Sons of Arrakis
Volume 1
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Au risque de subir les conséquences d’une opinion impopulaire, je dois bien avouer que l’univers de Dune me laisse relativement froid : l’histoire me semble un peu caricaturale et l’univers relativement pauvre, surtout au regard de ce qu’offre la science-fiction désormais. Alors certes, il faut laisser à Frank Herbert le privilège du pionnier, qui peut expliquer toutes les limites de son œuvre en comparaison avec les évolutions du genre. Et il faut également préciser que je ne suis pas un spécialiste de la SF, bien que mon enfance ait été bercée par Star Wars et que j’aie de l’affection pour la série nanardesque Farscape – autant dire que mon jugement esthétique sur Dune n’a que peu de valeur.
Pour contrebalancer cet incipit grincheux, je vais louer l’existence des ramifications de l’univers créé par Frank Herbert qui se déploient jusque dans la musique. Ainsi, depuis 2018, les Sons of Arrakis se comportent en Fremen du stoner et à partir de leur base de Montréal, ils s’engagent dans la conquête de cette planète désertique (Arrakis), riche en Épice et parcourue d’immenses vers des sables dont la force tranquille encadre les compositions de ce premier opus ("Shai-Hulud" et "Shai-Hulud (Sequel)"), relativement bref et chanté en anglais.
Le soin apporté à l’illustration, qui figure Paul Atréides au milieu des sables d’Arrakis, témoigne de la volonté du quatuor de retranscrire l’univers de Dune dans les partitions du stoner spatial. Plusieurs titres y parviennent parfaitement, comme le planant "Omniscient Messiah", vraiment très réussi, et "Temple of the Desert" qui plonge l’auditeur dans cette odyssée avec des mélodies lancinantes, des successions de notes surprenantes, une accélération bien sentie et des claviers cosmiques. La lourdeur angoissante d’"Abomination", comme son chant incantatoire, participent aussi à cet effort.
Certes, dans sa globalité, ce premier opus des Sons of Arrakis propose un stoner ultra fuzzy parfois très classique, comme en témoignent "The Black Mirror" ou le plus bluesy "Complete Obliteration" au solo enlevé, mais le groupe est toujours solide sur ses appuis et parvient souvent à briller – on pense au heavy mais dansant "Lonesome Preacher".
Il faudra sûrement que le combo gagne en personnalité par la suite, mais le Volume 1 du space-opera stoner des Sons of Arrakis s’avère tout à fait honorable et appelle forcément à une suite, ne serait-ce que pour rendre honneur à la dimension de la fresque d’Herbert.
À écouter : "Temple of the Desert", "Omniscient Messiah", "Lonesome Preacher"