
Isaac Delusion
Salle : Laiterie (Strasbourg)
Première partie :
Isaac Delusion fait figure de miraculé sur la scène francophone des 2010s, célébrant cette année ses 12 ans de carrière et les 10 ans de leur premier album éponyme. Alors que nous pension à une mise en suspend du projet après plus de quatre ans de disette, Loïc Fleury a pris tout le monde de court, relançant la machine cette année avec un Lost & Found rêveur et enjoué.
Preuve que le groupe fait encore mouche auprès de son public francophone, c’est une Laiterie presque complète que nous retrouvions en cette soirée du 21 mars, prête à accueillir dignement le désormais quatuor Parisien. Loïc Fleury, qui s’est chargé de façon quasi exclusive de l’écriture et de la mise en forme du nouveau long format, semble également s'être accaparé le rôle de leader, qu’il partageait jusqu’à lors avec Jules Pacotte. Bien qu'encore au poste derrière ses claviers, assemblant toujours avec brio textures aériennes groovy, il ne lâchera pas un mot et laissera charge à son collègue de tisser le lien avec son public, le guidant au travers d’une performance vocale bluffante. L’homme à la casquette et au falsetto aiguisé fait encore mouche dans tous les registres, du vaporeux “The Child You Were” à l’épuré guitare voix “Everyone is Dreaming”, en passant par le très soul et habité “The Sinner”, l’un des temps fort de la soirée.
Une place de choix a été accordée ce soir aux deux premiers albums, probablement les plus réussis, preuve que le nouveau venu tente de renouer avec les prouesses passées après un uplifters qui flirtait avec des ambiances bien plus mainstream. L’occasion donc de redécouvrir les pièces phares de l’éponyme, revisitées pour l’occasion et bien souvent agrémentées de folles impro et de structures modernisées (“The Child You Were”, “Children of The Night”, “She Pretends” en rappel). Même “fancy”, l’un des seuls titres du troisième album proposé ce soir aux côtés du cover de “Couleur menthe à l'eau”, sera interprété de façon bien plus raffinée. L’enchainement “Isabella”, “The Sinner”, ravivera la flamme de Rust & Gold, mis en avant par une maligne scénographie constituée d’ampoules frôlant le sol, et “How Much (You Want Her)”, débridera définitivement les plus réticents. Les morceaux de Lost & Found s’insérerons donc parfaitement dans cette setlist variée et aérée (le dansant “Internet”, le single “Let Her Go” en guise de conclusion), avec une déception tout de même à la découverte de “All Day” interprété sur bande son et bridant le groupe de tout écart à la version studio.
Outre ce petit incident de parcours, c’est un groupe content d’être à sa place qui s’est présenté à Strasbourg ce soir, batteur et bassiste se cherchant régulièrement du regard pour faire groover synergiquement son public, le sourire aux lèvres. Se prêtant régulièrement à quelques disgressions de styles très électroniques (on pensera plus d'une fois à Parcels et leurs lives époustouflants aux allures clubber), le groupe peut désormais se targuer d’une certaine expérience permettant de rassasier une audience de plus en plus large et de mettre en scène un déroulé des plus éclectiques. Nous avons finalement reçu la preuve ce soir qu’après ces 12 années passées, Isaac Delusion est toujours en mesure de rester pertinent sur une scène indie-pop de nos jours plutôt fragile à l’intérieur de nos frontières.
Setlist :
The Child You Were
Fancy
Lost and Found
All Day
Early Morning
Couleur menthe à l'eau
Isabella
The Sinner
Internet
How Much (You Want Her)
Children of the Night
Make It
Distance
Rappel:
Everyone is Dreaming
She Pretends
Let Her Go