C'est dans le Nord au Splendid de Lille qu'Anna Calvi a enfin fait escale ce samedi 1er octobre 2011. La blonde hitchcockienne s'est arrêtée dans la métropole lilloise pour un concert court et sans surprises.
Mais avant c'est le quatuor charentais
Frànçois & The Atlas Moutain qui ouvre le bal. Leur nouvel album
E volo love qui est sorti ce lundi 3 octobre, a été signé sur le label anglais
Domino, comme une suite logique à leur succès pendant les découvertes du Printemps de Bourges ou lors du
Chantier des Francos ! Frànçois and The Atlas Moutain, c'est d'abord François Marry : compositeur interprète, il commence une carrière en solo en 2003 après s'être installé à Bristol, où son premier album sort en 2004 :
Les Anciennes Falaises.
E volo love profite de ses récents voyages au Sénégal et en Colombie, desquels Frànçois a ramené entre autres quelques rythmes africains (
"Edge of Town
") ...
Surprenant et spontané sur scène, le groupe emmène le public dans un doux tourbillon de percussions tribales et d'harmonies vocales. Mêlant l'anglais au français dans leurs compositions (
"Je suis de l'eau
"), leur son évoque parfois Fleet Foxes,
Here we go magic et les textes
Dominique A ou Jean-Louis Murat ... C'est un univers onirique et poétique, parfois mélancolique qui est décrit par Frànçois. En live, la richesse des textes se marie parfaitement aux mélodies enjouées et on se laisse emporter par ce son pop. Cette belle surprise et cette énergie créative font qu'on regrette que le set se soit terminé si vite.
Mais il est déjà l'heure découvrir
Anna Calvi en live, entourée des ses musiciens : Mally Harpaz (percussions) et Daniel Maiden-Wood (batterie). Cette jeune anglaise, âgée d'à peine 23 ans, a déjà été encensée par les critiques après un premier concert parisien en novembre 2010. Guitariste appliquée, elle s'imprègne pendant plusieurs années des musiques de Django Reinhardt,
Jimi Hendrix ou encore Ravi Shankar. Son premier album, sorti en janvier, a été enregistré à Angers (
Black Box Studios) et produit par Rob Ellis (Scott Walker, Martina Topley Bird).
Coiffée d'un chignon, d'une blouse rouge et d'un jodphur noir, Anna cache son jeune âge et expose son talent avant tout. En effet, cette beauté froide a déjà fait tourner bien des têtes (Nick Cave, Brian Eno) grâce à sa virtuosité, et couler beaucoup d'encre parmi les critiques. Mais concrètement pas d'émotions renversantes pour le public pendant ce concert : les yeux fermés, haut perchée sur des talons aiguilles noirs, elle débute dans l'obscurité un superbe et long solo à la guitare (
"Rider to the Sea
") et enchaine sur
"No more words
", à la fin duquel l'atmosphère retombe presque comme un soufflé. Certes, il y a de quoi être impressionné : concentrée, sa technique à la guitare est totalement maitrisée, sa voix est puissante, presque trop : souvent sa bouche est déformée, son visage se crispe, ses sourcils sont froncés (
"Blackout").
Evidemment elle est superbe, mais finalement ses compositions s'avèrent être d'un classicisme totalement ennuyeux en 2011 : Même si certaines de ses chansons pourraient illustrer parfaitement un James Bond des années 80 ("Suzanne and I"), ou encore une intrigue plus récente à la Almodovar, on compte les minutes pendant son récital. La technique de la virtuose vient souvent au détriment de l'action scénique et de sa musicalité.
La sensation retour vers le passé atteint son paroxisme pendant sa reprise "Surrender" du King : Singerait-elle le ton de la voix d'Elvis ? Bon on imagine que de nombreux mâles ce soir là ont eu justement envie de capituler devant ces grands yeux bleus ... Néanmoins on frise la caricature voir l'autoparodie avec les titres "The Devil" et "Desire" où elle se décroche littéralement la mâchoire.
Par ailleurs, la salle ne montre pas d'enthousiasme débordant, même si quelques cris d'admiration fusent ici et là, ce n'est pas non plus l'effervescence. Dans cette ambiance un peu trop intimiste, chacun écoute religieusement les morceaux d'Anna Calvi, mais l'émotion reste cruellement absente à mon sens. Pourtant : instant de grâce à la fin de son récital avec "Love won't be leaving", dont l'introduction pourrait être écrite par PJ Harvey. 7 minutes 24 secondes où la voix d'Anna se fait enfin suave et où les accords de sa guitare nous emmène dans des chevauchées presque fantastiques, à travers les grandes plaines et les canyons de l'Ouest américain.
Enfin, pendant le rappel, elle fait mine de parler avec les spectateurs pour l'interprétation de Jezebel :
"Would you like it in french or in english ?" Ok, ce sera
"Both". Cette reprise de Piaf aussi interprétée en français par Aznavour, illustre encore une fois la montée en puissance de sa voix. Avec quelques couplets en français, elle fera honneur au Splendid qu'elle quitte, avant de revenir bientôt dans l'hexagone à
l'Olympia le 7 novembre 2011.
Setlist Frànçois and The Atlas Moutain :
1 Les plus beaux (LPB)
2 Edge of towwn (Edge)
3 Vie dure
4 Forest
5 Je suis de l'eau (Be water)
6 Piscine
Setlist Anna Calvi :
1 Rider to the Sea
2 No more words
3 Blackout
4 I'll be your man
5 First we kiss
6 Surrender
7 Morning light
8 Wolf like me
9 Suzanne and I
12 Love won't be leaving
Rappel
1 The devil
2 Jezebel