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Critique d'album

Museo Rosenbach


Zarathustra


(00/04/1973 - - Rock progressif italien - Genre : Rock)
Produit par

1- Degli Uomini / 2- Della Natura / 3- Dell'Eterno Ritorno
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Nous voulons maintenant que vive le surhumain"
François, le 09/09/2023
( mots)

L’essor du rock progressif italien ne peut être compris qu’au regard du contexte politique qui l'a vu naître : les "années 1968" au niveau international, les années de plomb à l’échelle du pays, quand la jeunesse, de plus en plus étudiante, était animée par des convictions avancées. La plupart des groupes et le public étaient engagés à gauche, jusqu’à l‘extrême même, à tel point que le refus de s’acquitter du billet d’entrée aux concerts et aux festivals était devenu monnaie courante, au nom d’un anticapitalisme dont les seules victimes économiques étaient les musiciens eux-mêmes.


Ainsi, quand le groupe ligurien Museo Rosenbach insèra le visage de Mussolini dans le collage qui servait de couverture à son unique album, un scandale éclata dans le monde musicalo-militant et même médiatique, puisque la RAI boycotta sa parution. Il faut sûrement y voir une pure provocation de la part du groupe, comme pour Area qui avait fait paraître Arbeit Macht Frei la même année. Ajoutez à cela la référence à Nietzsche, qui avait certes enlacé un cheval à Turin (référence à l'Italie), mais qui sentait aussi un peu le souffre depuis que sa sœur, une antisémite patentée à moitié cinglée qui avait tenté de fonder une colonie aryenne au Paraguay (Nueva Germania), avait publié La volonté de puissance. Le procès contre Nietzsche est injuste puisque cet ouvrage mélange compilation apocryphe et falsification, ce qui en dit long des idées et du peu de principes de sa sœur, et bien peu de chose de la philosophie de son soi-disant auteur, qui avait d’ailleurs rompu avec Wagner à cause de l’engagement de ce dernier dans le mouvement antisémite allemand.  


De La volonté de puissance, il n’est pas question ici, puisque l’œuvre traitée par Museo Rosenbach est Ainsi parlait Zarathoustra, obscure poème philosophique publié dans la première moitié des années 1880. Un matériau bien amitieux, même pour un concept-album de rock progressif. En tout cas, une inspiration très éloignée des premières amours du combo, quand ce dernier était investi dans l’imitation des musiques populaires anglaises et américaines, comme beaucoup de groupes italiens d'avant la vague progressive.


L’album reprend plusieurs passages ou concepts de l’œuvre de Nietzsche, notamment dans les cinq mouvements de "Zarathustra", une suite de plus de vingt minutes qui constitue le plat principal : on croisera ainsi le "dernier homme", "le surhomme", "l’éternel retour" et même "Par-delà le bien et le mal"… Museo Rosenbach est assez typique de la scène italienne, à savoir qu’il mêle aux modèles anglais (ici ELP, Genesis, King Crimson, Van der Graaf Generator) une touche italienne fondée sur des claviers omniprésents, un chant en italien et des traits classiques.


Splendide, la douceur mélancolique du premier mouvement de "Zarathustra" est une ouverture subtile qui fait ensuite place à l’atmosphère inquiétante d"Il Re Di Ieri", servie par un très beau travail sur les claviers analogiques, avant que l’intermède au rythme militaire ("Al DI Là del Bene e del Male") n’accomplisse un (éternel) retour au thème initial sur le quatrième mouvement ("Superuomo"). Ce dernier, particulièrement fameux, illustre bien ce mélange entre substrat anglais (ici ELP) et sonorités italiennes. Le final, qui laisse s’exprimer une guitare soliste derrière un mellotron ampoulé, conclut en beauté l’une des pièces les plus magistrales du rock progressif italien.


Malgré la magnificence de cette suite, la deuxième face de l’album est loin d’être anecdotique. Tout au long des trois titres, elle s’approche souvent d’un Heavy-prog’ aventureux ("Degli Uomini") avec une véritable dimension symphonique (la touche genesienne de l’excellent "Dell’Eterno Ritorno") qui n’hésite pas à redoubler de complexité ("Della Natura", entre démonstration aux claviers et interlude jazzy).


Les années ont passé et dans la postérité, Zarathustra a gagné ses lettres de noblesse au point d’être considéré comme l’une des œuvres majeures du rock progressif italien - une réhabilitation plus que méritée.

Commentaires
FrancoisAR, le 13/09/2023 à 20:11
Prego Alberto, è un onore.
Amoreno, le 12/09/2023 à 20:49
Grazie!!
DjangoNero, le 09/09/2023 à 09:49
Un album souvent classé parmi les tous meilleurs du RPI. On ne peut qu'être d'accord. La seconde face m'a toujours fait penser au deuxième album de Gracious. Je sais pas pourquoi.