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Critique d'album

The National


High Violet


(11/05/2010 - 4AD - Indie Pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Terrible Love / 2- Sorrow / 3- Anyone's Ghost / 4- Little Faith / 5- Afraid Of Everyone / 6- Bloodbuzz Ohio / 7- Lemonworld / 8- Runaway / 9- Conversation 16 / 10- England / 11- Vanderlyle Crybaby Geeks
Note de 4/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Ce n'est pas la grâce qui touche The National, c'est l'inverse. "
Kevin, le 15/05/2010
( mots)

High Violet reprend les affaires là où Boxer les avait laissées. Ou, pour être précis, High Violet est la légitime étape suivante, de la même façon que Boxer s'était imposé comme l'étape post-Alligator. En trois albums, sans être une véritable trilogie, The National a absorbé trois étapes essentielles de la vie d'un Homme. L'insouciante et pleine de doute adolescence, la nostalgie de ce qu'a perdu le jeune adulte, et dorénavant, la crise de l'adulte qui assume ses sentiments, et au final, comprend qu'il n'a pas d'autres choix. The National poursuit son pèlerinage au cœur de la vie courante, cherchant au plus profond de cette constante routine un écho plus aléatoire pour abattre les certitudes. Matt Berninger couche sur le papier ses peurs, ses craintes sur le temps qui passe, et sur la vie d'un homme qui presque malgré lui, évolue et prend de l'ampleur. 

Musicalement, le groupe poursuit dans la veine qui a fait de The National l'étendard américain du mid-tempo rock classieux de la décennie écoulée. La voix de Matt, toujours aussi délicieusement désabusée et grave, se réjouit d'être par instants amplifiée, et la panoplie grandiose de leur musique se développe dès les premières mesures. Le son identifiable du groupe est toujours aussi immersif, et ils le doivent en grande partie à l'impeccable batteur Bryan Devendorf. Tout l'album se baigne dans l'exactitude de ses rythmes, cassant et restructurant chaque mélodie d'un coup de baguette martiale, comme un chef d'orchestre tyrannique et diablement inspiré. Il suffit d'écouter l'épique single "Bloodbuzz Ohio" pour comprendre cette omniscience, pourtant si rare dans les groupes indés. 

Et ce single, parlons-en. Car il constitue avec le non-moins excellent "Anyone's Ghost" le quota de pop-songs ardentes à la fois accessibles et intellos, un bouquet qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le duo "Brainy"-"Slow Show" de Boxer. Des titres qui courent à toute allure et qui laissent un goût amer dans la bouche, trop fugaces pour être dérangeants mais trop imposants pour que l'on n'y revienne pas. L'Ohio est ici évoqué car il est la terre-patrie du quintet exilé à Brooklyn, et Matt le chante sans douleur, tel celui qui accepte désormais son déracinement, même s'il est parti à contre-cœur.

L'ensemble de ces onze titres est une collection d'histoires à plusieurs entrées. Des histoires dans lesquelles l'auditeur est totalement happé par la voix rauque et désenchantée du chanteur. Il dévoile un talent de story-teller entrevu jusqu'alors, armé de sa voix profonde, qui traîne sa peine comme une bête blessée traîne sa patte. Avec ses allures de dandy ivre, il hante chaque chanson plus nettement que précédemment, et il a gagné une assurance nouvelle lui permettant de délivrer plus d'émotions, laissant ainsi les restrictions des albums précédents au placard. Car personne d'autre que lui ne saurait chanter l'amour déçu avec tant de brio, tant sa fausse nonchalance et sa voix hypnotique rendent le mélo absolument essentiel. En témoigne le poignant "Afraid Of Everyone" dans lequel le chanteur figure sa nouvelle paternité, et les responsabilités qui en découlent : celles d'un homme qui se doit d'être accompli et protecteur, enfermé dans son costume de père de famille. 

C'est l'une des petites révolutions de High Violet. Si par le passé, Berninger se contenait, pudique ou trop peu confiant en ses capacités, il dévoile aujourd'hui des trésors enfouis d'émotions fortes, faisant trembler sa voix sur "Afraid Of Everyone", mais aussi sur "Little Faith" ou "Runaway".  Et s'il nous paraît ainsi plus proche de nous, il n'en tombe pas pour autant de son superbe piédestal de distance et de pudeur, mais apparaît simplement comme plus humain et plus sensible qu'auparavant. Il en devient d'ailleurs difficile d'évoquer les moments forts de ce High Violet, tant tous les morceaux ou presque sont des pépites. Mais certains brillent d'un éclat nouveau, même parmi le catalogue pléthorique de The National. Notamment "Conversation 16", seul titre où rien ne semble grave, alors que tout l'est, il semble tout à fait hors du temps, en apesanteur. Et cette flottante atmosphère de road-trip sous la pluie lui confère avec le temps, un statut de curiosité bizarre, presque malsaine. On pourrait également citer "England" qui semble tout droit sorti de l'Illinois de Sufjan Stevens, ou le poignant "Vanderlyle Crybaby Geeks" et son ensemble de cordes lancinantes. 

Il était difficile pour le groupe de faire aussi bien que Boxer sans jamais se caricaturer ou se copier. Et même si Boxer hante ce nouvel album, High Violet catapulte, si c'était encore nécessaire, The National dans le firmament. Ils ont su propulser leur musique dans l'indispensable, dans l'addictif, sans réellement changer la recette, mais en la gonflant d'une humanité bouleversante. Leur talent intact a fait le reste, et envoie un bâton de dynamite dans la mare. Il y aura, très certainement, un avant et un après High Violet. En tout cas, c'est déjà le cas pour votre humble chroniqueur.

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