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Critique d'album

Las Kellies


Friends & Lovers


(04/11/2016 - Fire Records/Differ-Ant - néo post-punk - Genre : Rock)
Produit par Iván Diaz Mathé

1- Sugar Beat / 2- Tied To A Chain / 3- Make It Real / 4- I'm On Fire / 5- Summer Breeze / 6- I Don't Care / 7- Sun Goes Down / 8- Love Me As I Do / 9- Breath Of Light / 10- Hear It Loud / 11- Sundays / 12- Celebrate Life
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Du néo post-punk à la sauce argentine avec une pointe de dream-pop. ¡Buen provecho!"
Maxime, le 16/11/2016
( mots)

Au mitan des années 00, Franz Ferdinand, Interpol et autres Editors lançaient avec fracas la vague du revival post-punk/new wave. 10 ans plus tard, on ne cesse d’en brasser l’écume (Nicolas vous a récemment parlé du dernier opus des White Lies). Dans le sillage du rédac chef, on a alors sorti son épuisette à la recherche de menue friture, l’occasion d’évoquer les Las Kellies, sémillant trio d’Argentines délurées qu’on avait découvert à la sortie de leur troisième album (Las Kellies, 2011), le premier à être officiellement distribué en Europe par Fire Records (Guided By Voices, Spacemen 3, Pere Ubu…) et qu’on avait honteusement négligé dans ces colonnes. Au milieu d’une scène rock s’échinant alors à aligner des clones de The Cure et Joy Division ad nauseam, les musiciennes s’improvisaient comme une incarnation moderne et latino des Slits, dopée au funk blanc de Gang Of Four/ESG et aux claviers rétro des B-52’s. Rythmiques puissantes et dansantes, basse goulue et tendue, compositions courtes jouées avec une économie maximale des moyens façon Ramones, on ne peut pas dire que l’entreprise de ravaudage brillait par son originalité. Mais les pétulantes pétroleuses emportaient finalement le morceau grâce à leur pep’s, le charme fou de leur accent, la platitude lunaire de leurs textes, se limitant par exemple à la lecture de l’étiquette d’une bouteille de whisky (leur principal carburant scénique) et leurs chansons à la fois simplissimes et irrésistibles, aussi sucrées qu’une cuillerée de dulce de leche et épicées qu’une bouchée de berenjenas rellenas tout juste sorties du four.

Deux albums plus tard, les fausses frangines changent leur fusil d’épaule et reviennent armées d’intentions nettement plus indie, comme si les quatre disques précédents n’étaient que des brouillons, préparant leur effraction du côté des Dum Dum Girls et autres Warpaint. La section rythmique, alignée par Sylvina Costa (batterie) et la nouvelle recrue Manuela Ducatenzeiler (les bassistes se succédant bizarrement à chaque disque comme si une espèce de malédiction planait sur ce poste), continue à cadencer la machine avec poigne et vigueur, mais cette fois-ci les guitares ont décidé de prendre leur revanche, passant à l’avant plan en dédaignant le rôle d’accompagnement qui leur était jusqu’alors dévolu. Tandis que ses comparses trottinent, imperturbables, Ceci Kelly déverse de généreuses gerbes de riffs baignés dans l’écho tout en chantant d’une voix blanche à la Bilinda Butcher dans la plus pure tradition dream-pop, là où elle minaudait jadis avec nonchalance et autorité.

Friends & Lovers fonctionne ainsi intégralement sur cette alliance des contraires, moteur rock et carénage éthéré, telle une constante brise glacée soufflant sur un brasier. Le son Kellies y gagne en profondeur tout en perdant au passage un peu de son charme et de sa fantaisie. L’alliage entre tempos marqués et humeur typée "son alternatif early 90’s" marche du feu de dieu quand le groupe est à son meilleur, se révélant aussi mutin qu’aérien sur les excellents "Sugar Beat" et "I’m On Fire", distillant une mélancolie assez inédite de sa part mais qui sait se montrer envoûtante ("Sun Goes Down"). Les chicas brillent également dans les changements de régime, pétaradant sur les plus frontaux "Tied To A Chain" et "Celebrate Life" ou, poussées par leur producteur Iván Diaz Mathé (qui a travaillé par le passé avec les légendaires Lee Scratch Perry et Mad Professor), groovant sévère sur l’hypnotique "Sundays" (l’un des sommets du disque), qui sonne comme un remix dub d’un titre des Breeders. Le costume de rude grrrl des entrailles de Buenos Aires leur va comme un gant, on aimerait qu’elles l’adoptent définitivement. Hélas, lorsque le groupe quitte épisodiquement cet axe pour s’abandonner à des plages plus psyché, tout en distorsions impersonnelles et songwriting en pilotage automatique ("Make It Real", "Hear It Loud" ou encore "Summer Breeze", choisi bizarrement comme single), l’album pique du nez, et l’attention de l’auditeur avec.

Après avoir joué la carte du post-punk primitif pendant une décennie, il était fatal que les Las Kellies montrent des envies d’ailleurs. A ce titre, Friends & Lovers dessine les contours d’une mue intéressante. On aimerait en revanche que le trio conserve un peu de son exotisme et de son excentricité, qu’il redevienne cette auberge espagnole un peu branque où l’on se risque à babiller un texte abscons en japonais entre deux coups de caisse claire pour ânonner deux plages après du français sur une ligne de basse minimaliste, autant de douces espiègleries qui lui avaient permis de sortir du lot avec son opus éponyme. Quel intérêt de tirer aujourd’hui la tronche pour complaire au moule érigé par leurs collègues anglo-saxonnes ? Reste une belle poignée de titres, l’occasion idéale pour faire connaissance, nouer une amitié. Voire plus si affinités, si les demoiselles tiennent les promesses qui sont esquissées ici. ¡Vamos loco !


Las Kellies sera en concert en France :
-    le 1er décembre à l’Espace B (Paris)
-    le 13 décembre à El Pati (Perpignan)
-    le 17 au Twist Komintern (Rennes)

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