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Critique d'album

Amplifier


Trippin With Dr Faustus


(30/06/2017 - Autoprod - Post Prog / Space / Shoegaze - Genre : Rock)
Produit par Sel Balamir

1- Rainbow Machine / 2- Freakzone / 3- Kosmos / 4- Big Daddy / 5- Horse / 6- Anubis / 7- Supernova / 8- Silvio / 9- Old Blue Eyes
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Ne vous fiez pas à l'immonde artwork de Trippin' With Dr Faustus : ce trip-là vaut un vrai détour."
Nicolas, le 01/08/2017
( mots)

"Dans Faust, la pièce de Goethe du 19ième siècle, le protagoniste éponyme vend son âme afin de connaître le succès sur terre. Vu à quel point les alt-proggers d’Amplifier s’avèrent sous-estimés, ils n’ont à l’évidence jamais passé un tel pacte”. Un peu d’humour n’ayant jamais fait de mal à personne, on sourira à ce paragraphe d’ouverture de la critique de Trippin’ With Dr Faustus parue dans Kerrang! et on essayera par tous les moyens de faire preuve d’indulgence pour le mauvais goût atroce des mancuniens en termes visuels. Avouez qu’on a difficilement commis pire artwork pour un disque - je crois qu’on tient là le pompon du genre -, même si le délire extraverti et ouvertement outrancier de la pochette est à mettre en balance avec le côté potache et gentiment azimuté que Sel Balamir ne cesse de vendre à ses ouailles depuis des années, à grand renfort de newsletters barges et de punchlines tellement ringardes qu’elles en deviennent savoureuses.


“Synchronisé pour coïncider avec la fin du monde” dixit ses géniteurs, Trippin’ With Dr Faustus signe surtout le grand retour d’Amplifier aux affaires après un Octopus magistral et dont on a encore du mal à se remettre. Enfin “on”, c’est un bien grand mot, car à part Kerrang! ou Classic Rock, tout le monde se fout comme de l’an quarante de ce groupe aimant autant le gros son que les ritournelles à tiroirs, les élucubrations à la fois sabbathiennes, whoiennes et yessiennes. Toujours est-il qu’après le travail titanesque demandé par le double album à la pieuvre, Sel Balamir avait exprimé le besoin viscéral de prendre des vacances, entendez par là d’enregistrer des disques dilettantes qui lui permettent de souffler un peu. Ce fut chose faite successivement avec Echo Street, sa fable anglaise nostalgique, puis Mystoria, son éloge du grunge intello. Deux disques déjà en jachère au début de la décennie et qu’il a eu loisir d’achever à son rythme et sous deux labels distincts (Kscope et Superball) histoire d’éviter d’avoir à tout gérer en même temps, musique, enregistrement, production, mixage, artwork, édition, distribution et tout le toutim. Car oui, Amplifier fait tout tout seul, ou du moins l’a fait pour son poulpe étalon. Et voilà que l’effectif remet aujourd’hui le couvert intégral via bandcamp après avoir pleinement intégré Steve Durose - rescapé du naufrage d’Oceansize - en second guitariste et Alexander "Magnum" Redhead à la basse. Les mancuniens se chargent à nouveau de toute la chaine visant à commercialiser leur nouveau rejeton, et si la bimbo à lunettes plaquée sur jaune fluo pique légèrement plus l’oeil que la gracieuse pieuvre diaphane incrustée sur fond anthracite, nul doute que le filiation entre les deux disques apparaît évidente.


À ceci prêt que Trippin’ With Dr Faustus se montre d’emblée crâneur et totalement décomplexé. À l’évidence, Sel Balamir se cogne désormais totalement de devenir une rock star adulée dans les stades du monde entier. Jamais il n’a à ce point assumé sa personnalité musicale et son appétence pour la science fiction loufoque, un mélange qui transparaît de façon on ne peut plus évidente sur le single “Kosmos (Groove Of Triumph)”, avec ses boucles de synthé d’extra-terrestres et ses riffs pachydermiques : on se retrouve d’emblée embarqué à bord d’une navette stellaire lancée à l’assaut de quelque léviathan intersidéral, le tout en ayant ingurgité notre content d’acide, un sourire béat aux lèvres et un walkman vissé sur les oreilles, la molette du son poussée à son maximum. Les paroles absconses font écho aux rimes azimutées, Balamir imprimant toujours à son chant assurance, chaleur et exaltation tout en second degré. C’est puissant, trippant et suffisamment pertinent pour emporter l’adhésion. En l’état, Trippin’ With Dr Faustus remporte surtout la palme de l’album ayant le plus gros son de l’année. “Rainbow Machine”, à ce compte-là, peut s’appuyer sur un riff impressionnant, du Black Sabbath à l’ancienne pur jus, lourd, brutal et plantureux, un véritable modèle du genre. Un riff si réussi qu’il transporte à lui seul l’ensemble du morceau qui prend ses aises sur plus de six minutes, se gargarisant de fuzz gras et de réverb’ jouissive, subjugué par le toujours aussi indispensable batteur Matt Brobin, un type qui gagnerait véritablement à être connu tant sa frappe millimétrée fait des ravages en toute occasion. Une fois que vous aurez écouté ces deux morceaux, vous aurez un bon aperçu de ce sixième LP du désormais carré de Manchester : un pur concentré de rock jouissif, aimant à jouer avec ses pédales d’effet, frimeur mais aussi un peu cérébral sur les bords. Amplifier soigne son retour, et c’est le moins qu’on puisse dire.


D’autant que la qualité ne faiblit pas et que la variété est désormais de mise, en témoigne quelques artifices savamment mis à la disposition de nos esgourdes : ligne de quatre cordes éléphantesque et majestueuse (“The Commotion (Big Party Maker)”, voix féminine affirmée et mesure arythmique siphonnée du bulbe (“Big Daddy”), basse stratosphérique et saisissant jeu de feedback tout en respirations et attentes (“Horse”, fantastique Brobin ici encore), trip psychédélique spatio-temporel en apesanteur avec refrain apocalyptique (“Supernova”). Même le triton de Tony Iommi se voit joliment - et irrévérencieusement - revisité dans un “Old Blue Eyes” galactique terminal du plus bel effet, sans parler d’un “Silvio” élevé à la wah wah qui revisite avec bonheur une progression de power chords instables qui ont déjà fait les beaux jours d’Insider. Mais Amplifier sait aussi trousser des morceaux sidérants de virtuosité et de progressivité mélodique : “Freakzone” est à ce titre leur morceau certainement le plus réussi et abouti à ce jour, superbement enchaîné de surcroît au pénétrant “Rainbow Machine”. Plus encore sur un disque aimant tellement à se gargariser de son heavy, Balamir surprend avec “Anubis”, balade acoustique tendue dans la pure tradition d’un “Paranoid Android”, émouvante et chavirante de beauté. Vous l’aurez compris, Trippin’ With Dr Faustus n’aura absolument aucun mal à vous embarquer dans son délire, car au-delà d’un décorum sympathiquement outrancier, c’est à un saisissant voyage sonique et intellectuel que vous convie Amplifier, signant non pas son meilleur disque (The Octopus apparaissant nettement plus colossal) ni même son second meilleur (Insider remportant de peu les suffrages de sa jeunesse), mais son troisième meilleur, un disque qui vous tiendra en tout cas en haleine de longues semaines durant, voire même bien davantage. Adeptes de gros son, de rock cossu et de personnalité jovialement atypique, Amplifier est fait pour vous. Dès lors, vous fermerez bien les yeux sur le pire artwork du monde, non ?

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