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Critique d'album

Air


Le voyage dans la Lune


(06/02/2012 - EMI France - Electro - Genre : Autres)
Produit par

1- Astronomic Club / 2- Seven Stars / 3- Retour sur Terre / 4- Parade / 5- Moon Fever / 6- Sonic Armada / 7- Who am I Now ? / 8- Décollage / 9- Cosmic Trip / 10- Homme Lune / 11- Lava
Note de 3/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"L'Air de rien..."
Louis N, le 08/03/2012
( mots)

Les versaillais étiquetés French Touch posent à nouveau le pied sur l'astre du soir à l'occasion d'une énième collaboration cinématographique. Le voyage dans la lune est en effet la b.o de l’œuvre éponyme, de retour en salle en version colorisée. Ne nous mentons pas, l’œuvre de Méliès fait aujourd'hui partie de la grande nébuleuse du cinéma d'auteur, qu'on ne connaît que de nom, histoire de ne pas paraître parfaitement inculte. Laissons donc aux cinéphiles le soin de juger de l'opportunité de cette bande son par rapport au film de 1902. Il faut cependant considérer qu'Air se lance dans un exercice de style particulier : les deux comparses répondent à des contraintes artistiques spécifiques. Facteur essentiel, qu'on ne doit pas perdre de vue lors d'une écoute indépendante. Les contraintes temporelles et thématiques inhérentes à la fonction illustrative de la b.o fixent un cadre de composition au groupe. Passé ce caractère formel, Dunckel et Godin évoluent à l'air libre : aucun point de comparaison n'encombre leur création, l'œuvre originale appartenant au cinéma muet.

Entre douceur psychédélique, rêverie éthérée et euphorie naïve, Le voyage dans la Lune rompt pour partie avec la tendance amorcée depuis Pocket Symphonies. L'électro sophistiquée, sobre et froide, est mise à distance au profit de la chaleur qui animait "Playground Love". Sans se défaire de la richesse du design sonore auquel il était parvenu, le duo réinvestit des sonorités plus électriques qu'électroniques, qui conduisent l'album vers la pop psychédélique. Les timbales d'"Astronomic Club" donnent la cadence à un album en perpétuelle suspension. L'influence du thème lunaire est ainsi frappante : chaque note se déploie dans un mouvement ample et lent. La fin du morceau confirme d'ailleurs la dimension "concept-album" du Voyage dans la lune, ici soulignée par la proximité de ton avec Histoire de Melody Nelson de Serge Gainsbourg. Comme souvent avec Air, il faut une certaine patience pour saisir ce que ces boucles planantes peuvent avoir de poétique, à tel point qu'on pourrait reprocher aux versaillais de délayer un brin. Ainsi, "Seven Stars", tantôt grave et menaçant, tantôt léger et mélancolique, n'échappe pas au défaut sus-mentionné, plombé par des couplets nasillards et une mélodie tartinée sur toute la longueur du morceau. Seul un pont inspiré, hommage à la conquête spatiale, sauve le titre de l'ennui total. Après "Retour sur Terre", transition sans véritable intérêt, "Parade" redresse admirablement le tir. Transcendé par des chœurs aériens, ciselé par des interruptions électros joueuses, "Parade" nous réconcilie avec un groupe dont on craignait qu'il ne se prenne trop au sérieux. Réminiscence nostalgique de l'innocence des débuts du duo, "Moon Fever" tend également vers un retour à la fraîcheur passée, mais reflète malgré lui le manque d'inspiration dont souffre globalement Le voyage dans la Lune. Le titre se traîne avec peine, englué dans la monotonie monomaniaque d'une ritournelle à jamais répétée.

Air se reprend immédiatement avec "Sonic Armada", qui, lancé dans un rodéo lunaire aux accents funk, se révèle d'une redoutable efficacité. Ludique, le morceau dévergonde l'odyssée spatiale versaillaise. La superposition entre flûtes et basse groovy laisse le champ libre à un synthétiseur débridé, probablement cousin des orgues Hammond d'antan. Ce dernier se perd alors en solos enivrés au rythme d'une guitare tranchante. Le son de la six cordes, ajouté à la basse ronronnante et à la batterie étouffée, rappelle l'influence déjà mentionnée de Melody Nelson. "Who am I Now ?" se demande Air. Nous aimerions nous aussi le savoir, car les années lumières qui séparent une composition d'une autre ont en effet de quoi laisser perplexe. Après ce titre, on ne pourra que remercier Dunckel et Godin pour avoir contribué à la connaissance du vide. Le groupe se fourvoie dans une comptine estropiée, chantonnée dans un franglais cacophonique. Suit "Décollage" : long à démarrer en dépit de son caractère déjà succinct, le morceau ne peut être jugé faute de matière. "Cosmic Trip" en vient à nous faire douter de ce que le duo a encore dans le ventre, tant il s'éternise en platitude. 4 minutes arides, pendant lesquelles rien, exceptée des voix vocodées, ne brise la mécanique indigente du morceau. On passe sur "Homme Lune", dont la brièveté (27 secondes) justifie à peine qu'on lui ait attribué un nom et une piste. Reste le très Floydien "Lava", point fort de l'album, qui se distingue par son lyrisme nonchalant, marqué au sceau de l'apesanteur. Bâtit sur le contraste entre l'indolence des nappes de son thème principal et l'exotisme d'un banjo, "Lava" laisse l'impression d'une divagation nonchalante, véritable mélopée cosmique.   

Le voyage dans la Lune navigue donc entre deux eaux : tandis qu'on retrouve par intervalles la fraîcheur des origines, la majorité des 11 compositions se caractérise toutefois par sa pauvreté. Il s'agit d'un album en montagnes russes, alternance de déceptions et de bonnes surprises. C'est bien lorsqu'ils retrouvent l'audace de leurs débuts que les deux comparses décollent, comme sur "Parade", "Lava" et "Sonic Armada". Sans quoi ils s'enfoncent dans une vacuité inquiétante, pressentie lors des opus précédents. Air n'a hélas pas pris assez de risques, mais on voit poindre avec espoir, comme une étoile lointaine, la lueur du renouveau.

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