. Du titre au riff en passant par le chant et les ruptures rythmiques, on est clairement du côté de Judas Priest (années 1980, "Fallen Heroes" rappelle également le groupe), tandis que les parties solistes sont plutôt orientées vers Iron Maiden. Comme leurs camarades de Riot City, la NWOBHM est une source inépuisable et vénérée.
Musicalement, le groupe connaît et maîtrise parfaitement sa partition. Les titres possèdent des riffs efficaces et accrocheurs, la section rythmique tient parfaitement son rôle, même dans les passages les plus speed, et les solistes galopent bien sur leur manche. Des pièces instrumentales comme "Konamized" illustre bien ce savoir-faire. "Street Machine" et "Up to You" sont forgés sur la même enclume, pouvant évoquer Angel Witch par moment. Le risque peut être celui d’un certain manque de variété. Qu’on se le dise, cela n’enlève en rien la force du groupe, mais il faudra sûrement approfondir et nuancer les approches par la suite. Ils en sont largement capables : le solo de "Fallen Heroes" par exemple, est imparable et très mélodique.
Si les musiciens sont brillants, la grande force de Traveler est son chanteur, JP Abboud. Non seulement, il parvient à atteindre une amplitude similaire à Rob Halford (c’est vraiment audible sur "Fallen Heroes") ou à Kevin Heybourne (au niveau du timbre), à la fois puissant, suffisamment aigu et rauque. Mais encore, il rappelle également J.D. Kimball (Omen), en moins grave, mais avec la même amplitude.
D’ailleurs, c’est une autre référence qui semble mobilisée, le Heavy épique américain des années 1980. Ecoutez le couplet du très bon "Mindless Maze", mais surtout le chant sur « Speed Queen ». Dans ce registre, on peut souligner également "Behind the Iron", qui mêle musique et thématique classique du genre. Visigoth n’est jamais très loin, même si le côté épique est moins prononcé.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, mais c’est toujours plus savoureux avec des légumes frais. Traveler frappe fort et commence avec un album sans concession. Un groupe à suivre, qui risque de devenir une référence incontournable du genre.