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Critique d'album

Haken


Fauna


(03/03/2023 - Inside Out - British Prog - Genre : Rock)
Produit par Haken

1- Taurus / 2- Nightingale / 3- The Alphabet Of Me / 4- Sempiternal Beings / 5- Beneath the White Rainbow / 6- Island in the Clouds / 7- Lovebite / 8- Elephants Never Forget / 9- Eyes of Ebony
Note de 3.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Même les meilleurs sont capables de faux pas"
Nicolas, le 20/03/2023
( mots)

Quand on effectue une analyse rétrospective des notes accordées à Haken sur Albumrock, on constate que les trois seuls disques traités sur le site récoltent 4,5 sur 5. Dès lors, on soupçonne un biais, surtout en sachant que si The Mountain se trouvait chroniqué (et il le sera un jour, n’en doutez pas), cet album - que dis-je, ce chef-d'œuvre - récolterait la note maximale. Le chroniqueur en question serait-il réellement impartial ? Ne pêcherait-il pas par excès de fanboyisme ou d’aveuglement cultuel ? Si l’on pouvait encore le croire jusqu’ici, la réponse apportée par ce papier sur Fauna devrait remettre les pendules à l’heure.


Haken, tout le monde connaît, pas la peine de revenir sur… ah si ? Vraiment, je vous jure… Bon, Haken, ce sont donc six londoniens de très grand talent qui ont un jour décidé de devenir meilleurs que Dream Theater sur leur propre terrain, celui d’un metal progressif à très haute valeur technique qui, tout en demeurant moderne à l’oreille (quand leurs grands frères n’arrivent pas à se départir de leurs sonorités kitch) réussit à ne pas sombrer dans le syndrome de la peur du vide, celle qui veut que chaque espace sonore se voie comblé par le maximum de notes possible. Haken sait jouer et même très bien jouer, mais l’effectif ne se complait pas dans un étalage ostentatoire de dextérité : il met celle-ci au service de sa musique tout en prenant le temps d’affiner ses sonorités et de chercher à faire vibrer notre fibre émotive. D’où les 4,5 sus-mentionnés, etc. Sauf qu’avec Fauna, un pas de trop a sans doute été franchi.


Qu’est-ce qui change cette fois-ci ? Foncièrement pas grand-chose, et on doute que le retour de Peter Jones à la place de Diego Tejeida aux claviers soit en cause. On note néanmoins la volonté des anglais d’avoir ici voulu proposer neuf titres totalement indépendants les uns des autres, sans recherche consciente de cohérence. Cela peut sans doute jouer sur un ressenti moins immersif, et il est vrai que déjà les quatre ambassadeurs de Fauna brillent par leur éclectisme, parfois même au sein d’un même morceau (“Nightingale”, notamment, très intéressant au demeurant dans sa variété et ses nuances). Mais songez : une charge djent tétanisante (“Taurus”, impeccable d’animalité sonore électrique), un single sentimental musclé (“Lovebite”, assez réussi malgré son intro basse du front téléguidée) et une chanson pop rock aux effluves d’Imagine Dragons - ouais ouais (“The Alphabet of Me”, épatant) : comment relier tout cela sans risquer le dérapage incontrôlé ? Notez que jusqu'ici il n’y a pas de quoi récriminer, on reste dans du Haken de (très) haut niveau, racé, personnel, intelligent, un rien plus éclectique, juste de quoi marquer une progression appréciable par rapport à leurs émoluments antérieurs. Mais il faut encore s’attaquer au reste du disque, et là le son de cloche est bien moins enthousiasmant…


Commençons par ce qui fonctionne, car il y a encore du très bon à découvrir. La réussite de l’album, c’est “Elephants Never Forget”, onze minutes barrées, bigarrées, recherchées, nuancées, du grand Haken dans ses œuvres avec juste cette petite touche décalée et expérimentale qui convient à un groupe de cette trempe. On reste assez estomaqué par ces improbables montagnes russes sonores et rythmiques, bringuebalés de-ci de-là par les hommes à la manœuvre, et ils ont du talent à revendre. Mais si cette fibre post-moderne déconstructrice leur sied à ravir, elle sonne le glas du disque quand qu’elle disparaît, disque qui dès lors se montre étonnamment convenu (pour du Haken, s’entend) et par là-même parfois fatiguant. La surprise s'efface dès lors que des motifs rythmiques instaurés dans Virus se voient parfois décalqués à l’identique ou presque, comme les rafales de batterie de “Prosthétic” qui se manifestent paresseusement sur “Lovebite” et “Sempiternal Beings”, et ce dernier ne se voit en partie sauvé que par sa portion centrale space rock étonnamment - et salutairement - dépouillée. Il y a d’ailleurs un petit côté Muse pas forcément déplaisant dans ce morceau, mention particulière aux bouillonnements de cordes en arpèges conclusifs que l’on jurerait sortis des doigts de Chris Wolstenholme. Las, “Beneath The White Rainbow” s’abandonne à la surenchère, construction de prime abord simple qui succombe au syndrome de Dream Theater, celui d’en faire des tonnes et des tonnes dans une longue partie centrale aussi impressionnante que vaine et par-là même épuisante. Pourquoi ne pas avoir pris exemple sur les développements de “Nightingale”, aussi racés que ramassés ? Ça se complique même avec “Island In The Clouds” qui semble tiré d’Affinity mais marié à un couplet à la Bruce Soord, ça fonctionne pourtant bien au début, bonne première partie, légère et fluide, interlude funky crissant qui déboîte, et puis arrive la moitié du morceau et là il ne se passe plus rien, mélodie vocale en rase motte, instruments en retrait, et voilà que survient une relance bien laide qui se veut aliénante (un peu stoner) mais qui ne réussit qu’à agacer.


À partir de là, le mal est fait : entre le début de “Sempiternal Beings” et l’intro lourdaude de “Lovebites”, on décroche de Fauna et on a réellement envie d’appuyer sur la zapette pour profiter du reste de l’album qui, lui, fait tout à fait honneur à l’œuvre antérieure d’Haken, du moins entre The Mountain et Virus, y compris un “Eyes of Ebony” aux chouettes arpèges de synthés et aux fabuleux riffs ultra-distordus qui précèdent un interlude psyché porté par une basse goguenardes et une batterie claquante qui jouent les faux rythmes et les changements de mesures (impressionnant Ray Hearne, une fois de plus) : amusant et pertinent. Dommage donc que Fauna souffre de son gros ventre mou intermédiaire, et pourtant on aurait vraiment voulu l’aimer, ce disque. Passée la surprise de la découverte, on peine à y trouver autant de plaisir que sur les précédentes réalisations d’Haken, quand en particulier Virus et Vector proposent une matière bien plus charnue et savoureuse qui se laisse regoûter à l’infini. Espérons que la bande à Richard Henshall n’ait pas enclenché la marche arrière, ou plutôt qu’ils remettent les gaz plein pots droit avant lors de leur prochaine livraison. Ils en ont les moyens, ne reste plus qu’à faire preuve de suffisamment de discernement.


À écouter : "Taurus", "Nightingale", "The Alphabet Of Me", "Elephants Never Forget"

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Commentaires
Etienne, le 03/04/2023 à 22:55
Tout à fait d'accord avec Nicolas, première "déception" depuis pfiou... Mountains ? Le faux diptyque Vector / Virus était d'un tel niveau. Les singles avaient bien lancé ce Fauna qui s'essoufle assez vite. Mais on leur pardonne, car ils sont tellement bons. Et cet artwork
Albireo, le 26/03/2023 à 20:54
Je suis plutôt d'accord avec la chronique, même si je trouve la charge brutale. mais pas fausse. Sauf sur la partie des "rafales de batterie qui se manifestent paresseusement sur "Love Bites" et "Sempiternal Beings"" ; en particulier ce deuxième titre. C'est justement ces moments doux et saccadés typés space rock, ici salués, qui donnent toute sa dimension à ce titre qui est, pour moi, l'un des plus réussis. Deux creux : “Beneath The White Rainbow” et “Island In The Clouds”. Ils se suivent ; c'est ballot ! D'où la sensation de ventre mou. le reste est excellent, sans attendre la magie stupéfiante de "The Mountain" (clien d'oeil à Quentin) "Faunaé n'est pas un Haken majeur, mais est un album de métal prog magnifique ! Vus et écoutés à Paris le 17 mars : une tuerie !
Ben, le 21/03/2023 à 11:46
Très bon album, mais certes pas leur meilleur, surtout après, pour moi, le culte Vector. Ce qui me fait rire, c'est à quel point le début de Lovebite me rappelle directement la fin de "Wolves of winter" de Biffy Clyro
NicolasAR, le 21/03/2023 à 11:25
Oui oui, "faux pas" toutes proportions gardées bien sûr ! D'ailleurs il récolte 3,5/5, ce n'est pas si moche.
Quentin, le 21/03/2023 à 11:01
Je découvre Haken avec Fauna et c'est une véritable révélation pour moi. C'est du métal prog de très très haut niveau. Si cet album est en demi-teinte, je n'ose pas imaginer ce que doit être le reste de la discographie...
FranckAR, le 20/03/2023 à 21:10
Plutôt en phase avec ta chronique, même s'il reste difficile de parler de "faux pas" au vu de la qualité du bestiaux. L'album débute très fort : "Taurus" et "Nightingale" sont assez irréprochables dans leur genre. "Alphabet of Me" est une pépite, je ne m'en lasse pas. Rarement pop, prog et metal auront fait si bon ménage ! Le milieu d'album marque clairement une baisse de régime, et il est assez facile d'en sortir à ce moment là. Heureusement le final relève la barre avec un "Elephants Never Forget" complètement barré. Un album un peu en deçà (pour Haken), mais qui reste néanmoins dans le haut du panier de ce qui se fait dans le genre.