Budgie
Squawk
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1- Whiskey River / 2- Rocking Man / 3- Rolling Home Again / 4- Make Me Happy / 5- Hot as a Docker's Armpit / 6- Drugstore Woman / 7- Bottled / 8- Young Is a World / 9- Stranded
Penser qu’une illustration de Roger Dean sert forcément de panneau signalétique progressif quand elle est utilisée comme pochette d’album revient à commettre une erreur. En effet, le dessinateur a prêté son imagination débordante à des groupes aussi variés que Gun à la fin des années 1960, Osibisa et sa musique à mi-chemin entre le jazz-rock et l’afro-pop, ou encore Budgie, porte-drapeau du hard-rock gallois durant les 1970’s.
Leur collaboration commence avec leur second opus, Squawk, quand Dean transforme la perruche en avion de chasse tombant à pic devant un fond aussi épuré que l’était la pochette de Close to the Edge la même année.
Le trio infernal avait ouvert sa discographie en fanfare en 1971 avec un premier album véritablement Heavy, aussi groovy que bluesy, et un chant particulier et aigu, dans la veine de Robert Plant ou plus tard, Geddy Lee. Dans le petit monde du Hard-rock, Budgie parvient à maintenir ses racines bien irriguées tout en propulsant cette esthétique vers une épaisseur jusque-là rarement atteinte.
"Rocking Man" illustre parfaitement la touche Budgie, à la fois très hard-rock mais flegmatiquement blues, multipliant les variations sur sa partie instrumentale. Il en va de même pour "Whiskey River", "Drug Store Woman" : si l’on se situe dans du hard-rock classique, les riffs sont toujours très bien pensés, les soli hyper soignés, et le rythme, mon dieu, est toujours un peu funky, sautillant ... A ce titre, laissez-vous porter par "Hot as a Docker’s Armpit", un morceau légèrement plus saignant, novateur dans sa lourdeur très cadencée, remarquable par sa transition beaucoup plus véloce pour le solo. Cette alliance entre riffs ultra-Heavy, soli intempestifs et rythmique léchée explique la postérité du combo dans la scène Metal. Ainsi, "Stranded" nous envoie immédiatement un solo virtuose, puis rugit comme du proto-Motörhead, notamment dans sa seconde partie tapageuse, pour presque devenir un tube heavy.
Seulement, Budgie nous rappelle souvent qu’on reste dans les 1970’s, en livrant "Bottled", un petit exercice de bottleneck comme son nom l’indique. Ils tentent également une pièce entre la folk et la pop des Beatles, "Rolling Home Again", très british et loin d’être loupée, sorte d’apéritif avant "Make Me Happy" aux mélodies légèrement hispanisantes, faisant parfois penser aux morceaux les plus doux et éthérés d’Uriah Heep. D’ailleurs, "Young Is A World" étale sur huit minutes une ballade progressive avec ses arpèges introductif et son mellotron, en opposition avec des parties heavy-prog’ quand arrive la guitare – c’est un titre assez long qui manque un peu de relief malgré ce contraste.
Pour Budgie, Squawk est un peu l’album de la confirmation : ils brillaient dès la première production, et nous savons désormais que ce n’était pas un coup de chance. Il faudra pousser un peu la machine afin de composer un chef-d’œuvre : pour cela, rendez-vous en 1973.
A écouter : "Rocking Man", "Hot as a Docker’s Armpit"