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Interview The Duke Spirit : L'Esprit et les Lettres


Claude, le 20/10/2011
Sur son nouvel album Brusier, Duke Spirit, a peaufiné un son qui, mêlé à la voix incantatoire de Leila Moss, installe un climat d'inéluctabilité sinistre sous couvert de cette perfide ambiguité que véhiculent les textes abrasifs, mais toujours articulés, de la chanteuse. Il est dommage alors qu'elle soit aux abonnés absents pour une promo confiée à quelques uns de ses musiciens aux discours plus "techniques" mais lisses et convenus.


Après Neptune et son titre très aquatique, Bruiser semble s'aventurer dans un nouvel environnement.
Olly (batterie) : Bruiser est ce personnage , un bélier, qui figure sur la couverture. Il a à voir avec l'attitude dans laquelle nous nous trouvions à l'époque. Josie Willie s'occupe de nos pochettes, , et celle-ci parle d'elle-même.

Elle a pourtant une portée symbolique.
Luke (guitare) : C'est un animal très britannique et, pour nous, il y a une démarche un peu ironique à le faire figurer ainsi sur la pochette. Il vous regarde fixement et vous donne envie de le prendre dans vos bras ; en même temps il est capable de violence inouïe. Je crois qu'il évoque assez bien la nature de nos compositions, à la fois intimes et percutantes. C'est un animal qui a un caractère dur mais qui est aussi capable de douceur.

Les textes sont d'ailleurs toujours dans l'équivoque.
Luke : Comme Leila les écrit, il nous est toujours difficile de les évoquer. Nous les percevons de la même manière que vous. Elle écrit de façon sincère mais stylisée car elle s'inscrit dans une tradition poétique.
Olly : Chez elle tout est toujours codé ; il est souvent ardu de savoir à quoi ou à qui elle fait référence d'un point de vue personnel. Tout ce que je sais que cela dépeint une réalité différente et que ça rejaillit immanquablement sur nous.
Luke : La musique s'adapte alors à cela car ce qu'elle raconte vous interpelle et vous inspire.
Olly : C'est une écriture très British, plus David Bowie que Bruce Springsteen. (Rires)

Vous évoquiez le son du disque, comment en avez-vous approché les textures ?
Olly : Je crois que nous l'avons clarifié, moins dense pour faire mettre en valeur les passages plus tendus par la distortion.
Luke : Nous nous sommes efforcés d'être plus organiques, de faire en sorte que chaque note, chaque phrase compte plutôt que d'agir comme s'il s'agissait d'action painting.
Olly : Il fallait prendre le temps de dresser un tableau qui dise quelque chose même si les coups de pinceaux semblent hasardeux. Il s'agissait d'être plus créatifs avec l'instrumentation ; démarrer a cappella, puis introduire des percussions, etc. C'est un peu l'école du "less is more".


Cette simplicité donne aussi plus d'importance aux vocaux et aux "lyrics".
Olly : Ça n'a pas été délibéré, de toutes façons les textes sont cryptiques. "Villain" en est un exemple flagrant : c'est une ballade chaloupée assez puissante en terme de paroles et il fallait lui donner de l'espace pour que celles-ci s'imprègnent.
Luke : Durant les "démos" nous avons toujours fait attention à ne pas surjouer pour, justement, ne pas interférer avec elle. On peut avoir la tentation d'accompagner quelque chose en augmentant l'intensité et nous nous sommes employés à ne faire qu'accompagner, soutenir…

Sur une ballade c'est plus aisé quelque part.
Olly : Je ne sais pas. On ne dissèque jamais en nous demandant si c'est bien ou pas. Tout est affaire de ce que vous ressentez quand vous vous regardez et au moment de démarrer. Sur ce morceau, nous savions qu'il allait impacter.

Enregistrer à Los Angeles c'est presque du contre-emploi, non ?
Luke : On avait déjà enregistré à Londres avec Rich File. Nous avions déjà réalisé 9 ou 10 titres mais nous n'étions pas réellement satisfait de la façon dont ils sonnaient. Il y a toujours un grand écart entre les idées et leur concrétisation. Nous avons donc envoyé quelques "démos" à Andrew Scheps pour avoir son avis. Nous savions qu'il voulait encore travailler avec nous et qu'on pouvait lui faire confiance. Il nous a dit que nous avions besoin d'un son moins ramassé, avec plus d'espaces et il nous a proposé d'aller dans son home studio à Van Ness dans la Vallée de San Fernando. C'était un pari car nous n'avions aucun contrat d'enregistrement à l'époque et nous y sommes allés de nos poches avec simplement une petite aide du label américain.
Ollie : Andrew nous a encouragés à y aller et , hormis 2 ou 3 titres, nous avons presque tout ré-enregistré. Il a ensuite tout remixé à Londres de manière à ce qu'il y ait une cohérence.

En quoi pensez-vous que l'environnement particulier de Los Angeles a influencé votre son ?
Ollie : Andrew est très anglophile et lui et ses amis avaient une attitude très positive. Il n'y avait pas vraiment de décalage pour nous. Ça n'était pas trop L.A. en tant que ville mais plutôt les circonstances d'enregistrement.



Ce côté assez sombre de Duke Spirit ; le voyez-vous comme une façon de vous apparenter à une scène peu ou prou "gothique" ? J'entends avant tout une certaine tradition littéraire…
Luke : C'est curieux que vous nous demandiez ça. La notion de "Goth" en Angleterre a toujours été présente en effet. C'est quelque chose qui a toujours été avec nous, que ce soit le Goth anglais ou américain. En même temps, il y a toujours un élément d'humour là-dedans. On ne peut pas prendre le "Goth Rock" au pied de la lettre. En fait c'est quelque chose d'assez sain car si vous voulez faire une musique qui tienne la route, il vous faut être capable de rire un peu de vous-même.
Olly : Au fond on est un peu à mi-chemin entre Nick Cave et des Cramps.

Comment vivez-vous le fait de jouer sur des textes qui ne sont jamais les vôtres ?
Olly : Vous savez, c'est avant tout une question d'émotion. Vous vous efforcez de la capter puis de l'exprimer. C'est difficile à dire ; c'est comme la conversation que nous avons en ce moment. Chacun a ses propres instruments, nous essayons de dialoguer et chacun tente d'apporter quelque chose à l'équation et à ce que l'autre souhaite relayer.
Luke : Ça a toujours été facile de travailler avec Leila. Si elle écrit un truc que vous trouvez nul, elle vous écoutera. D'ailleurs sinon je la laisserai pas démolir certains de mes riffs de guitare. (Rires)

Il y a toujours eu une grande période de temps qui s'est écoulée entre vos albums, pourquoi ?
Luke : On est paresseux.

Je n'en crois pas un mot (Rires).
Ollie : Nous avons toujours eu des relations particulières avec nos labels. Bruiserdevait sortir au début de cette année mais, à l'époque, Fiction ne nous avait pas encore signés. Mais quand il nous ont pris dans leur catalogue, ils avaient d'autres albums à sortir pendant l'été. Au moment de la sortie de Neptune notre maison de disque était basée aux États-Unis, ils avaient beaucoup investi et nous y avons donc beaucoup tourné. C'est la nature du business et vous devez vous y soumettre.
Luke : En même temps, vivre d'autres expériences entretemps ne peut être que source d'inspiration et non de pression. Notre existence n'est pas que de faire partie d'un groupe de rock et de passer son temps en studio ou sur la route.
Ollie : Je ne voudrais pas devenir une machine à produire des disques A, puis B, puis C comme Kings of Leon par exemple.
Luke : Nous avons eu la chance de ne pas avoir de "hits" en fait (Rires). Tourner ne vous donne pas la même type de pression et nous n'avons jamais eu à nous dire : "Comment allons-nous faire pour avoir un deuxième tube ?"
Ollie : Tourner est important, surtout en Amérique. Il faut du temps pour avoir une audience. C'est le seul moyen ou alors il vous faut compter sur des bons articles dans la presse. Mais même là, il vous appartient de confirmer ce qu'on dit de vous sur scène…

http://thedukespirit.com/
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