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Interview de Akira & The Airborne Particles


Jerome, le 22/10/2008
Les temps sont fastes dans le paysage musical toulousain. Aujourd'hui, c'est au tour d'Akira, ex-membre d'Agora Fidelio, de nous parler de son nouveau projet : Akira & The Airborne Particles. Histoire d'en apprendre un peu plus sur son premier album True Love Waits, sorte de journal intime touchant de sincérité, Akira a gentiment accepter de se livrer au jeu des questions-réponses.


Bonjour Akira ! Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, quelques mots histoire de te présenter ?
Bonjour à tous. Je me fait appeler Akira quand je fais des choses dites "artistiques", notamment dans le domaine musical, dans lequel j'évolue depuis plusieurs années. J'ai 26 ans et 2 boucles d'oreilles. Je ne fume pas ni ne bois d'alcool. Mais je mange de la viande.


Avant Akira & The Airborne Particles, on te connaissait pour officier derrière la basse d'Agora Fidelio. Pourquoi cette envie d'aventure en solo ? Est-ce quelque chose que tu préparais depuis longtemps ?
J'ai quitté Agora Fidelio en février 2007, après avoir eu la sensation d'avoir accompli ce qui me tenait à cœur à travers ce groupe, et le sentiment de ne plus avoir la force d'aller plus loin. J'ai eu également l'envie de mettre la musique, qui m'avait demandé beaucoup de temps pendant plusieurs années, de côté, afin de développer d'autres modes d'expression (j'ai par exemple réalisé un documentaire sur le groupe Psykup, qui figure sur la partie DVD de leur dernier album "We Love You All"). En fermant la porte "Agora Fidelio" j'ai surtout voulu m'ouvrir toutes les autres : celle de faire autre chose comme celle de ne rien faire, ou celle de refaire de la musique un jour.
Ceci dit je ne prévoyais pas du tout de reprendre la musique aussi tôt, j'étais plutôt en train de chercher du côté de l'écriture et du dessin. Mais un soir de février l'envie profonde (et peut être le besoin) de composer à nouveau s'est faite sentir. Alors je l'ai suivie, sans but réel, juste répondre à cette envie. Il paraissait naturel à ce moment là de le faire seul, puisque de façon très spontanée et directe. La période "post-Agora" m'a permis de souffler, de relativiser, de décomplexer et de voir ce qui était important pour moi.


Ton album ("True Love Waits") sonne un peu comme la bande-son d'un journal intime, de par l'atmosphère qu'il flotte au fil des pistes. Comment s'est déroulée sa composition ?
J'aime beaucoup la comparaison au journal intime. C'est effectivement comme ça que je qualifierais la phase de composition de l'album. J'ai exprimé en musique ce que d'autres écriraient dans leur journal : exorciser des doutes, des peines, des angoisses, en les posant là, quelque part, pour les retirer de nous et les contenir "ailleurs", les sceller et s'en détacher...
Au départ il n'y avait pas de projet d'album. Juste un morceau composé un soir. Puis un second deux semaines plus tard, puis un troisième encore une semaine après... à ce rythme, et vu l'état émotionnel dans lequel j'étais, j'ai à ce moment là compris que j'étais entré dans un processus cathartique que je devais accepter. L'envie de magnifier des choses que l'on ressent comme dures, de "faire de belles choses avec de la merde" était intéressante aussi. Pouvoir être fier de certains souvenirs car ils existent comme des chansons, pas uniquement comme les crises d'angoisse ou de colère qui les ont engendrées. Composer, c'était une réponse à ce que je vivais et ne pouvais maîtriser...


On sent dans ta musique de multiples couleurs et de multiples directions. Un peu de Tricky, le côté bad-boy en moins, de Radiohead (pas seulement à cause du titre du disque)... Quelles ont été tes influences pour ces neuf titres ?
Ce disque est un reflet très complet de mes influences musicales depuis des années. Il aura fallu une période de "repos" pour les décanter, et un déclencheur émotionnel pour motiver une écriture à partir de tout cela. J'ai alors fait un "résumé" de ce que j'aime et de ce que j'écris depuis longtemps, avec moult clins d'oeils. Certains thèmes ont presque 10 ans, d'autres 3 ou 4 ans, et je n'avais jamais trouvé où les placer, ni même comment les arranger.
Concrètement je dois revendiquer une forte influence du travail de John Frusciante, de Radiohead, de Jane's Addiction, de Cliff Martinez, de Mike Watt, des Beatles, de Eels... Tricky apparaît comme une référence plus qu'une influence : c'est le rendu de certaines parties (voix grave traitée, ambiance trip hop, etc...) qui rappellent son travail, sans que j'en sois un grand connaisseur pourtant. L'ombre de Vincent Gallo planerait aussi pour certains, et j'en suis content, car c'est une vraie influence, même si j'ai moins pensé à lui pendant la composition.


Même si tu as déjà eu l'occasion de défendre tes titres en concert, la scène n'a finalement pas l'air d'être une de tes priorités. Pourquoi ?
En quittant Agora Fidelio, je quittais aussi le fait d'être sur scène, où je trouvais de moins en moins ma place. J'ai toujours préféré le travail studio, la composition, l'arrangement, le mixage, la réalisation... Je dissocie désormais très clairement la scène du studio dans ma tête, comme on pourrait dissocier le travail de théâtre et celui du cinéma : les deux sont très intéressants, mais l'approche et la dynamique sont radicalement différentes, et les liens pas forcément évidents. Aujourd'hui je veux le laisser une liberté totale en studio, y compris si c'est impossible à recréer sur scène tel quel, pour des raisons techniques. Si le live m'attire à nouveau un jour pour ce projet, il faudra que cela soit à partir d'un concept autonome, pas juste "jouer les morceaux de l'album en live"... Je préfère mettre l'énergie de la préparation d'un live dans la production plus fréquente de disques. Je travaille ainsi déjà sur un nouveau projet.


Si je ne me trompe pas, c'est toi qui gère tout (production, distribution, ...). En auto-production totale en fait. Est-ce par choix ?
Oui, un choix assumé. J'ai travaillé longtemps dans le milieu de la musique, notamment du disque, via Jerkov, le label que j'ai fondé avec Milka (Agora Fidelio, Psykup, My Own Private Alaska) et Tonio (de feu-Delicatessen). J'en ai retiré un regard sur l'industrie du disque, les méthodes de développement d'un projet, ses difficultés croissantes avec la fameuse "crise du disque", etc...
Ça m'a encouragé à penser différemment mon projet, de façon plus actuelle vu le contexte du disque : je voulais baisser au maximum le prix de vente de mon album, en retirant le maximum d'intermédiaires (label, distributeur, point de vente...), et en m'offrant ainsi une réflexion plus large sur le packaging et la promo. Ainsi, en faisant un disque en home studio, dupliqué et assemblé à la main, je minimise les coûts, fais ce que je veux esthétiquement, maîtrise la communication, etc... Mon but est de créer une dynamique de l'offre plus grande et plus originale : plutôt que de composer en groupe, enregistrer, sortir, promouvoir, tourner sur des cycles d'environ 2 ans, je veux pouvoir proposer plusieurs disques par an, avec des packaging originaux, des concepts, des liens avec le numérique plus grands aussi, car beaucoup de choses peuvent se passer via internet de nos jours...
Le fait d'être seul dans le projet optimise les prises de décision, les choix, les directions, et permet ainsi d'aller plus vite.


Changement de sujet. Quel est ton regard sur la scène musicale actuelle (en France ou ailleurs) ? Tes derniers coups de coeur, déceptions, ou surprises ?
Je trouve que nous sommes à une époque charnière en terme de création artistique : on dématérialise de plus en plus le support, on va arriver à abolir toute contrainte de durée, de format, de géographie grâce au numérique et à internet. C'est à la fois porteur d'espoir créativement parlant, et déstabilisant pour les groupes en place, qui sont dans une logique de l'objet, du packaging, etc... et déstabilisant car pour moi cela prend en partie racine dans certains effets néfastes du peer-to-peer. On va très vite arriver à une sélection naturelle darwinienne : les dinosaures qui voudront faire des albums "à l'ancienne" risquent de disparaître faute de réponse du public à ce mode de fonctionnement. Resteront les nouveaux artistes ou ceux qui auront su s'adapter aux nouvelles pratiques de consommation culturelle...
Ceci dit, je suis malgré tout ébahi, parallèlement à ça, par l'immobilisme de l'offre et de la communication que nous pondent les majors : on nous jette toujours aux oreilles des quantités astronomiques de projets inintéressants à base de baby-rockers peu inspirés pour le rock, des clones réchauffées pour la variét', de nivellement par le bas en langage sms pour le hip hop, de folklore quasi-raciste pour les musique "du monde"... Que l'on ne s'étonne pas que les gens ne respectent plus ni les artistes ni leur travail quand on leur donne tant de saloperies à bouffer à longueur de temps... si on leur donne du "déjà-vu", c'est trop, mais comme on les a éduqué à être peu curieux, si on leur propose de la nouveauté ou si un artiste change un peu de registre, ça se gaufre aussi... bref, c'est difficile...
Mais je citerais tout de même plein de bons groupes que j'ai plaisir à soutenir : 31Knots (l'intelligence de Police et de Fugazi réunie dans un trio américain), From Monument To Masses (le meilleur du post-rock et de l'électro magnifié depuis San Francisco), Nosfell (ovni multi-référencé hallucinant de fraîcheur), Maczde Carpate (Neil Young qui joue du Tool avec William Scheller au chant), Gojira (le plus gros groupe rock-métal français dans le monde, et c'est mérité, pour leur métal ambiant et spirituel), Dona Confuse (indie-pop electro tout en finesse, aussi bon sur disque que sur scène), Le Minus (fusion placebo-primussienne), etc...


Une dernière question avant de te laisser le mot de la fin : sachant que tu officies seul. Que sont (ou qui sont ?) ces Airborne Particules ?
Les "particules en suspension" sont le concept fondateur du projet : il s'agit de tout ce qui m'entoure, de palpable et d'impalpable, qui font de moi ce que je suis aujourd'hui, et qui plane autour de ma musique. Des gens, des envies, des idées, des angoisses, des joies, des souvenirs, des pensées, des images, des sons, des sentiments, des émotions, des endroits, des paroles, des silences... tout ceci fait partie de moi et me dépasse en même temps, mais je pioche dedans pour nourrir ma création.
Il y a aussi un clin d'oeil aux groupes "à leader", comme Nick Cave & the Bad Seeds, ou tout un tas de groupes des sixties...
Ainsi il n'est pas impossible, vu le nombre de portes ouvertes que je me laisse, que les Airborne Particles deviennent un vrai groupe un jour... ou pas...


Un dernier mot peut être ?
Merci. j'ai été assez bavard, alors ça suffira !



Remerciements chaleureux à Akira.
Akira & The Airborne Particles sur albumrock
http://www.myspace.com/theairborneparticles
En savoir plus sur Akira & The Airborne Particles,
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