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Critique d'album

Gone Is Gone


Gone Is Gone


(08/07/2016 - Black Dune / Rise - Supergroupe - Genre : Hard / Métal)
Produit par Mike Zarin

1- Violescent / 2- Starlight / 3- Stolen From Me / 4- Character / 5- One Divided / 6- Prayers From The Danger / 7- Recede And Enter / 8- This Chapter
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Partir un jour"
Etienne, le 12/07/2016
( mots)

Etrange projet que Gone Is Gone. Voilà un groupe né d'une rencontre entre Tony Hajjar, batteur du groupe At The Drive-In, et Mike Zarin... Mike qui ? Même le principal intéressé s'amuse de son anonymat: "On ne peut pas appeler Gone Is Gone un supergroupe, personne ne me connaît !". Tout le monde a pourtant déjà entendu la musique de ce compositeur hors-pair. En effet, il fonde à la fin des années 2000 - avec Tony Hajjar, tiens, tiens - Sencit Music, une boîte de production basée à Los Angeles et spécialisée dans la musique... de bandes-annonces de films. Une niche pour autant prolifique puisque du propre aveu de Zarin: "Je ne sais même plus combien de musiques on a créé ensemble". Et histoire de parfaire le CV, le premier projet n'est autre que le premier "trailer" d'Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. Pas mal, pour "un job auquel on ne connaissait absolument rien avant de commencer", dixit Zarin.



Face à tant d'envie et de passion pour ce nouveau projet peu orthodoxe - il faut le reconnaître -, Hajjar et Zarin veulent "monter un groupe qui puisse jouer en festival tout comme composer une musique de films". Un groupe "hybride" selon les mots du batteur. Qu'à cela ne tienne, un p'tit tour dans les agendas, quelques coups de fils et voilà que le guitariste Troy Van Leeuwen des Queens Of The Stone Age et le bassiste-chanteur de Mastodon, Troy Sanders, se joignent à l'aventure. De quoi apporter une plus-value de poids en la présence de ces deux stars du rock, suffisamment connues pour mettre un bon coup de projecteur sur le projet Gone Is Gone. Qui plus est, les deux protagonistes sont habitués à l'exercice. Van Leeuwen a été le guitariste du deuxième groupe de Maynard James Keenan, A Perfect Circle, le temps d'un album et a souvent officié comme bras droit de Josh Homme tant au sein des Eagles Of Death Metal que pendant la dernière tournée d'Iggy Pop. Quant à Sanders, son dernier projet de ce type remonte à 2014 avec Killer Be Killed, groupe de sludge - en tout cas défini comme tel - avec Max Cavalera (Soulfly) et Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan). Reste à maintenant trouver le juste équilibre entre toutes ces influences et plus que tout, une direction commune.



S'articulant autour d'une conception très électronique de la musique, Gone Is Gone est un EP scindé en trois courts actes séparés chacun par des interludes planantes dans lesquels des voix fantomatiques flottent sur une mer d'arrangements éthérés déchirés par des guitares cinglantes ("Character"). Un modèle de base pour des compositions résolument rock, souvent lourdes même, faisant la part belle à des riffs saccadés tranchants de distorsion aux inspirations variées, tantôt industrielles ("Prayers From The Danger"), tantôt stoner ("Violescent"). Avec un Tony Hajjar qui comme à chaque fois fait des merveilles derrière ses fûts ("One Divided"), toujours avec cette subtile frénésie. Un rock qui évolue au gré des superbes constructions sonores de Zarin et Van Leeuwen dont les ambiances hantées et crépusculaires envoûtent à merveille ("Recede And Enter" ou encore "The Chapter"). Le jeu de guitare d'une impeccable justesse mélodique et technique de Van Leeuwen y est pour beaucoup tant ses arpèges aqueux ("One Divided"), ses accords rageurs ("Stolen From Me") et ses phrasés stridents que n'auraient pas renié le U2 d'Achtung Baby ou Nine Inch Nails inondent de classe des morceaux comme "Starlight" ou "The Chapter". Il est d'ailleurs un parfait soutien aux éructations de Sanders qui pour une fois évolue dans un contexte apaisé au sein duquel sa voix unique est enfin mise en valeur, quitte à parfois répéter des refrains un peu trop semblabes ("Starlight", "One Divided" et "The Chapter"). Le leader de Mastodon fend l'armure là où le metal stoner de son groupe phare lui offre un bouclier de décibels pour masquer ses faiblesses. Gone Is Gone dévoile enfin Sanders, le chanteur, qui vire au mystique avec une certaine magie sur "Prayers From The Danger". Sans être à l'origine du projet Gone Is Gone, Sanders et Van Leeuwen ont un rôle majeur dans la réussite de cet EP et se voient même offrir un beau tremplin pour mettre en avant leurs qualités trop souvent mésestimées. Zarin, habituel héros de l'ombre - qui retient le nom des compositeurs de musique de bandes-annonces ? -, laisse le beau rôle à ceux qui en ont l'habitude. L'occasion pour lui de se démarquer autrement.



Notamment en emmenant son disque bien au-delà du simple projet musical. A un EP déjà grandiose, Zarin y ajoute une dimension visuelle unique, une esthétique léchée, moderne et authentique. Les deux clips - superbes - de "Starlight" et "Stolen From Me" dévoilent un groupe dans l'ombre, soignant son image mystérieuse en jouant de profil sur un fond pigmenté d'une seule nuance, orange ou bleu selon le cas. Captivantes, ces images inhibent les capacités d'analyse pour mieux laisser l'expérimentation se dérouler sous nos yeux hagards et nos oreilles engourdies. Les mots s'imbriquent dans le décor et se faufile dans la musique, serpentant entre les nappes électroniques et les guitares féroces pour faciliter l'immersion. Loin d'un simple tableau, Gone Is Gone est un véritable univers en trois dimensions, un album sensationnel au sens propre du terme tant il renvoie systématiquement aux émotions. En ça, le pari de Zarin et Hajjar de faire de Gone Is Gone un groupe capable d'évoluer autant dans la musique de films que dans le festival rock est entièrement gagné.



Les amis de Gone Is Gone livrent un album empreint d'une forte identité hybride, aux confins du rock lourd - voire du metal industriel - et de la musique électronique, le tout avec une justesse qui force l'admiration. Bien plus qu'un simple moment récréatif comme le sont la plupart de ces formations éphémères, Gone Is Gone est un projet complet, artistiquement abouti, finement réfléchi et qui dépasse largement les frontières purement musicales telles qu'elle sont concevables. Il paraît qu'un album est en cours d'écriture pour la fin de l'année. Au vu des plannings ultra-chargées de ces membres, mieux vaut ne pas trop y compter quand même. Mais l'idée laisse largement rêveur. Pour l'instant, contentons-nous de cet excellent premier EP qui incite à un voyage émotionnel des plus captivants. Comme il est bon de se laisser partir un jour. Sans retour ?


Chansons conseillées: "Starlight", "Prayers From The Danger" et "This Chapter"

Commentaires
Etienne, le 21/07/2016 à 17:49
Je vois U2 partout en même temps... Non mais blague à part ça m'a vraiment fait pensé à ça. Notamment au son très strident de la guitare de Love Is Blindness, mais je m'égare... ^^
Raphaelle, le 13/07/2016 à 09:47
Ahahah ! La référence à U2 typique de l'ami Etienne :) Je trouve ça effectivement bien ficelé et surprenant. Le mélange prend bien, c'est suffisamment rare pour être noté. Par contre je ne suis pas convaincue par le chant. La voix est belle, certes, mais je trouve qu'elle manque de punch. "Stoolen from mee"... Trop de voyelles !