Swan Valley Heights

Après nous avoir transportés aux confins de la galaxie le temps de deux albums, le trio munichois Swan Valley Heights nous entraîne au cœur d’une forêt lugubre dont les rhizomes envahissent petit-à-petit chaque fragment de vie animale pour ne former qu’un unique écosystème organique. En admirant l’inquiétante pochette, on pense à l’univers de Nausicaä et la vallée du vent de Miyazaki, à la Forêt de Fangorn ou à Jordskott, à toutes ces œuvres ayant réfléchi à l’hybridation entre l’humain et le végétal.

Transposer l’esthétique space-rock depuis le monde sidéral vers le monde organique des forêts était un pari ambitieux, mais Swan Valley Heights parvient à retranscrire son esthétique dans cette nouvelle thématique avec brio et ce dès le premier titre et chef-d’œuvre de l’album, "Microbe Galaxy". Accueillis par les gazouillis des oiseaux, nous sommes happés par les traits de guitares folk et électrique, aux mélodies d’une finesse incroyable, avec lesquelles tranche sans heurter la bascule vers un doom atmosphérique de premier choix. À la fois psychédélique, folk, doom et stoner, la composition déploie plus de onze minutes aussi intenses qu’apaisées, largement au niveau des grandes figures de genre comme King Buffalo. En outre, le travail réalisé dans le but d’obtenir une sonorité organique est vraiment remarquable.

Terminal Forest propose par la suite d’autres pièces d’ampleur, comme le mélancolique et contemplatif "Star Fever" qui, pendant douze minutes, impose une ambiance lancinante mise en place par les claviers et la batterie alors que la guitare redouble de traits subtiles. Les passages saturés sont bien amenés et plutôt rares, alors que le morceau-titre "Terminal Forest", volontairement plus lourd, insiste davantage sur la saturation tout en demeurant très planant.

Plus concis et contrasté, le très bon "The Hunger" est une démonstration de doom fuzzy sur les refrains et de transe psychédélique sur les couplets d’où transparaît une tranquillité savoureuse. Une décontraction qu’on retrouve sur le bluesy "Looking For Bird Pet" dont les ressorts sont aussi entendus qu’appréciables, alors que "Space Bash III" n’est guère plus qu’un intermède très heavy.

Connaissant assez peu la carrière du groupe, il m’est difficile d’affirmer si, en tant que troisième opus, Terminal Forest constitue une forme d’aboutissement ou de franchissement de palier pour Swan Valley Heights (la fameuse théorie – fumeuse – du troisième album). Par contre, la qualité de ses compositions, le travail d'écriture incontestable pour installer des ambiances douces et inquiétantes ainsi que les nombreux jeux de contraste, en font une œuvre très aboutie et hautement recommandable.

 À écouter : "Microbe Galaxy", "Star Fever"