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Critique d'album

Dream Theater


Black Clouds & Silver Linings


(22/06/2009 - Roadrunner - métal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- A Nightmare to Remember / 2- A Rite of Passage / 3- Wither / 4- The Shattered Fortress / 5- The Best of Times / 6- The Count of Tuscany
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Dream Theater signe ici son meilleur album depuis Scenes From A Memory."
Nicolas, le 08/07/2009
( mots)

Il n'a pas toujours été facile de cerner les orientations musicales de Dream Theater. Si le quintette de Berklee s'est déjà fendu de deux albums plutôt fameux (Images and Words et Scenes From A Memory) en jouant à fond sur sa corde progressive épique, il a aussi réussi à égarer quelques ouailles en route en cédant à des tentations pop parfois ridicules (Falling Into Infinity), en durcissant à l'extrême ses sonorités quitte à rebuter les fans moins ouverts au metal (Train Of Thought), ou encore en choisissant des influences pour le moins hasardeuses (U2 et Muse pour Octavarium). Quand au dernier album en date, Systematic Chaos, il réalisait une sorte de synthèse improbable entre toutes ces saillies parfois antagonistes, avec un brio technique certes impeccable mais sans qu'on y trouve de réel cohérence, de réel liant. Des choix pas toujours très heureux, donc. Or la question du choix s'avère d'autant plus cruciale que l'on est capable de jouer à peu près n'importe quoi techniquement parlant, ce qui est bien le cas de Mike Portnoy, de John Petrucci et du reste de leur troupe. La question qui nous occupe aujourd'hui est donc : qu'ont choisi de nous offrir ces papes du metal prog sur leur dixième album, et ce choix s'est-il avéré judicieux ?

La réponse, heureusement, va rassurer bon nombre d'inquiets qui voyaient ces cinq cadors se fourvoyer dans des directions pas forcément flatteuses depuis ce début de millénaire. Dans le domaine qui nous préoccupe ici, tout le monde aura déjà noté, en cette décennie finissante, la très grande forme du métal en général - forme que le succès mérité du récent album des Four Horsemen ne vient notamment pas démentir. Par contre, rares encore sont ceux à avoir relevé la phase de plus en plus engageante que traverse le rock progressif contemporain, tant dans son versant prog ascendant metal (avec les succès grandissant de Porcupine Tree ou encore d'Oceansize et de Riverside) que dans son versant metal ascendant prog (on pensera notamment aux très bonnes saillies death d'Opeth). Il n'en fallait pas forcément plus pour que les cinq hommes se recentrent sur leurs fondamentaux. Vous cherchiez la direction musicale actuelle de Dream Theater ? Vous l'avez devant vous : une grosse louche de Metallica, une bonne pelletée de prog classique allant chercher du côté de Pink Floyd, de Yes ou encore de Rush, et un petit soupçon de death-prog suédoise pour assaisonner le tout avec les backing vocals omniprésentes de Portnoy (qui ne tarit plus d'éloges sur Mickael Ackerfeld, ce n'est plus un secret pour personne). Avec au final le meilleur album du groupe depuis Scenes From A Memory, pas moins.

"A Nightmare To Remember" doit beaucoup au liminaire "That Was Just Your Life" de Death Magnetic. Longue intro oppressante, riffs heavy à souhait, soli gavés de wah-wah, voix lorgnant du côté de James Hetfield : on sent que Petrucci a aimé comme il se doit le dernier jet de Metallica. Pas de plagiat pour autant : cette évocation d'un accident de voiture (vécu par Petrucci durant son enfance) s'élève dans des volutes progressives tour à tour violentes et ouatées avec une cohérence que l'on n'avait plus vue chez Dream Theater depuis un bon moment. C'est puissant, c'est poignant, et c'est absolument génial. Là dessus, les cinq compères embrayent sur le single du set : finies les chemins de traverse commerciaux à la "Forsaken", "A Rite Of Passage" donne dans le bon heavy metal héroïque, inspiré et sombre, relevé par une partie progressive spectaculaire. Et c'est là que l'on note l'un des bienfaits de cette livraison : cette fois-ci les longs soli de Petrucci ou de Rudess ne se retrouvent plus balancés au petit bonheur la chance, mais ils restent calqués sur des riffs metal implacables qui leur procurent toute leur saveur. La différence est aussi énorme qu'appréciable, soyez-en assurés. Ensuite survient "Wither", balade sans grande prétention mais pas déplaisante pour autant. Pour l'originalité, en revanche, on repassera - même si on reste heureusement bien loin des fautes de goût relevées sur les précédents opus. Notons d'ailleurs que LaBrie a enfin éliminé de son répertoire les horribles aigus qu'il nous infligeait par le passé : inutile de vous dire qu'on s'en passe très bien. Dommage, en revanche, que le mixage relègue à ce point John Myung en arrière plan : sa basse est quasiment inaudible, un comble pour un musicien de cette trempe.

Point final à la Twelve-Step Suite (ou suite des alcooliques anonymes), "The Shattered Fortress" s'offre un medley plutôt convaincant de thèmes retrouvés dans les précédents titres de la série, tout en développant deux nouvelles mélodies, l'une thrash, l'autre éthérée, réalisant au final un emboîtement de pièces que vient relever un solo tout bonnement époustouflant de Petrucci, très certainement l'un de ses meilleurs à ce jour. Puis c'est une longue et douce introduction acoustique, piano, violoncelle et guitare classique, qui vient initier "The Best Of Times", morceau que Portnoy a dédié à son père récemment décédé d'un cancer. Où il est parfois bon de rappeler que la musique ne se résume pas qu'à la technique, merci messieurs. Le titre s'envole bien vite vers un morceau pop-metal aux partitions de batterie absolument jouissives, qui se laisse aisément emporter par son lyrisme naïf et généreux avant de sombrer malheureusement dans une mièvrerie un peu trop appuyée dans sa deuxième partie, seul vrai dérapage de l'album. Heureusement, le dernier morceau relève allègrement la barre. "The Count Of Tuscany", du haut de ses presque 20 minutes, relate une virée cauchemardesque chez un châtelain masquant dans les combles de sa demeure de terrifiantes activités. Ici, c'est Pink Floyd et Rush qui sont remis à l'honneur au cours d'une longue introduction qui bascule ensuite sur des rythmiques thrashs asymétriques classieuses portant à bout de bras un grand refrain scandé à coup de hurlements gutturaux. Un petit tour par les rythmiques compliquées de Tool, et c'est de nouveau le Floyd que l'on retrouve sur une très longue plage synthétique en apesanteur, avant que le groupe n'embraye sur un crescendo débuté en acoustique pour se finir sur des envolées symphoniques en roue libre. Magistral, une fois de plus.

Black Clouds & Silver Linings est donc une excellente livraison, plus accessible et plus constante que celle qui l'a précédée, même si elle ne parvient pas à égaler les meilleurs élans passés du groupe. L'album confirme en tout cas les penchants heavy de plus en plus souhaités par la formation, sans pour autant laisser ses aptitudes mélodiques au placard. De plus, Dream Theater semble enfin avoir retrouvé une direction logique dans laquelle véhiculer ses allants virtuoses, et nous propose ici son album qui se rapproche peut-être le plus de l'esprit d'Images and Words. Un retour aux sources qu'il est bon de saluer, en espérant que les expérimentations plus ou moins oiseuses ne reprendront pas de plus belle lors de la prochaine fournée du combo. Enfin, concluons cette revue par une petite pensée amicale à l'égard de ceux qui exècrent le métal progressif de Dream Theater, qui conspuent son manque de spontanéité et qui raillent son côté lénifiant et pompeux : ce n'est certainement pas cet album qui leur fera changer d'avis. Ni les suivants, d'ailleurs. Alors, s'il vous plait, arrêtons là les frais : que ceux qui ont sauté du wagon en marche aillent voir ailleurs sans regret, il y a bien assez de bons disques qui sortent en ce moment pour jouer les rabats-joie. Quant aux autres, qu'on les laisse se régaler en paix.

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