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Critique d'album

Arcade Fire


Everything Now


(28/07/2017 - Sonovox, Columbia - Rock indie baroque - Genre : Rock)
Produit par Arcade Fire, Thomas Bangalter, Geoff Barrow, Markus Dravs, Eric Heigle, Steve Mackey

1- Everything_Now (Continued) / 2- Everything Now / 3- Signs Of Life / 4- Creature Comfort / 5- Peter Pan / 6- Chemistry / 7- Infinite Content / 8- Infinite_Content / 9- Electric Blue / 10- Good God Damn / 11- Put Your Money on Me / 12- We Don't Deserve Love / 13- Everything Now (Continued)
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"À force de vouloir tout et tout de suite, les canadiens jouent la facilité"
Nicolas, le 07/08/2017
( mots)

Il fallait bien que ça arrive un jour. Alors qu’Arcade Fire poursuivait une ascension vertigineuse après un démarrage tambour battant dans le milieu indie (Funeral - Neon Bible) et un virage mainstream aussi pointu que fédérateur (The Suburbs - Reflektor), voilà que le collectif canadien vient de commettre son premier faux pas. Pas un faux pas irrattrapable, fort heureusement, et pas un loupé sur toute la ligne, mais un sacré écart de conduite, une belle grosse tâche dans une discographie jusqu’ici impeccable. Il s’en sera donc fallu de ce Everything Now qui, déjà à l’écoute de ses quelques singles d’expositions, n’avaient pas manqué de susciter l’inquiétude. Une semaine après avoir essoré l’album à grands renforts d’écoute répétées, le verdict tombe : Arcade Fire n’est plus ce groupe irrésistible que l’on connaissait, un groupe à qui rien n’était impossible.


On aurait d’emblée tendance à incriminer le côté mainstream de la galette, son dance-rock gigotteur et sa collection de co-producteurs superstars : Thomas Bangalter (l’une des moitiés de Daft Punk), Geoff Barrow (l’âme de Portishead), Steve Mackey (bassiste de Pulp) en plus des habituels Markus Dravs et Eric Heigle. À vrai dire, on pourrait facilement se laisser berner par cet attrape couillon pour critiques paresseux, sauf que Reflektor était déjà tout aussi pop, dansant et accessible, eh oui. On pourrait imaginer que les canadiens ont ici délaissé leur critique sociétale pour nous livrer à un album vain, vide de sens, mais ce n’est pas le cas. Everything Now conspue encore et toujours la société humaine moderne, ivre de matérialisme et qui crève de sa vacuité intellectuelle, de son consumérisme et de son absurde quête d’un bonheur superficiel. Satisfaction capricieuse de nos moindres désirs (“Everything Now”, difficile de faire plus explicite), contemplation égotique de nos imperfections physiques (“Creature Comfort”), répétition absconse de comportements festifs déconnectés du réel (“Signs Of Life”)... Win Butler n’a rien perdu de son regard acerbe sur le monde qui l’entoure et signe une collection de morceaux qui, sous un verni clinquant et remuant, égratignent et célèbrent tout à la fois la jeunesse moderne, adoptant une posture aussi clinique que désabusée. Donc le problème n’est pas là. Alors quoi ? La qualité des arrangements serait-elle en berne ? Même pas. Avec la même équipe de zicos talentueux et passionnés, on peut toujours scruter avec passion la kyrielle de détails, de nuances, de micro-changements qui émaillent chaque titre et qui leur offrent un supplément d’âme et de longévité.


Le problème réside en fait dans le fondement même des morceaux : l’inspiration et le songwriting. Si un air s’avère banal, vous aurez beau l’agrémenter de textes futés, d’atours instrumentaux chiadés et y instiller toute l’énergie possible, il ne dépassera jamais le niveau du plancher des vaches. Là se situe l’enjeu de la critique de ce disque qui peine à passionner outre mesure : les chansons ne sont globalement pas engageantes et encore moins marquantes. “Everything Now” avait annoncé la couleur : majeur, solaire, il ne peut se départir d’une certaine niaiserie, d’un côté mièvre et racoleur, d’une tendance à surjouer la ritournelle un peu bébète. Autant dire qu’à côté des deux précédents morceaux éponymes du groupe, “The Suburbs” et “Reflektor” qui avaient eux aussi pour mission de porter leur album, “Everything Now” fait pâle figure, et ce ne sont pas les intro et outro qui lui sont affiliées qui changeront quoi que ce soit à l’affaire. Le souci se retrouve sur “Creature Comfort”, sympathique mais doté d’un refrain bien pauvre qui tient en définitive sur quatre notes (vous pouvez vérifier), et surtout sur le duo redondant des “Infinite Content”, l’un agité et punky, l’autre indolent et country, qui frôlent le niveau zéro de l’écriture. Pire, “Peter Pan”, plus élaboré mélodiquement, se montre tellement à côté de la plaque qu’il s’avère totalement raté. Ailleurs, ce sont certains gimmicks qui agacent, comme ce côté Mylène Farmer minaudeuse de Régine Chassagne sur son seul lead vocal, un “Electric Blue” par certains côtés grisant dans son onirisme mais fatiguant dans ses répétitions. C’est d’ailleurs lorsque le niveau d’écriture flanche que les tics les plus éculés d’Arcade Fire transparaissent le plus cruellement, cette tendance qu’ils ont d’abuser de loops mélodiques et de tourner autour, auparavant avec force inventivité et pertinence, aujourd’hui avec une certaine paresse.


Mais tout n’est pas à jeter sur cet Everything Now, fort heureusement ; on y retrouve même de très bons morceaux. “Chemistry”, avec son reggae qui se change en heavy blues sur le refrain, tape dans le mille même si son traitement apparaît beaucoup plus racé en live. Et plus globalement la fin de l’album, moins m’as-tu-vue, rattrappe son entame en berne avec des titres saisissants comme le très cool “Good God Damn” et sa ligne de basse maligne, l’étrange “We Don’t Deserve Love” avec ses montées et descentes inquiétantes de synthés et son refrain conquérant, et surtout le superbe “Put Your Money On Me”, haletant, intelligent, brûlant et pour le coup redoutablement pertinent après une installation tendue et faussement indolente. Un titre qui nous rappelle à quel point Arcade Fire peut exceller dans son art et qui, mis en perspective avec les loupés de cette livraison, nous laissent comme un goût d’immense gâchis dans la gorge. Si l’on peine à détester Everything Now, cela ne suffit nullement à en faire un grand disque comme le furent ses prédécesseurs. Espérons que les canadiens tireront autant de leçons de cet échec - car oui, toutes proportions gardées, c’en est un - qu’ils en ont tirées de leurs précédents triomphes. En définitive, au stade où ils en sont, peut-être ont-ils besoin de se heurter à un authentique accueil au vitriol pour pouvoir rebondir et continuer à progresser et à se sublimer. À l’heure où ces lignes sont écrites, on peut d’ores et déjà affirmer qu’ils ont engrangé suffisamment de pamphlets pour pouvoir se morfondre et s’apitoyer pendant une bonne poignée d’années. Espérons que cette phase de purgatoire leur sera salutaire, car dans le cas contraire, et malgré des capacités live toujours aussi phénoménales, on ne donnera plus cher de l’arcade de feu...

Note de 3.0/5 pour cet album
"Everything... tomorrow ?"
Clément, le 05/08/2017

Peu de groupes peuvent autant se targuer de mettre tout le monde d'accord (critique et public) avec 4 albums consécutifs. Du coup forcément, quand le collectif de multi-instrumentistes canadiens annonce un successeur au fabuleux Reflektor, ça fait du bruit et ça génère des attentes. Et après une comm' très agressive, voilà que la galette est présente chez tous les disquaires ainsi que les plateformes de streaming. Du coup, verdict ?

 

Le contexte :

_Produit entre autres par Thomas Bangalter de Daft Punk, Steve Mackey de Pulp (M.I.A, Florence + The Machine), Markus Dravs (Florence + The Machine, Kings of Leon, Maccabees, Coldplay) et Geoff Barrow du groupe Portishead.

_Sorti le 28 Juillet 2017 chez Sonovox Records et Columbia Records

_Arcade Fire est un groupe d'origine indépendante qui collabore aujourd'hui avec des majors pour la force de frappe, ce qui est plutôt une très bonne chose car dans ce genre de scénario, le groupe jouit généralement d'une liberté artistique absolue.

_L'album a profité d'une communication très agressive. Je reviens d'un week-end à Londres et il y avait littéralement des affiches partout. Sans compter que déjà 3 clips ont été publiés en moins de 2 mois de temps depuis le 1er single.

_Le groupe avait déjà frappé très fort avec Reflektor en conquérant à la fois la sphère mainstream en se faisant remarquer aux Grammy Awards entre autres (ça vaut ce que ça vaut) et les spécialistes en déchaînant les critiques dans le bon sens du terme. D'ailleurs Albumrock l'avait classé N°3 des sorties de 2014.

Mais en ce qui concerne Everything Now, je ne suis pas convaincu.

 

Les + :

_Certaines mélodies sont très efficaces et très bien trouvées ("Signs of Life", "Good God Damn", "Put Your Money On Me")

_Une formule générale Arcade Fire qui frappe à la première écoute quoiqu'il arrive. "Put Your Money On Me" va vous trotter dans la tête, c'est un fait. Et la complémentarité des voix du duo Win Butler/Régine Chassagne marche toujours aussi bien.

_Une idée initiale d'approche plutôt originale sur le "contenu infini" avec le système de loop. Mais...

 

Les - :

_L'approche "Infinite Content" et le principe de la boucle sont un peu là pour excuser le manque d'inspiration. Tous les morceaux tournent autour d'une même idée répétée en boucle (ex : le titre "Infinite Content" répétée dans 2 approches différentes)

_Gros manque de fond sur l'album qui le rend très vite lassant. La 3ème écoute devient déjà difficile. Ce qui paraît très loin de l' "infini" promis par les canadiens

_Le "na-na-na-na" du refrain d' "Electric Blue" à vous taper la tête contre le mur.

 

Conclusion :

Quel dommage ! Everything Now apparaît comme un disque bâclé par un groupe qui nous avait habitué à un véritable travail d'orfèvre sur ses précédents opus. Mais le pire c'est qu'il est difficile de qualifier ce 5ème album de mauvais disque, car la première écoute s'avère tout de même très accrocheuse et vous risquez de vous surprendre à ne pas vous sortir de la tête certains passages. Pour ma part ça a été "Put Your Money On Me". Alors oui, Everything Now n'est pas un mauvais disque mais ce n'en est pas un bon non plus. Et de la part d'Arcade Fire... ça fait chier.

Mais de là à dire que c'en est fini pour eux il y a un pas que je n'oserai pas franchir. Nicolas vous avez déjà offert un discours dithyrambique sur leur prestation aux Vieilles Charrues que je vous invite à aller voir pour vous faire une idée du phénomène. Arcade Fire reste l'un des groupes les plus intéressants de la décennie. Et s'il faut tolérer un accident de parcours pour un nouveau chef d'oeuvre alors soit. Mais les gars, une fois pas deux.

Commentaires
afterthegoldrush, le 16/08/2017 à 10:49
"Arcade Fire, c'était mieux avant !" Ainsi peut-on résumer la plupart des chroniques de ce nouvel album. On leur reproche le choix de s'orienter vers le mainstream, vers la facilité...et là, je ne suis pas d'accord ! Est-ce facile d'écrire une pop song ? Non, et je trouve personnellement que cet album regorge de tubes...AF s'amuse à brouiller les pistes avec un début très dancefloor...et une fin plus dans la lignée de ce qu'on attend d'eux. Je reconnais néanmoins que ce disque souffre d'un ventre mou...peter pan et chemistry sonnent comme des faces b, quant à Infinite Content, c'est au mieux un interlude, au pire une mauvaise blague. Je persiste et signe qu'Everything Now est un bon disque qui ne fait du tout tâche dans leur excellente discographie. C'est un disque dans l'air du temps (malheureusement ?) et je m'attends à ce qu'on fasse le même procès au nouveau QOTSA...bises à tous et n'oubliez pas...rock on !