Contrairement à ce que l’on pense, le rédacteur (la rédactrice) rock n’est pas, même s’il (elle) aime entretenir cette légende, un être mystérieux et omniscient qui ne s’abreuve que de la musique du Diable. Derrière la collection officielle de disques qui occupe les étagères du salon, il y a un "Enfer", cette alcôve où sont cachées des œuvres épouvantables et "interdites". Ces musiques maudites doivent rester à l’abri du regard et de l’ouïe car elles pourraient dévaster la réputation de leur propriétaire auprès de ses pairs ou de ses lecteurs et lectrices. Les albums de l’Enfer ne sont écoutés que dans le plus grand secret (tentures fermées, éclairage tamisé et, évidemment, casque sur les oreilles).
Heavy Rotation dévoile les trois titres qui ont été réellement écoutés en boucle par les membres de la rédaction durant ces derniers jours. Alors, bienvenue au Paradis ou bienvenue en Enfer ?
Daniel
Daft Punk – "Harder, Better, Faster, Stronger". Quoi de mieux que de copier la "play -list Sport" exclusive de Mick Jagger ? Je passe également quatre matinées par semaine à la salle de fitness et ce titre est parfait pour entamer la session cardio. Un ultime bâillement pour effacer les dernières ombres de la nuit et on attaque en pleine lumière ! Harder !
James Brown – "Sex Machine". Pour animer les trente minutes de "Full Body". En force mais en souplesse. Avec cet instant magique où l’empereur du funk invite sa section de cuivres à le conduire jusqu’au pont (qui mène à l’extase). Et 1, et 2 et 3 et 4 ! Penser à surveiller ses pulsations sur la montre connectée !
Nancy & Lee – "Summer Wine". Comme dit un des petits rockers de l’APR, on passe ici du Coca Light. Avec un peu de douceur perverse pour revenir dans le monde ordinaire des vivants. Etirements pour tout le monde ! Et le vin d’été est à 0,0° d’alcool, évidemment ! Rien que du raisin et de la sueur !
François
Mammoth - "Change the Run". Juste pour le plaisir de mettre en avant une rareté sudiste de la fin des 1970's découverte par hasard dans la semaine - pour les amateurs de Lynyrd Skynyrd, Blackfoot ou Molly Hatchet.
Liar Thief Bandit - "Peace with Disaster". Extrait de leur dernier EP du même nom, un tuerie qui fait de Liar Thief Bandit les plus grands héritiers de l'action-rock des Hellacopters - et personne ne le sait ...
Grauzone - "Eisbär". Quand Stephan Eicher faisait des choses intéressantes - si vous aimez Kraftwerk et les ours polaires.
Valentin
St Vincent - "Broken Man". Au moins dix ans que l'on n'avait pas entendu un titre d’Annie Clarke aussi grave et abrasif, avec un son de guitare lourd comme du stoner, une rythmique industrielle pesante et un chant presque volcanique, en permanence sur le fil de l’embrasement. Difficile de ne pas penser aux titres les plus épais de PJ Harvey et Sleater Kinney. On notera également la contribution solide de Dave Grohl derrière les fûts pour le dernier segment de ce “Broken Man”, qui lui permet d’atteindre une intensité à la hauteur de son impressionnant développement.
Maruja - "The Invisible Man". Knocknarea était peut-être l’EP le plus prometteur de 2023 et ce niveau single complexe et passionné monte encore les attentes d’un cran pour Maruja, un groupe dans la lignée du rock expérimental que l’on pouvait par exemple trouver sur le premier Black Country, New Road, soit une musique à la croisée du post-punk, du post-rock et de l’art rock.
Yard Act - "Grifter’s Grief". Une ligne de basse invincible pour nous guider entre les synthétiseurs éblouissants et les guitares acides de Yard Act, comme si Damon Albarn était finalement devenu punk et cynique avant de ressortir la boule à facettes pour Gorillaz.
Franck
Electric Callboy - "Everytime We Touch (TEKKNO Version)". Parce que dans Heavy Rotation on peut tout se dire : "Everytime We Touch (TEKKNO Version)", une reprise en mode metalcore de Cascada par Electric Callboy, est un de mes indispensables du matin ! Improbable, débile et ravageur, cette chanson met une patate d’enfer pour débuter la journée !
Susanne Sundfør - "It’s All Gone Tomorrow". S’il ne m’a pas totalement convaincu, le dernier album de Susanne Sundfør m’a donné envie de me replonger de manière intensive dans le reste de la discographie de la Norvégienne. Alliant avec brio le symphonique et la pop dans un ensemble aussi imparable qu’ambitieux, "It’s All Gone Tomorrow" issu de la l’album The Brothel (à découvrir sans plus attendre si ce n’est pas déjà fait) fait partie des morceaux que je pourrais écouter inlassablement.
The Last Dinner Party - "Caesar on a TV Screen". Faisant partie des révélations les plus exaltantes de ce début d’année, le quintette féminin enchaine les titres tous plus redoutables les uns que les autres. Sobre et entêtant, "Caesar on a TV Screen" constitue à ce titre un choix des plus judicieux pour animer vos playlists !
