Interview Loren Lopez

Doit-on considérer Loren Lopez comme ton projet solo, ou comme un groupe, avec Jérémy Rassat et David Grumel ?

C'est un projet solo car toutes les chansons sont du sur-mesure, mais il est vrai que je travaille en très étroite collaboration avec Jérémy Rassat et David Grumel, tant sur la composition que sur la réalisation. Je nous ai modestement rebaptisé la "Sainte Trinité" !

Tu as toujours baigné dans la musique, depuis ton plus jeune âge. Est-ce que tu t'es toujours destinée à la musique ?

Non, j'ai longtemps dit vouloir devenir avocate. Comme la musique était quelque chose de très naturel à la maison, je n'ai jamais conçu ça comme une destinée, c'était trop grisant pour être un métier. La décision de m'y consacrer est venue bien plus tard.

Ta musique a des influences clairement britpop/musique anglaise. Toi qui a semble-t-il étoffé ta culture musicale pendant tes études en Amérique, pourquoi ne pas t'être orienté vers quelque chose de plus américain, plus brut ?

C'est vrai, mais j'avais beaucoup écouté McCartney avant mon départ, c'était foutu ! Il y a surtout que je planche essentiellement sur les textes et que Jérémy Rassat, qui lui compose, est un intégriste musical d'outre-manche.

Des titres comme "Blue Candy" ou "La Romance" ont un petit côté cinéma (en noir et blanc). Est-ce volontaire ? Est-ce que ça vient de ton admiration pour Marylin Monroe ?

C'est ici que je placerais mon influence américaine. J'ai une véritable passion pour le cinéma américain des années 50-60 (Curtiz, Preminger, Huston..), pour l'écriture, l'esthétisme, l'art des sous-entendus. J'aime donner un côté road-movie aux chansons, qu'un film puisse se dérouler dans la tête de celui qui l'écoute - en tous cas c'est vraiment comme ça que ça se passe dans la mienne au moment de l'écriture. Jérémy et David me proposent une musique, me viennent ensuite les images et le texte.

Quels sont les artistes/groupes qui vous influencent, Jérémy et toi, pendant l'écriture et la composition des titres ?

C'est assez empirique et c'est souvent après-coup qu'on se dit: "Tiens, il y a un petit côté d'untel". Mais en vrac, on pense beaucoup à Burt Bacharach, Supergrass, Jean Fauque, The Beach Boys, Jarvis Cocker...et B.B.

Te sens-tu proches d'autres artistes féminines françaises comme Emilie Simon, Charlotte Gainsbourg ou Olivia Ruiz ?

J'ai beaucoup de mal à dire si je suis musicalement proche de ces artistes féminines, je dois surement me situer quelque part par là. Mais il y en a une que j'envie ouvertement, c'est Charlotte Gainsbourg. Deux albums d'une élégance absolue, chaque fois avec des collaborations rêvées : Neil Hannon, Beck, Air, Nigel Godrich...

Chanter en français, est-ce un choix engagé, un choix de confort ou pas un choix du tout ? Qu'en est-il du chant en anglais ?

Le choix du français n'est surement pas le choix du confort, enfin en ce qui me concerne ! C'est une langue souvent plus difficile à chanter, à écrire. Mais j'y tiens car je suis convaincue qu'il y a encore des domaines inexplorés, des choses à tenter. En vérité je fais un peu comme j'ai envie, si j'ai la conviction qu'une chanson doit être en anglais et bien je me laisse porter, c'est le cas sur "Blue Candy" et d'autres titres de l'album à venir.

Tu donnes l'impression d'être une femme de fer, qui a décidé toute seule (ou presque, mais derrière le nom Loren Lopez se cachent tous les musiciens) de faire de la britpop. En as-tu conscience ?

Non, mais ça me fait beaucoup rire ! Le bonheur d'écrire pour soi est qu'on peut se donner n'importe quel rôle, se faire dire des choses qu'on ne pense pas. Il est vrai que j'ai une estime certaine pour les femmes de conviction mais moi je suis dans le fond d'un naturel plutôt contemplatif et je me sens bien dans la concordance des personnes autour de moi. Très éloignée de Maggie Thatcher donc.

Où en êtres-vous dans la conception de l'album ? Sera-t-il différent de l'EP ou sera-t-il placé dans la continuation ?

La composition de l'album est terminée mais l'enregistrement est encore en cours. Il sera dans la droite lignée de l'EP c'est à dire un mélange de chansons très pop, très immédiates avec et des ballades beaucoup plus aériennes.

Pourquoi Amour Angora (note : le titre du prochain album de Loren Lopez) ?

C'est le titre d'une des chansons de l'album. J'ai longtemps habité à Paris et quand le calme du lac me manquait, je m'imaginais au bord de l'eau froide, entouré de quelque chose de chaud, quelque chose d'angora. Ceux qui me connaissent bien savent aussi que je suis assez portée sur la chose féline, comme beaucoup de gens qui écrivent d'ailleurs.

Comment se passent les lives ? Est-ce une expérience qui te plait, ou qui te fait peur ?

J'aime beaucoup le live, c'est la raison d'être de tout le travail en amont. J'ai un groupe fantastique qui me met en confiance et contrairement au studio, c'est une projection directe dans l'énergie et dans le moment présent.

Comment est l'accueil de ta musique dans ta ville natale, Annecy ? Est-ce que les gens te reconnaissent, ou sont fiers de se dire "elle vient de chez nous, elle" ?

Le soutien est beaucoup plus flagrant des gens d'Annecy vivant à Paris ! Il y a un côté "expat" un peu inattendu. L'entraide est assez incroyable et c'est un facteur sympathie indéniable. Sinon le public annécien me soutient bien aussi, je suis chanceuse.

Quel album tourne en boucle sur ta chaine hi-fi/dans ton MP3 en ce moment ?

J'ai mis quelques écoutes à déterminer si j'aimais Plastic Beach, le dernier album de Gorillaz mais maintenant je ne le quitte plus.

Enfin, que peut-on te souhaiter pour l'avenir ?

De nombreux albums et de beaux moments sur scène.