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Critique d'album

Deep Purple


Made In Japan


(08/12/1972 - EMI - Hard Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Highway Star / 2- Child in Time / 3- Smoke on the Water / 4- The Mule / 5- Strange Kind of Woman / 6- Lazy / 7- Space Truckin'
Note de 4.5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Le sommet scénique d'un groupe hors norme"
Nicolas, le 31/12/2022
( mots)

La destinée d’un enregistrement ne se joue parfois pas à grand chose. S’il est de notoriété commune que Made In Japan est considéré comme l’un des plus grands albums live de tous les temps, on gardera en mémoire que le disque en question n’aurait jamais dû voir le jour si l’on avait uniquement tenu compte des désirs des gars du Deep Purple Mark II qui, d’une, se fichaient comme de l’an 40 que leurs performances scéniques passent à la postérité sur disque, et qui de deux pensaient qu’il était rigoureusement impossible qu’une vulgaire bande analogique puisse rendre justice à leurs singulières prestations face au public. Comme quoi, les premiers intéressés ne sont pas toujours les plus aptes à juger de ce qui est bon pour eux, et plus encore pour leurs ouailles.


Pour replacer les choses dans leur contexte, la sortie de Made in Japan coïncide avec la popularisation et la diffusion à grande échelle des bootlegs, ces enregistrements sauvages effectués par des fans et vendus sous le manteau avec des tirages parfois aussi conséquents que ceux de véritables albums. Ainsi, en 1970, le Get Yer Ya-Ya’s Out des Rolling Stones vise avant toute chose à contrer les ventes astronomiques du pirate Live’r Than You’ll Ever Be qui atteint un niveau technique de captation inédit pour l’époque, rendant de fait la musique live véritablement écoutable sur platine. Paru la même année, le Live at Leeds des Who se pose à l’inverse dès sa conception comme une sorte de “bootleg officiel” tant dans son approche visuelle (basique et “artisanale”) que dans sa prise de son (particulièrement crue). Pour ce qui est de Deep Purple, le staff du groupe se montre sensible à la popularité - et aux subsides - générés par H Bomb, capté le 11 juillet 1970 à Aachen en Allemagne et commercialisé sans autorisation par Virgin Records (avec à la clé un procès retentissant). Autre point à prendre en compte, la tournée japonaise du groupe en 1972 est rapidement sold-out et les nippons qui n’ont pas obtenu leur sésame insistent lourdement pour pouvoir a minima jouir d’un concert par procuration. Harcelés par leurs managers, les cinq hard-rockers finissent par donner leur accord sans grand enthousiasme, à la condition de pouvoir imposer leur propre ingé son - à savoir un certain Martin Birch, qui se fera plus tard connaître en produisant Iron Maiden - ainsi que d’avoir le dernier mot sur la qualité de l’enregistrement. En définitive, seuls Ian Paice et Roger Glover daigneront se pointer en studio afin de contrôler le rendu final, c’est dire si ce live ne fait pas grand cas à l’époque au sein de la formation.


Cet album live se concentre sur trois concerts japonais donnés en août 1972, deux au Festival Hall d’Osaka et un au Tokyo Budokan. À l’époque, le Mark II de Deep Purple vient d’atteindre son sommet tant commercial qu’artistique avec la sortie de Machine Head, magnum opus hard rock encensé par la presse et le public qui s’écoule par brouettes. On y entend un groupe en pleine osmose, ayant trouvé son équilibre instrumental avec des titres carnassiers (“Highway Star”), roboratifs (“Lazy”) ou même carrément universels (“Smoke On The Water”). Mais autant le groupe se force à se montrer concis sur album, en tout cas aussi concis que possible, autant il peut donner libre cours à ses allants d’improvisation sur scène, avec des morceaux qui se voient réinterprétés, étirés, revisités chaque soir avec moult inclusions psychédéliques et/ou progressives. Si la tracklist de Made In Japan ne comporte donc que sept titres, elle s’étale sur près de soixante-quinze minutes, soit largement de quoi remplir un double album sur vinyle. A noter que la réédition 25e anniversaire y ajoutera les “rappels”, à savoir trois titres bonus qui valent tout autant que les morceaux retenus en première intention.


Première remarque dès l’abord initial de ce monstre de la musique live, le son s’y avère bluffant - malgré un matériel procuré par la Warner jugé insatisfaisant par Martin Birch. La batterie de Paice jouit d’une impressionnante dynamique, les orgues de Lord ronronnent avec délectation et la guitare de Blackmore rugit avec maestria. Seule la voix de Gillan manque parfois de relief - il faut tendre l’oreille sur les parties apaisées de “Child In Time” - quand la basse de Glover peine un peu à surnager dans le mix et à prendre de l’ampleur. L’ensemble demeure néanmoins remarquable d’un point de vue purement technique - nous sommes en 1972, rappelons-le. Deuxième accroche, Deep Purple n’y va pas par quatre chemins et vide d’emblée ses plus belles cartouches sur l’assistance. Les sept morceaux retenus se concentrent exclusivement sur la période faste du Mark II, à savoir le triptyque In Rock - Fireball - Machine Head, avec une place de choix pour ce dernier. “Highway Star”, sans doute le pinacle de Deep Purple en termes d’efficacité, ouvre la danse avec une puissance rare subjuguée par les claviers de Lord qui a ici le droit à davantage d’espace d’expression que son collègue guitariste. Puis c’est d’emblée l’impressionnant “Child In Time” qui déploie ses atours, avec un chanteur à la stridence inégalée et un Blackmore totalement en extase dans l’un de ses soli les plus quintessentiels. Quand arrive “Smoke On The Water”, l’assistance ne peut que se retrouver totalement assommée : le concert n’en est même pas à sa moitié que les cinq anglais ont déjà remporté tous les suffrages, ouch. Mais allons plus loin.


“Smoke On The Water”, justement, parlons-en. Un riff légendaire certes, mais qui a une certaine tendance à se regarder le nombril - et, avouons-le, à nous sortir par les trous de nez à force de radiodiffusions FM ad nauseam. Il s’agit là sans doute de l’une des moins values de ce live hors-norme : à quoi bon rallonger la sauce quand l’original n’a rien ou presque à offrir une fois ses traditionnelles parties solistes achevées ? Deux-trois minutes d'écrémage n’auraient pas été de trop. On est également surpris de voir arriver “The Mule” si tôt, attendu qu’il s’agit là du temps accordé au traditionnel solo de batterie à rallonge de Ian Paice qui a essentiellement pour fonction d'autoriser les autres instrumentistes à souffler un peu et à descendre quelques bières en coulisse. Même pas une demi-heure que Deep Purple est sur scène que déjà la Mule s'égrène : étonnant, non ? Bien sûr, le titre permet à Paice de démontrer tout son talent, certes moins musculeux que John Bonham mais d’une vélocité et d’une musicalité assez remarquables. Néanmoins, la captation intégrale de ce moment fort des concerts de Purple revêt sensiblement moins d’intérêt qu’une authentique prestation live tant l’aspect visuel d’un solo de batterie revêt son importance. Là encore, on aurait presque envie de faire sauter quelques minutes à toutes ces facéties rythmiques.


Il faut toutefois reconnaître à Deep Purple un talent certain pour se diversifier et garder toute l’attention de son public à mesure que les minutes s'égrènent, en témoigne l’emblématique échange voix-guitare entre Gillan et Blackmore qui conclut la version étendue de “Strange Kind Of Woman”, ce single stand alone paru peu avant la sortie de Fireball. Idem, quand débute le colossal “Lazy”, c’est un organiste totalement possédé qui fait pousser à son Hammond des cris des plus improbables, presque électroniques par instants, au sein d’une longue improvisation qui résonne dans toute la salle, tandis que le guitariste s’accapare la suite du titre. Il n’y a plus là de concurrence ni de surenchère entre les deux hommes : l’un se pose en soutien de l’autre et vice versa, nous sommes loin des joutes belliqueuses auxquelles ils se livraient du temps de la parution d’In Rock. “Lazy” incarne à la perfection cet échange de bons procédés, avec une succession de soli intriqués qui enjolivent ce blues-rock enlevé et nerveux agrémenté d’un joli jeu d’harmonica. La fin du morceau s’avère assez étonnante, dépouillée, timide, avec un petit aperçu la Rhapsodie Suédoise d’Hugo Alven en clin d’œil de Blackmore, avant que la machine ne se relance une ultime fois. Plus gargantuesque encore, “Space Truckin” épate par l’animalité brute de ses riffs et de son refrain rageur avant de basculer dans la déréalisation avec un groupe en totale roue libre, soli orientalisants de synthétiseur, cavalcade de batterie, trips glauques à la Stratocaster, un joyeux bordel qui vire au shoot d’héroïne confinant presque au sommeil agité - là encore, il faut vraiment tendre l’oreille pour suivre les délires psychédéliques de Blackmore - bien sûr avant un final en apothéose, grondant et pétaradant comme jamais. Un peu longue tout de même, cette coda met en lumière une formation exceptionnelle qui s’exprime dans toute sa symbiose.


Pour ce qui est des rappels, on vous conjure d’y jeter une oreille des plus attentives. Si “Black Night” ne brille de prime abord pas davantage que sa version single standalone - pas folichonne, faut-il le souligner -, cette version live se révèle autrement plus musculeuse et habitée, et ce indépendamment de ses superbes ajouts solistes centraux. “Speed King”, la frondeuse introduction d’In Rock, n’apparaît pas non plus spécialement plus intéressante que son pendant album (on a un peu l’impression d’entendre le brouillon inachevé d’ “Highway Star”), mais c’est sans compter son ajout central des plus saisissants, hallucinant d’aisance technique, avec un chanteur qui se balade sur la guitare comme s’il rebondissait sur les cordes. On suppute là un certain jeu corporel scénique auquel on ne peut malheureusement pas communier. Dernier plat au menu, “Lucille” voit Deep Purple se frotter au standard rock n’ roll de Little Richard avec une interprétation subjuguante qui doit beaucoup à la verve vocale de Ian Gillan, lequel habille totalement son sujet tandis que l’énergie déployée par toute l’équipe saisit par son incarnation. Bien plus que des bonus, donc.


Made In Japan se pose non seulement comme l’une des plus immenses captations live de hard rock jamais commises - meilleure, à mon sens, que Alive! de Kiss ou The Song Remains The Same de Led Zeppelin, mais aussi comme l’un des meilleurs album live de tous les temps aux côtés du Live At Leeds de The Who, carrément. Si la Trinité In Rock - Fireball - Machine Head expose par le détail le discours si singulier du quintette de Londres, c’est Made In Japan qui en constitue l’application pratique, l’extension vivante et indélébile. Le témoignage d’un groupe qui, alors et pour une très courte période encore, règne sans partage sur le petit monde du rock n’ roll. Forcément culte, et forcément immanquable.


 

Avis de première écoute
Note de 5/5
Deep Purple offre un concert anthologique. Morceaux cultes et solos dantesques font de cet album live, la référence en matière. Impossible de ne pas se laisser embarquer par les maitres sous-estimés d'un hard rock jouissif. A la performance hors norme du groupe s'ajoute la prouesse technique de l'ingénieur du son ayant réussi à capturer ce fameux show sur un simple master quatre pistes. Les dieux étaient avec eux ce jour là. Les nôtres sur scène...
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