En 2007,
The Horrors pointent le bout de leurs cheveux avec un album teinté garage,
Strange House qui ne passe pas inaperçu avant d'être encensés
quasi unanimement en 2009 après la sortie de
Primary Colours. La troisième manifestation discographique des Horrors (oui, ce nom est toujours aussi romantique) se fera avec un rayon de lumière et presque des sourires. Après un premier album apathique et glaçant, un deuxième qui en plus de faire mouche est sacrément bien roulé, ce troisième montre quelques effusions de clarté. Quelques unes. Ne serait-ce que visuellement, l'envie de vivre se fait sentir plus nettement chez les cinq cavaliers de la nuit : il y a des couleurs sur la pochette !
Strange House connotait largement une envie de
suicide imminente ou une envie de faire peur un vendredi 13,
Primary Colours posait le doute sur ce qu'ils étaient vraiment, et avec
Skying on comprend bien que la vie leur sourit, tout du moins leur en montre une esquisse.
A l'image de leur pochette plutôt pas mal choisie, Skying est une peinture qui a pris la pluie et qui reste encore un peu humide. L'album résonne donc comme une grotte équipée de batterie et de synthé, sans oublier son chanteur Faris Rotter cherchant les endroits concaves pour un maximum d'effets de voix (''Dive In''). ''Changing the rain'' annonce d'ailleurs d'entrée ce parti pris pour une ambiance toujours fantomatique et en longueur mais cette fois enjolivée, avec des rythmiques pop. Les jeunes ébouriffés vêtus de cuir se prennent ainsi les pieds dans une atmosphère pop new wave, jusqu'au réveil en douceur débuté au tiers de l'album. ''I can see trough you'' tient à la main un synthé qui vit trois mètres derrière mais qui ramène les gentils Horrors vers un univers plus rock certes, mais également plus homogène. ''Endless blue'' décrasse d'ailleurs quelque peu les rythmiques lentes, et la suite de l'album prend le même pli. L'univers changeant des premiers morceaux a fait sortir de leur moule glam-dark-rock les Horrors, mais pour les replonger de plus belle dans une recette facile -pas mauvaise au demeurant- jusqu'à la fin de la galette. Encore dans la période de transition de l'album, ''I can see through you'' composé lui aussi de rythmiques redondantes et simples fait de ce mélange une mélodie vite agréable, notamment grâce au synthé qui est l'arme parfaite de Skying, puisqu'il vient briser l'éventuelle monotonie des morceaux. ''Moving farther away'' s'équipe de petits sons psychédéliques et se rappelle de ses envies du début, un peu de lumière bon sang !, notamment après la première moitié du morceau où un instrumental prend le dessus habilement, et pas noir dégoulinant. ''Still life'' dénote également, bien garni il devient facilement entêtant avec ses boucles et ses apparitions sonores pas bien définies. Il est un des titres cherchant la couleur dans cet enchevêtrement de sons sombres, et est d'ailleurs celui dont tout le monde se souviendra avec ses guitares rafraîchies. Notons également une ''Monica Gems'' qui emmène dans une course folle et agréable (nous parlons toujours des Horrors donc relativisons), avec des échos de chœurs métalliques et des coups de gratte bien grattés. Enfin, là où ces messieurs trouveront mielleux et pâteux ''Oceans burning'', ces dames prendront un malin plaisir à appuyer sur repeat, parce que le peu de douceur dans ce monde de goth'psyché est plutôt pas mal fichu, et surtout la tournure que prend le morceau laisse un goût agréable dans les tympans.
Si nous partons de la comparaison
quasi
automatique de
Skying avec
Primary Colours, la digestion du petit dernier sera difficile, ou tout du moins différente. Ceux qui ont été assis par l'efficacité de
Primary Colours, ne seront certainement pas tout autant ébranlés par
Skying qui se voit moins radical mais pas moins attractif. Ce nouveau trajet n'est pas pour déplaire à certains, les clefs empruntées quatre ans auparavant par
The Horrors servent toujours pour aborder ces dix nouveaux titres bien que remaniées, et le but du groupe est maintenu. A savoir, celui qui écoutera seul dans sa voiture ce troisième disque au milieu d'une forêt pleine d'arbres se verra dire qu'il n'a pas eu la meilleure idée de l'année. Ils aiment remixer, et ce ''trifouillage'' se sent bien dans l'album qui ferait la parfaite bande son de la pochette des Animal Collective,
Merriweather Post Pavillion.