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Critique d'album

The Shins


Heartworms


(10/03/2017 - Columbia - Indie-pop américain - Genre : Pop Rock)
Produit par James Mercer

1- Name for You / 2- Painting A Hole / 3- Cherry Hearts / 4- Fantasy Island / 5- Mildenhall / 6- Rubber Ballz / 7- Half A Million / 8- Dead Alive / 9- Heartworms / 10- So Now What / 11- The Fear
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"De jolies pépites folk pop gâchées par une production d'un mauvais goût effarant. Quel dommage."
Nicolas, le 24/03/2017
( mots)

À bien y réfléchir, l’expérience Broken Bells a-t-elle été aussi fructueuse que cela pour James Mercer et ses Shins ? Permettez-nous d’en douter. Le constat est limpide : avant 2010, les Tibias (oui, Shins, ça veut dire Tibias, c’est con mais c’est comme ça) ont déroulé trois disques folk pop de grande qualité. Puis arrive la collaboration Mercer - Danger Mouse, renouvelée (avec un poil moins de succès) en 2014, et depuis lors, rien ne va plus. Le gentil barbu pète les plombs, renvoie ses musiciens, réduit son groupe à sa seule personne, s’installe derrière les consoles de mixage (épaulé par Greg Kurstin sur le mitigé Port Of Morrow) et se met à truffer ses chansons pourtant toujours aussi sensibles d’arrangements oiseux. Et le mot est faible.


Pourtant, on partait plutôt confiant sur ce Heartworms. Mercer avait même fait son autocritique dans Pitchfork en août dernier et, tout en annonçant travailler seul sur son cinquième bébé, se targuait d’avoir fait “un effort global afin de respecter la palette historique du groupe sur certaines chansons”. Là-dessus arrive “So Now What” écrit spécialement pour le second film de Zach Braff, Wish I Was Here, censé faire écho au génial Garden State, le morceau bouclant ainsi la boucle réalisée par le sublime Oh! Inverted World. Un titre plutôt joli, élégiaque même, pour illustrer un long métrage pourtant sensiblement moins bon que son grand frère (bon c’est sûr, Kate Hudson, ce n’est pas Natalie Portman), mais qu’à cela ne tienne : si Mercer pouvait garder le cap, respecter son œuvre passée et laisser parler avant tout sa fibre sensible, tout le monde y gagnerait. Sauf qu’il fallait lire entre les lignes et bien prendre en considération le “sur certaines chansons” de la déclaration précédente. Comprendre : je me suis résigné à arranger certaines chansons à l’ancienne, mais pour le reste, j’ai fait ce qui me plaisais. Et puis d’abord je fais ce que je veux, non mais oh.


Résultat : Heartworms est un beau gâchis, du genre à vous mettre vraiment en rogne. Pourquoi, pourquoi se vautrer dans un tel déballage d’artifices quand on a un tel talent, une telle plume, si ce n’est pour prendre le risque de tout saloper ? Si l’introductif “Name For You” se montre globalement réussi et entraînant, on s’agace déjà de quelques “poua, poua poua, poua” assez risibles pour équilibrer un refrain sémillant mais bancal. Et dès que débute “Painting A Hole”, c’est le drame : sur une mélodie vocale que Mercer semble avoir piquée à Geddy Lee - pas inintéressante au demeurant - se voient appliqués de gros coups de truelle électronique baveuse, et que je te tartine une couche par ci, et que je t’éclabousse mon couplet par là. Difficile de se remettre d’un tel carnage, mais que l’on se rassure, le singer-songwriter-producer n’a pas dit son dernier mot. “Cherry Hearts” manque certes un peu de chair par endroits, mais fallait-il à ce point le défigurer à grandes rasades de claviers putassiers ? Preuve à l’appui : le second couplet, nettement moins dispendieux en gimmicks que le premier, se révèle on ne peut plus correct. Même constat pour le pudique “Fantasy Island”, bombardé d’échos dans le micro et de maquillage de conte de fée dans les arrangements, sans parler d’une outro de batterie longue et dénuée du moindre intérêt. Du gâchis, qu’on vous dit.


Le plus dur à encaisser, c’est justement cette dichotomie qui imprègne Heartworms, entre morceaux suproduits foncièrement loupés et au contraire titre arrangés plus finement et sonnant impeccablement justes. Le niveau d’écriture se montre en effet bien supérieur à celui de Port Of Morrow qui ne pêchait pas tant par son enrobage formel que par son manque de consistance mélodique. Ici, James Mercer montre qu’il reste un compositeur de tout premier ordre, en témoigne justement un “So Now What” étincelant de classe, un “Dead Alive” folk pop conquérant et un “Fear” teinté de couleurs mexicaines exprimant avec pudeur et émotion le trouble anxio-dépressif dont souffre le natif d’Albuquerque depuis son adolescence - n’est pas Walter White qui veut. Ainsi donc, la fin de l’album est autrement plus réussie que son entame. D’autres morceaux, plus frontaux, savent se montrer fédérateurs, “Name For You” déjà abordé mais aussi et surtout “Half A Million”, cash, un peu plus heavy sur les guitares, au tempo brillamment enlevé. Même dans la retenue, et dans un registre vocal versant moins dans les aigus, Mercer convainc (sur l’acoustique “Mildenhall” ou le crépusculaire “Heartworms”). Parfois enfin la plume ne se montre pas aussi infaillible que ça, et si les circonvolutions de “Rubber Ballz” se montrent plaisantes, le refrain-rengaine à la “pa-la pa-la” a tendance à franchement irriter au fil des écoutes, même si, pris isolément, il n’y a là rien de rédhibitoire.


Dommage, on tenait sans doute un digne successeur aux superbes Oh! Inverted World, Chutes To Narrow et, dans une moindre mesure, Wincing The Night Away. Dès lors, qu’attendre encore de The Shins à l’avenir, du moins tant que James Mercer persistera dans ses délires ? Plus grand chose, hormis sans doute quelques titres çà et là bien sentis. On en viendrait presque à mettre davantage d’espoir en un hypothétique troisième album de Broken Bells, parce qu’on sait que là, au moins, Brian Burton ne laissera pas le barbu faire n’importe quoi. Et c’est triste, quelque part.

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