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Compte-rendu de concert


Date : 12/06/2016
Salle : Machine du Moulin Rouge (Paris)
Première partie :

Pour changer des groupes bien établis, Albumrock a décidé d'aller prendre la température de la scène locale lors d'une des finales du concours Emergenza. Une soirée en demi-teinte...

Raphaëlle, le 20/06/2016
( mots)

Le festival Emergenza existe depuis 10 ans et dans 20 pays. C’est un concours musical destiné à mettre en avant des groupes prometteurs des scènes locales, partout en Europe. Avec un tel programme, on se dit qu'on trouvera forcément une petite pépite parmi leur affiche française, malgré l'opacité de l'organisation générale du bazar.

Le festival organisait ce week-end les 4 finales du concours parisien (quand je vous disais que c’était obscur: 4 finales, il n'y a que moi que ça choque?), en présence d’un jury de professionnels. C'était donc l'occasion de prendre le pouls de la scène rock parisienne le samedi soir ou le dimanche soir, chaque soir mettant en avant 16 finalistes (donc deux finales de 8 groupes qui ont été mixées. Vous suivez ?). Précisons enfin que l’unique méthode de sélection jusqu’ici reposait sur le principe de la main levée comptabilisées à l’arrache, système sur lequel nous reviendrons plus tard.

 

Avant toute chose, l’honnêteté m’oblige à vous avouer que je n’ai pas relevé le défi en enchaînant les 32 concerts. Pas de marathon Emergenza pour moi, ni d’ailleurs de semi-marathon puisque je dois également avouer que je n’ai pas eu le courage de venir dès 18h pour les 16 concerts du dimanche.

Voilà, c’est dit. J’arrive donc à 20h30 pour le début du show de Blood of the green et je dois admettre que je ne m’attendais pas à ça. Sur scène, cinq types grimés en pirates écossais (jack sparrow en haut, kilt écossais en bas) proposent un joyeux mélange à base de musique celtique et de rock. Le résultat est un énorme bazar avec une énergie délirante. Leurs fans sont venus en masse eux aussi déguisés dans cet esprit pirate improbable. Tout de suite après leur performance (quatre titres par groupe, le jury donne son avis. On n’est qu’à un bouton bleu ou rouge d’un célèbre télé-crochet…). Saluons dès maintenant la qualité des interventions du jury. Forcément contraint par l’exercice qui consiste à dire ce qu’on pense sans donner l’impression de dézinguer puisque le concours n’est pas terminé, les quatre membres (masculins !) arrivent à complimenter les efforts tout en pointant les faiblesses des groupes. En ce qui concerne Blood of the Green, ils saluent tous leur énergie et leur look détonnant, tout en soulignant que ça n’a rien de nouveau (coucou Matmatah).

On enchaîne ensuite avec Old Trip, qui arrive sur scène dans un nuage d’accords psychédéliques. Les fans pirates s’éloignent de la scène et des curieux viennent les remplacer, quoique moins nombreux, tandis que le guitariste égrène ses accords. À la surprise générale arrivent alors une choriste et un rappeur au bel accent anglais tendance the Streets. Leur fusion est soutenue par un leader charismatique et une bonne section rythmique. Rien de révolutionnaire là non plus, pointe le jury qui salue la performance du bassiste (ils le primeront d’ailleurs au titre de meilleur bassiste de la soirée).

On enchaine avec By The Bridge, dont j’ai reçu une description papier à l’entrée. Et voici les rois du buzz words : power rock, riff mélodieux et puissants, chanteuse charismatique, et des influences allant de des Arctic Monkeys à Rage Against the machine. Tout un programme… Il faut admettre que la chanteuse est effectivement charismatique : elle bouge bien et regarde le public droit dans les yeux. Ses acolytes tiennent la maison avec rigueur, envoyant un son lourd et gras. Justement, ce son, parlons-en : déterminés à envoyer la purée, By The Bridge oublie totalement le moindre concept de nuance. Dès que le gros son est envoyé, la pression ne redescend jamais. Cela pourrait être une qualité mais chez eux c’est plutôt contre-productif car ils finissent tout simplement par nous perdre en route. Ils sont aussi très collés à leurs références, comme en témoigne ce refrain rappé (avec succès !) par la chanteuse : "I don’t wanna know why you hate me" qui sonne étrangement proche de "Fuck you I won’t donc what you tell me"… Le jury pointe d’ailleurs aussi ce manque de respiration ou de variations, tout en soulignant la présence scénique du groupe.

Red Shift prend ensuite la relève. Leur rock musclé est tout à fait convaincant, même si les connaisseurs du genre trouveront sûrement cela déjà entendu. D’ailleurs, c’est ce que le jury leur fait remarquer. Personnellement je trouve que leur prestation relève le niveau du concours.

Trois garçons en costumes font leur entrée pour du rap posé sur quelques accords de guitare. Malgré le petit côté rétro sympathique, ce n’est pas mon style préféré et je préfère m’accorder une petite pause. Je loupe Kellem dans la foulée, hypnotisée par la foule d’irlandais agglutinée sur le trottoir devant la Machine du Moulin Rouge.

Je reviens à temps pour assister au show délirant de Paroxyst. Le groupe est composé de sept rappeurs très en verve qui arpentent la scène en déversant sur le public conquis leur flow redoutable. Malgré cette énergie de feu, leurs chansons manquent de refrains fédérateurs auxquels se raccrocher.

Kyte clôture cette soirée en apportant, selon les mots du jury, “une vraie touche de fraicheur”. Le groupe déploie en effet de très jolies harmonies (qui seront d’ailleurs distinguées par un prix) et fait preuve un plaisir évident d’être sur scène. Leur son qui tire vers la country et la folk est moins électrique que les groupes précédents, même si le guitariste se fend de quelques solos menés de main de maître. Dans l'ensemble, je trouve leur prestation nettement plus au point que celles de leurs prédécesseurs.

Pas le temps de souffler, le meneur de la soirée enchaine avec la remise des prix en annonçant directement les groupes qui n’ont pas été retenus dans les 15 premiers (sur quels critères? Mystère…). Puis il annonce le classement des groupes pré-sélectionnés en remontant du 15ème au premier, le tout entrecoupé de prix des meilleures harmonies (attribué à Kyte comme je le disais), des prix pour les musiciens (mention spéciale au bassiste de Old Trip) et un prix pour le chant. Le suspens est insoutenable pour les groupes mais de courte durée, car l’annonce des résultats est menée tambour battant. Je m’éclipse juste avant que le jury ne couronne the Jekylls comme les grands gagnants.

Finalement, j’ai le sentiment que ce festival ne se montre pas à la hauteur des attentes qu’il suscite. Le classement final n'est pas disponible sur le site internet d’Emergenza, classement par ailleurs totalement incompréhensible ! Le travail des artistes ne me semble pas assez reconnu. On peut par contre saluer leur efficacité en béton armé pour l’organisation de la soirée: faire défiler 16 groupes sans jamais prendre de retard, c’est un tour de force! Soirée en demi-teinte donc... D'autant plus qu'il y a encore d'autres finales nationales avant de tenter leur chance à la finale internationale.


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Les explications pour éclaircir le mystère de la qualification sont arrivées plus tard:

"Le festival fête ses 20 ans en France et se déroule dans 26 pays. Plus de 900 groupes se sont inscris cette année (en France uniquement) et 54 se sont qualifiés pour les finales. Nous organisons donc 2 finales nationales - se déroulant sur deux soirs - en accueillant 13 groupes les soirs de concert au Trianon et 14 à la Machine du Moulin Rouge. Les finales fonctionnent donc par week-end : le public qualifie chaque soir (par vote à main levé) les 6 groupes qui seront par la suite départagé par le jury (qui reste évidemment le même les deux soirs.). C'est la raison pour laquelle 15 groupes n'ont pas été retenus et que les 12 autres ont été présélectionnés et départagés par le jury. Dernier petit point, c'est Kellem qui a remporté son ticket pour la finale internationale au Taubertal Festival en Allemagne. Les Jekylls étaient en finale régionale au Transbordeur à Lyon"

Commentaires
jojo, le 20/06/2016 à 09:56
On a participé à l'arrache avec mon groupe (on a fait deux tours avant de se faire dégager, la première avec Blood of the Green d'ailleurs haha), et je confirme que pour l'accession au gap suivant, il faut ramener du monde, car la plupart des gens qui votent pour le groupe sont les amis du groupe (en tout cas, si le groupe est inconnu au bataillon). Le second tour a particulièrement été frustrant sur ce point, les groupes remportant la mise étant de jeunes lycéens ayant ramené l'ensemble de leurs classes (je caricature peut-être). Et quand je dis "ramener du monde", c'est en fait leur vendre des pré-ventes (déjà pas données) pour éviter qu'ils payent encore plus cher le jour J. Bref, c'est quand même sympa de faire de belles scènes, et les organisateurs sont sympas (surtout qu'on a été repêché par eux au 1er tour :) ). Mais l'expérience est plus éprouvante que sympathique, et cela ne donne pas vraiment envie de recommencer.