Karfagen
Birds of Passage
Produit par
1- Birds of Passage part. 1 / 2- Birds of Passage part. 2 / 3- Sunrise / 4- Spring (Birds Delight)
Après Stevenson en 2019, c’est au tour d’Henry Wadsworth Longfellow et William Blake de trouver une incarnation musicale dans l’œuvre de Karfagen. La formation ukrainienne menée par Antony Kalugin est donc de retour moins d’un an après leur dernière et prestigieuse sortie. A nouveau, la pochette est sublime, colorée, immersive ; elle invite le futur auditeur à se laisser emporter par la musique et l’aventure développée.
Celle-ci se compose de deux longs titres dépassant de peu les vingt minutes, reprenant le nom de l’album découpé en deux parties. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, il s’agit en effet de rock progressif dans une veine symphonique pure, principalement instrumentale bien que le chant (aux saveurs tulliennes) soit plus présent que dans les opus précédents. Ainsi, la seule réelle difficulté pour entrer dans leur musique réside dans la longueur des morceaux, puisque la mélodie est au cœur de l’esthétique de Karfagen. Très abordable sans tomber dans la mièvrerie, Karfagen est toujours ambitieux dans son écriture et semble avoir trouvé ici le parfait compromis en termes de format (l’album précédent était un peu long).
Comme sur son prédécesseur, le nombre de musiciens ayant participé à sa réalisation est vertigineux. Cela permet, outre les différents outils électriques (les claviers évidemment, mais aussi la guitare très présente), de gonfler l’orchestre et de donner une véritable chaleur aux compositions. Ainsi, basson, violon, et flûte sont de la partie.
Venons-en à la musique proprement dite. Ceux qui ont apprécié Echoes from Within the Dragon Island seront servis puisqu’on est dans sa droite lignée, surtout sur la première partie. Certains passages entrent même fortement en résonance (pour ne pas dire écho) avec celui-ci. En outre, on retrouve de fortes influences puisées chez Genesis et plus encore Pendragon, pour ce qui est des claviers ou des passages de guitare. Des soli très planants et éthérés, ne refusant pas la saturation et quelques accélérations voire des dialogues avec les claviers, comme Nick Barrett le propose dans sa propre formation. Enfin, c’est encore Camel qui continue de chapeauter le tout.
La seconde partie est plus originale. Elle commence sur des arpèges bucoliques et doux (qu’on retrouve plus tard en fin de morceau), pour offrir un décor pastoral entre guitare acoustique, piano et violons, avant un riff très rock sur lequel se superposent les instruments dans une montée en puissance qui explose grâce aux claviers. Après un nouveau moment de calme, la guitare électrique peut enfin s’exprimer dans un solo mélodique et saturé, avant de laisser le chant prendre un espace étroit. La six corde est utilisée à merveille entre les soli, les riffs (notamment le passage épique, presque Metal, vers 14 minutes), les arpèges. Le seul bémol, pour vraiment être tatillon, vient des quelques minutes avant la conclusion (toute douce, bien écrite), qui auraient pu être écourtées.
Ces deux parties sont minutieusement dosées, les transitions réfléchies, les variations nombreuses et bien amenées afin de conserver une unité interne. Bref, l’ensemble est une grande réussite.
Deux bonus complètent l’album. "Spring (Birds Delight)" est un beau titre néo-progressif dans laquelle on peut souligner la percussion tribale et le jeu de guitare, "Sunrise" est constitué d’une nappe New-Age et donne une belle place aux bois pour un titre d’ambiance agréable.
L’année 2020 commence très fort avec Birds of Passage, et Karfagen s’affirme de plus en plus dans l’univers du rock progressif comme une référence incontournable. Les rumeurs disent que le prochain album est déjà en préparation …