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Interview Ladylike Dragons


Maxime, le 26/01/2010
Alors que le teenage rock parisien est en pleine décrue (allo les Naast ?), voilà un groupe sur lequel on se verrait bien parier sans craindre de perdre sa mise. Il s’agit juste de quitter un peu le périphérique et de se rendre en Seine-et-Marne, patrie originelle d’un groupe qui risque fort de ravir les fans des Libertines et de Supergrass. Ladylike Dragons est en passe d’être à la fois le Subways et le Raconteurs français, influences partagées entre le son pop du chant de Cindy, les guitares bluesy échevelées de Sébastien et la batterie survoltée de Yann, gueule d’ange mais frappe de bûcheron. Ce power trio que l’on suit dès sa première démo depuis plus de deux ans a pourtant déjà dû faire face à de nombreux obstacles. N’ayant pas bénéficié de l’éphémère buzz de la scène du Gibus pour cause de non port de jean slim règlementaire et contraints par le Comité International Olympique de changer leur nom (les Olympic Dragons se féminisent et deviennent Ladylike), les musiciens n’ont pas perdu une seule seconde la foi et on redoublé d’ardeur sous les embûches. Le résultat est payant, il s’appelle Heart Burst, premier album détonnant, salué dans ces colonnes et quatrième de notre palmarès annuel. S’il leur faudra encore batailler pour s’imposer en Hexagone, les Ladylike Dragons savent que la route est encore longue, mais ils ont une passion, une énergie, une détermination et un talent qui nous font dire qu’il faudra compter avec eux à l’avenir. Rencontre avec le trio de Meaux, au lendemain de sa victoire du dernier tremplin de Ouï Love MySpace.


Remontons aux débuts pour commencer : avant les Olympic puis les Ladylike Dragons, vous avez formé un premier groupe, Cobalt, qui évoluait plutôt dans l’univers de la chanson française…
Cindy (chant, basse) :
Oui, Cobalt était plutôt un groupe folk. J’avais vraiment besoin de trouver une musique qui me permette de m’exprimer, de me lâcher et c’est ce que j’ai trouvé dans le rock’n’roll. Ça a été une libération, ça me fait du bien de faire ce genre de musique.
Sébastien (guitare) : J’ai toujours été bercé par des influences rock’n’roll, et ce depuis les premiers groupes que j’ai formé avec mes potes. Mais quand tu commences à te lancer franchement dans la musique, tu finis rapidement par te retrouver seul. Et quand tu es seul, tu commences par prendre une guitare acoustique et écrire des chansons folk. Il a fallu un peu de temps pour retrouver la flamme et se lancer à nouveau dans un projet rock. C’est finalement un retour aux sources dans lequel je m’épanouis complètement.
Yann (batterie) : Moi je ne suis arrivé qu’à la fin de Cobalt, quand toutes les chansons avaient été composées. A l’époque, il y avait un violoniste et un bassiste dans le groupe qui n’étaient pas souvent disponibles, ce qui a obligé Cindy à prendre la basse. Et quand on est devenu trio, la formule rock s’est imposée naturellement. Il faut dire que l’envie de cogner franchement sur ma batterie me taraudait depuis longtemps.

Est-il facile de monter un groupe de rock à Meaux, la ville de Jean-François Copé ?
Sébastien :
C’est pas si difficile que ça parce qu'en fin de compte, les gens motivés arrivent toujours à se retrouver, même si ça prend souvent du temps au début. Il faut rester ouvert et laisser les choses arriver. Il n’y a que le temps qui fait un groupe, ça ne s’invente pas. Ce sont les heures qu’on passe ensemble, les kilomètres qu’on fait ensemble qui forgent les liens. Et quand ce vécu là existe, le groupe peut faire n’importe quoi, c’est l’union entre les musiciens qui importe.
Yann : On a eu un peu de chance. Il y avait un petit club qui était là pour nous aider au début…
Sébastien : L’effet Copé, c’est qu’il y a un gros festival (les Musik’elles), avec un off assez dynamique, l’opportunité de jouer tous les ans. On a été sélectionné coup de cœur du festival l’année dernière, ce qui nous a donné un coup de pouce, on a joué devant 3000 personnes avec une super scène et une ambiance terrible.
Cindy : On a aussi de la chance, parce qu’à côté de chez nous, à Magny-le-Hongre, il y a une salle, le File 7, qui nous soutient vraiment depuis les débuts. On est bien entourés.


On s’est rencontré pour la première fois en 2007, vous jouiez dans un petit bar à Meaux. Aujourd’hui on vous voit partout sur MySpace, vous avez des pages de pub dans Rock & Folk, votre album a été chroniqué par les Inrocks. A quel moment avez-vous senti que votre projet prenait de l’ampleur ?
Yann :
Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’on a pris de l’ampleur. Tout ça est très récent.
Sébastien : C’est une progression constante…
Cindy : C’est vraiment quand on a gagné le tremplin Ouï Love MySpace qu’on a pu présenter le groupe à un public moins confidentiel.
Sébastien : C’est là qu’on s’est dit qu’on avait un véritable potentiel, qu’on pouvait déclencher une dynamique, avoir une visibilité.

Il est donc impossible de se faire connaître aujourd’hui sans déclencher un buzz sur Internet d’abord ? C’est la condition obligatoire ?
Yann :
Si tu n’as pas une grosse maison de disque derrière toi qui a le budget pour te mettre partout sur ce que tu peux lire ou voir, tu ne peux pas faire autrement que de passer par ce genre de tremplins, que ce soit sur les réseaux communautaires ou lors de festivals comme le CQFD des Inrocks.
Sébastien : Ça donne un coup de projecteur mais il faut avoir quelque chose à proposer derrière pour que le buzz ne retombe pas tout de suite. Là, on venait de sortir un disque, voilà pourquoi on a mis les bouchées doubles pour gagner le Ouï Love MySpace. Aujourd’hui, la visibilité c’est ce qu’il y a de plus dur à avoir, c’est soit tu as du pognon, soit tu essaies de saisir les opportunités qui peuvent se présenter.

Outre les problèmes légaux vis-à-vis du comité olympique, pourquoi avoir choisi le terme Ladylike pour remplacer Olympic ?
Cindy :
C’est arrivé un peu par hasard. Je regardais un dictionnaire de synonymes anglais et Seb a vu le mot et a tout de suite bloqué dessus. Moi j’ai mis du temps parce que ça me met en avant, j’avais du mal à accepter ce rôle. Mais Seb a fini par me convaincre, et au final tout le monde nous dit que ça correspond plus à notre musique.
Sébastien : J’ai été séduit par la petite maturité que ça apportait au nom. Ça a été finalement salutaire, ces démêlés avec le CIO, parce que ça nous a obligé à trouver un nom qui nous corresponde plus. Dans un monde d’image et des medias, c’est bien d’avoir un nom dont tu es sûr qu’il représente réellement qui tu es et la musique que tu joues.

BOULES D'ENERGIE


Le choix de l’anglais s’est-il imposé naturellement pour l’écriture des textes ?
Cindy :
On ne s’interdit rien. On aura peut-être des bouts de français dans les prochaines chansons… Quand on est passé du français à l’anglais en fondant les Olympic Dragons, ça nous a fait du bien, parce que ça nous aidait vraiment à marquer la césure avec Cobalt. Pour le rock et les mélodies, l’anglais s’est imposé de façon naturelle, et comme Seb parle très bien la langue… Mais c’est vrai que pour le Ouï Love MySpace, Dom Kiris nous a demandé de préparer une reprise, on a joué le jeu et on a repris "L’enfant roi" de Noir Désir et on a bien aimé.
Sébatien : C’est vrai que ça nous a ouvert une porte qu’on ne va pas refermer. Il y a une recherche à mener, on va prendre notre temps. Ce qui compte le plus pour nous, c’est d’avoir la carrure pour prétendre à une carrière internationale, on ne le cache pas. Pour ça, il faut conserver l’anglais jusqu’à pouvoir faire des tournées à l’étranger. Une fois qu’on aura vécu plus de choses, eu plus d’expérience, on pourra revenir avec plus de maturité sur ces questions là. Pour le moment, ça correspond bien à notre manière d’écrire et à notre musique.


Y-a-t-il un élément purement français dans la musique des Ladylike Dragons qui le distinguerait d’un comparse anglo-saxon qui évoluerait lui aussi dans le registre du garage-pop ?
Sébastien :
J’y ai déjà réfléchi à cette question… Ladylike, ça veut dire distingué en anglais. Je crois qu’un groupe garage qui va dire bonjour, être poli, va nettoyer avant de partir, qui ne boit pas, ne fume pas, bref un groupe bien élevé, c’est un groupe qui véhicule un esprit français…

Je ne suis pas sûr que les français aient l’image de gens bien élevés à l’étranger. L’un de nos artistes les plus connu, c’est Gainsbourg, pas forcément un modèle de sobriété…
Sébastien :
Exact, mais je reste sur mon intuition… Par rapport à un groupe de garage américain, je pense que la différence se joue au niveau de l’attitude. Il faut dire que le chant de Cindy contribue beaucoup à cette identité.

Y’a-t-il des groupes français dont vous vous sentez proches aujourd’hui ?
Sébastien :
Dionysos, Noir Désir…
Cindy : Noir Désir aussi dans cette façon de se lâcher sur scène, la manière dont le guitariste ou le chanteur interprètent les chansons, ça me transporte.
Sébastien : Ça va paraître ringard, mais les premiers albums de De Palmas, ceux qu’il a sorti avant "Sur la route", cette façon de mêler des influences américaines avec des textes en français, ça me touche.

Comment s’est passé l’enregistrement de cet album ?
Cindy :
On voulait garder l’énergie du live donc on a enregistré tous les trois dans la même pièce. On jouait chaque morceau jusqu’à ce que notre producteur considère qu’on était parvenu à la bonne intensité. Là-dessus j’enregistre les voix et Sébastien fait la deuxième guitare. On est parti 14 jours aux studios du Pressoir près de Blois et on a enregistré 20 chansons, on voulait avoir du choix pour la sélection des titres. On en a retenu 14 au final.
Sébastien : C’est en travaillant en studio que je me suis rendu compte de l’incroyable énergie que ça nécessite, l’intensité qu’il faut dégager pour que la prise sonne juste. J’avais sous-estimé l’importance de la puissance que tu dois mettre au moment de l’enregistrement pour que le résultat final soit bon. Nous n’étions vraiment bons que lorsque nous formions une boule d’énergie, tous les trois au taquet.



Le mixage a été fait en deux temps je crois, une première version ne vous avait pas plu…
Sébastien :
Oui. On a mixé 6-8 titres qui ont été envoyés au mastering pour écoute. Et le mix ne m’a pas plus du tout, trop bas, trop plat. Ça n’aurait pas donné un disque que j’aurais pu écouter comme n’importe quel auditeur et le ranger dans ma collection. On s’est imposé une remise en question et on est reparti de zéro.
Yann : C’est vrai qu’on a pêché un peu par naïveté. On pensait que le mastering rendrait le résultat meilleur, mais il faut que la prise originale soit bonne au départ. Le mastering ne fait qu’amplifier les défauts, il ne masque rien, contrairement à ce qu’on pourrait croire.

Y’a-t-il des disques particuliers qui vous ont guidé dans votre quête du son juste ?
Yann :
Au départ, on a amené à notre producteur une liste de différents disques qui nous inspiraient pour donner la couleur de tel ou tel titre. Finalement, on ne s’y est pas trop tenu.
Cindy : Quand on a voulu repartir sur un nouveau mix, notre manager nous a demandé de choisir un de nos morceaux qui nous donnerait la direction globale à donner à l’album. On est alors parti d’une chanson qui n’a finalement pas atterri sur le disque, mais qui nous a aidés à fixer le cap.
Sébastien : On a aussi fait pas mal d’allers-retours du côté des Libertines, notamment au niveau du son des guitares. L’album s’est finalement cristallisé autour d’un son plutôt anglais.

Oui, ça se sent beaucoup, les cordes de "Don’t Get Me Wrong" ou de "City And The Lights", l’ajout d’un orgue très sixties à la fin de "Travel Box". Mais je trouve que le groupe qui semble vous avoir influencé le plus soit américain : les Raconteurs, qui ont également le souci de faire sonner le vintage avec une puissance de feu contemporaine…
Sébastien :
C’est exactement ça.

On t’a d’ailleurs déjà dit que tu ressemblais beaucoup à Brendan Benson ?
Sébastien :
Oui, il paraît, tu n’es pas le premier à me dire ça… Mais le plus dingue c’est que je suis super fan de Brendan Benson, depuis son premier album One Mississippi. C’est une référence pour moi. Et il s’est sublimé en rencontrant Jack White. Les Raconteurs, c’est un groupe parfait : c’est à la fois pop, garage, blues, c’est contemporain et rétro, tout en faisant avancer le truc, c’est vraiment un groupe important.

DANS LA BUANDERIE DE DAN AUERBACH ET SUR MARS AVEC PATRICK WALDEN


Pour vous avoir vu plusieurs fois sur scène, il y a une chanson qui semble faire à chaque fois son effet, c’est "My Need Of Naughtyness". Vous prévoyez de la sortir en single ou d’en faire un clip ?
Yann :
Je ne sais pas. Ça va dépendre de l’équipe qui nous entoure, des retours radio…
Sébastien : Ce qui est sûr, c’est qu’on va vraiment se servir de cette chanson pour articuler nos sets live. On sait qu’elle va vraiment ressortir du lot.

L’écriture de "13 minutes" date de plusieurs mois/années, mais tombe pile poil dans l’actualité puisqu’elle parle de relations houleuses entre un employé et sa hiérarchie, ce qui prend un poids particulier après le scandale des suicides chez France Telecom. Est-ce que tes textes sont en partie inspirés par l’actualité ou ne partent-ils exclusivement que de ton expérience personnelle ?
Sébastien :
Quoi ? Il y a eu des suicides chez France Telecom ? (on lui fait un rapide topo sur la question) Bon, je crois que ça répond à ta question… Je synthétise du vécu, sans avoir la prétention de changer quoi que ce soit. Si les gens prennent déjà du plaisir à nos concerts, on aura fait notre boulot d’un point de vue politique. Donc les textes je ne me fais vraiment pas d’illusion dessus. Mais j’ai besoin d’avoir un ancrage sur du réel, de partir de quelque chose de sensé. Je ne peux pas faire comme Sonic Youth et broder des images sans queues ni têtes à l’infini.

Est-ce que vous vous sentez proches de toute la scène garage parisienne qui a explosé il y a quelques années et dont il ne reste aujourd’hui plus grand-chose ?
Yann :
Pas vraiment. On a tenté de profiter de ce genre de soirées pour jouer. Mais je n’y ai jamais pris mon pied parce que c’est un public difficile et qu’on n’avait pas cette carrure là. On n’est pas fashion, on n’a pas la mèche, le slim, donc les jeunes ne s’identifiaient pas à nous.
Sébastien : Pendant un moment j’y ai cru. Ça m’a fait rêver. J’avais envie d’y croire, qu’on pourrait se fédérer et faire changer les choses, se porter mutuellement. Mais il y a eu des déceptions, et j’ai dû accepter le fait qu’on ne ferait jamais partie de cette famille-là, que c’était un clan, avec ses codes. C’est pas un milieu super ouvert et c’est en déclin à cause de ça. C’est dommage, parce que, franchement, il y avait du talent dans toute cette scène, même si certains sont meilleurs que d’autres. Après, nous on n’est pas parisiens, donc on a toujours eu un regard extérieur. On sait ce que c’est que d’aller jouer dans un rade pourri à Reims alors que ces groupes parisiens ne savaient pas.

Vous avez trouvé de nombreux dispositifs d’accompagnement durant toute l’évolution du groupe (résidences au file 7, réseau pince-oreille, formation de l’INREP), n’est-ce pas un peu contradictoire avec l’idéal plus DIY du garage rock ?
Yann :
Tout dépend des groupes mais pour notre histoire ça nous a permis d’avoir un lieu, de trouver un réseau et de pouvoir rencontrer pas mal de gens. Le niveau est tellement balaise que si tu n’y es pas un peu préparé un minimum, tu te ramasses dès que tu montes sur scène.



Rêvons un peu pour le deuxième album : imaginons que vous ayez un choix total et aucune restriction budgétaire. Sur label signeriez-vous ?
Sébastien :
Je resterais sur le label que j’ai monté. Les labels ne me font plus rêver. A la rigueur, une distribution anglaise sur Rough Trade, ok.

Quel producteur prendriez-vous ?
Yann :
Jack White.
Sébastien : Stephen Street ou Dan Auerbach, dans sa buanderie dans l’Ohio.

Quel musicien inviteriez-vous sur le disque ?
Sébastien :
Stuart Copland. Ou alors Patrick Walden, le premier guitariste des Babyshambles. Je trouve que c’est le guitariste le plus inventif, le plus martien de la décennie. En plus il vient du blues, il est passé par des influences hendrixiennes, donc ça me parle à fond, mais il a intégré ça dans le format pop de Doherty et ce qu’il joue c’est lunaire, je trouve ça génial. Je lui demanderai de venir poser une partie de guitare, juste pour le fun de le voir jouer.
Yann : Moi je dirais Jack White. Jack, si tu nous lis…
Cindy : Moi je serais assez tentée par un duo avec Carl Barat.

Vous feriez la première partie de quel groupe/artiste ?
Yann :
Jack White (rire général)…
Sébastien : Oui, les Raconteurs…
Cindy : Les Subways, j’ai appris beaucoup en les regardant jouer.
Sébastien : Ou si on part sur un monstre sacré, allons-y carrément : Bob Dylan. Ou attends, Neil Young. Neil Young, ouais, ça, ça serait la classe.


lire la chronique de Heart Burst
http://www.myspace.com/ladylikedragons
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