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Critique d'album

Pixies


Doggerel


(30/09/2022 - BMG - Rock alternatif - Genre : Rock)
Produit par Tom Dalgety

1- Nomatterday / 2- Vault of Heaven / 3- Dregs of the Wine / 4- Haunted House / 5- Get Simulated / 6- The Lord Has Come Back Today / 7- Thunder and Lightning / 8- There's A Moon On / 9- Pagan Man / 10- Who's More Sorry Now? / 11- You're Such a Sadducee / 12- Doggerel
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Quand réussite rime avec clacissisme"
Nicolas, le 22/11/2022
( mots)

Bon an mal an, les Pixies avancent, faisant fi des critiques quant à leur reformation tardive nonobstant leur bassiste d’origine. Vu que la catharsis a pu s’opérer sur Head Carrier, Black Francis estime cette fois que les comptes sont soldés, que Kim Deal est libre de vaquer où elle souhaite et d’y faire ce que bon lui chante. On a d’ailleurs récemment vu la cool girl s’approprier sur scène son Pixiesien - mais non moins Dealien - “Gigantic”, épaulé par un Dave Grohl comme toujours ravi d’être de l’aventure mais ne pipant mot de ce qui se trame en coulisse. Dans le dos de la frontwoman des Breeders, la dream team (amputée d’une) considère déjà depuis belle lurette Paz Lenchantin comme l’une des leurs, et vogue la galère. Comme Joey Santiago a eu le droit de sortir de son hibernation au sein de Beneath The Eyrie, voici donc venir un Doggerel sans honte, amputé de tout pathos, chargé de poursuivre en toute sérénité la carrière des lutins du Massachusetts comme celle de Frank Black - bah oui tant qu’à faire.


Et Doggerel convainc, à l’aise. On sait Charles Michael Kittridge Thompson IVe du nom un très bon faiseur de chansons, et on fait mine de le redécouvrir ici. Dès l’entame du disque, tout fonctionne, tout roule, tout ronronne. Black s’approprie le micro et s’en sert avec ses armes, alternant les ambiances et les hauteurs, les parties chantées et d’autres plus parlées ou scandées, de l’abyssal glandeur (“Doggerel”) à l’aigu gaillard (“Haunted House”) - on lui préfère d’ailleurs cette dernière palette, plus naturelle et qui lui permet de mieux exprimer ses sentiments. Lenchantin exécute doctement de gloutonnes lignes de basse et vient presque systématiquement épauler son leader aux chœurs sur les refrains. David Lowering martèle son binaire avec tout le sérieux d’un plombier-électricien - qu’il est de formation, au demeurant -, précis, sec, crépitant, impeccable de soutien. Et ce bon vieux Joey Santiago s’amuse sans trop se fouler à meubler les trous où qu’ils se trouvent à grands renforts de Les Paul. Une formule Pixies très classique, donc, peut-être un peu trop, d’autant que l’on peine toujours à retrouver toutes les caractéristiques de l’ancienne équipe, sa fulgurance, son imprévisibilité, son extrémisme totalement halluciné. En 2022, ne reste plus des quatre américains qu’un collectif bien huilé, appliqué, au fait de ses forces et qui ne semble plus vouloir prendre le moindre risque. Tant pis pour les plus aventureux d’entre nous.


On flirte donc avec l’excellence sans dépasser ce seuil, celui d’un album complet, qualitatif, homogène… un peu trop sans doute. Ici, les douze titres tiennent entre trois minutes et quatre trente montre en main, et pas un pli qui dépasse. Le mid-tempo est de rigueur, décliné en moult variations sur le même thème, au point qu’on ne parvient pas à appréhender le rythme de Doggerel autrement qu’en considérant l’œuvre comme une succession de nuances proches les unes des autres. Pourtant la mise en bouche qu’est “Nomatterday” fait espérer du lourd, introduction successive de tous les protagonistes, ligne de basse impeccable, Black qui harangue l’auditeur avec assurance, Santiago qui assaisonne le tout avec gourmandise, on se prépare à se régaler… et puis voilà qu’une coda s’invite, plus tonique mais nettement moins racée, dommage. Il faut ensuite attendre le corps du disque et en particulier “Haunted House” pour se pâmer, là encore c’est le crescendo qui fait mouche, de l’acoustique dépouillé aux trombes de wah-wah retorses (Santiago est d’ailleurs peu coutumier de cet effet-là), le tout servi par une superbe mélodie. Du grand art que prolonge avec une joie certaine un “Get Simulated” en apnée, serré, chuchoté avec fièvre, tandis que “The Lord Has Come Today” fait le choix d’un chant dual masculin-féminin sur un mode majeur qui fait mouche, les vocalistes se réjouissant avec hilarité de la fin du monde imminente. Si les textes des Pixies se sont assagis, ils n’en restent pas moins truculents : la psychose furieuse d’antan a laissé place à un discours gentiment dérangé, aussi décalé que savoureux à écouter. La placidité musicale d’un “Thunder and Lighting”, en particulier avec ses “There is a storm today” égrenés en boucle, étonne dans le contraste créé avec des paroles pourtant menaçantes, tempête céleste dans laquelle on s’abandonne avec délice. En fin de liste, le morceau-titre se déhanche avec bonhomie, élégance et nonchalance, une vraie réussite pour une conclusion aux petits oignons qui sait malgré tout ménager ses contrastes jusque dans son fade-out de toute beauté.


On a jusqu’ici omis de parler des ambassadeurs du disque, et ce n’est pas involontaire. Bien que recyclant les images de far west chères à Black et Santiago (avec une guitare bien typée amerloque, cf “Cecilia Ann” pour les plus vieux d’entre nous), “Vault Of Heaven” ou encore “There’s A Moon On” ne constituent pas les pièces maîtresses de Doggerel, trop faciles, tournant trop facilement en rond - en particulier la seconde. Plus sympathique - et nettement moins clinquante -, “Who’s More Sorry Now?” résonne avec bonheur dans son écrin acoustique tranquille et nous transporte avec aisance dans les grands espaces. “Pagan Man” se place d’ailleurs dans la même veine joyeusement cinglée, fière de ses racines, cool à la fraîche. Plus étonnant, quand les Pixies veulent faire du Pixies avec leur désormais classique formule couplets ramassés - refrains éclatants, ça pèche aux entournures, en témoigne un “Dregs of the Wine” certes sympathique mais qui n’a pas inventé le fil à couper l’eau chaude. Les temps ont bel et bien changé, c’est acté une bonne fois pour toute. Ceux qui se sont arrêtés à Trompe Le Monde n’auront aucune raison valable de se faire du mal en s’acharnant à voir dans ces Pixies-là de dignes successeurs des dieux vivants qu’ils ont un temps été. Reste un groupe de vieux briscards tout à fait recommandable, et donc un album à l’avenant, en sachant qu’on n’en espérera désormais guère plus. Après tout, il faut aussi savoir se contenter de ce que l’on a…


A écouter : "Haunted House", "The Lord Has Come Today", "Who's More Sorry Now?", "Doggerel"

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