Brant Bjork

Même si, fuyant le tumulte de sa Californie originaire, Brant Bjork a désormais basé ses quartiers à Barcelone, ville plus en accord avec la vie insouciante qu’il entend bien poursuivre, le lascar n’en continue pas moins d’alimenter sa discographie avec un zèle stakhanoviste. Aussi, moins d’un an après un Somera Sol mitonné en compagnie de ses Bros, Mr. Cool déboula au printemps dernier avec Punk Rock Guilt, huitième opus solo. On ne se plaindra pas de cette suractivité constante, tant l’excellent Somera Sol montrait l’ex-batteur de Kyuss et de Fu Manchu au meilleur de sa forme.

Punk Rock Guilt se place dans la catégorie des albums de transition, BB en proposant un quasiment un coup sur deux (Local Angel, Tres Dias), exhumant d’anciennes démos non utilisées (datant ici de 2005, à l’époque de l’enregistrement de Saved By Magic) auxquelles se greffent quelques nouvelles compositions. Que ceux qui se montrent inquiétés par le titre du disque se rassurent. Non, le bonhomme n’a pas viré de bord pour verser dans le punk-rock acnéique matraqué par MTV mais retrouve le pseudonyme dont il s’était affublé lors d’un titre de son premier album ("Low Desert Punk", nom de son nouveau label). Fidèle à son socal rock agrégeant desert rock, rock 60’s/70’s, funk et heavy blues, Bjork a conçu le disque selon la sacro-sainte idéologie Do It Yourself, réalisant seul les parties de batterie, guitare, basse et chant.

Lourdement encadré par deux longues pièces de plus de 10 minutes, hypnotiques et reptiliennes (les meilleures de l’album), Punk Rock Guilt s’impose comme un disque de jam, avec des parties instrumentales prolongées à foison, des tentatives plus ou moins accomplies. Fatalement, l’ensemble manque un peu de cohérence, même si on reste dans les bornes strictes d’un genre que Bjork explore depuis 10 ans. On ne sera donc nullement surpris par ces 8 plages, espèce de catalogue des fondamentaux jalonnant sa carrière solo : art du tempo laid back qui donne envie de faire taper de la tong où les soli se lovent dans un épais tapis de guitares langoureuses ("Shocked By The Static", "This Place (Just Ain’t Our Place)"), titres péremptoires sur lesquels l’américano-cherokee impose sa sentence à grand renfort de spoken-words couplés à des riffs aussi sommaires qu’efficaces ("Dr. Special", "Punk Rock Guilt", beau moment de rock’n’roll too cool for the school) et plages plus intimistes ("Born To Rock"). Autant de morceaux qui n’auraient pas dépareillé sur Somera Sol, Keep Your Cool ou Saved By Magic. Seul "Plant Your Seed" semble condamné à ne rester qu’une démo de seconde zone.

Expérimenté cet été en plein Paris pluvieux, le charme irradiant de Punk Rock Guilt agit à plein, aussi solaire que sa pochette est sombre. Sans tutoyer les sommets, ce disque constitue un parfait rempart contre le froid automnal qui nous cueille en ce début octobre.