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Critique d'album

The Divine Comedy


Regeneration


(09/03/2001 - Parlophone - - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Timestretched / 2- Bad Ambassador / 3- Perfect Lovesong / 4- Note to Self / 5- Lost Property / 6- Eye of the Needle / 7- Love What You Do / 8- Dumb It Down / 9- Mastermind / 10- Regeneration / 11- The Beauty Regime
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"En pleine renaissance artistique, Neil Hannon troque le baroque pour le rock"
Quentin, le 11/09/2023
( mots)

Personnage atypique s'il en est dans le paysage musical britannique, Neil Hannon explore les moindres recoins de la pop baroque et symphonique depuis plus de 30 ans dans le sillage de ses maîtres Scott Walker ou encore Bacharach. Réputé pour sa voix de velours, ses arrangements lyriques ainsi que pour ce soupçon de flegme et d'humour typiquement british qui le caractérise, l'Irlandais a fait sienne la figure du crooner classe et romantique avec une discographie assez homogène qui ferait fuir tout amateur de rock alternatif qui se respecte.


Et pourtant. A l'aube du second millénaire, le dandy irlandais a déjà composé plusieurs albums remarqués dont un Fin De Siècle particulièrement grandiloquent mêlant ballades orchestrales et pop de chambre et porté par un "Generation Sex" satirique devenu un des grands classiques du groupe. Conscient d'avoir poussé au maximum ses aspirations baroques et soucieux de ne pas s'auto-parodier, Neil Hannon souhaite alors se renouveler dans son approche musicale en y apportant une dimension plus expérimentale et rock. Il se sépare de son label précédent et va faire appel à Nigel Godrich, désormais célèbre pour son travail aux côtés de Radiohead après la sortie d'Ok Computer en 1997 et s'engage dans un processus d'écriture plus collectif avec pas moins de sept musiciens.


Si le tournant plus électrique pris par The Divine Comedy aux côtés du producteur anglais va décontenancer les fidèles de la première heure, Regeneration reste cependant la synthèse parfaite entre les prouesses vocales de Neil Hannon, son tempérament pour la dramaturgie et des arrangements moins boursouflés qui permettent de sublimer le talent de mélodiste hors-pair de l'Irlandais.


Le superbe morceau d'ouverture fait d'ailleurs état de cette propension nouvelle à délaisser l'opulence du mille-feuilles orchestral pour magnifier davantage une mélodie aérienne seulement accompagnée d'une guitare acoustique et de quelques nappes de synthétiseurs en apesanteur. Ces fioritures atmosphériques propres au travail de Nigel Godrich se ressentent également particulièrement sur le très délicat "Eye of the Needle", dépouillé de toute ornementation superflue qui viendrait ternir l'éclat mélancolique du titre ou sur "Dumb it Down" et son motif de guitare éthéré et ses divers bruitages d'ambiance qui contribuent à donner au titre une atmosphère crépusculaire.


De fait, Neil Hannon et Nigel Godrich ont dépoussiéré les épais rideaux de velours de la pop baroque pour laisser entrer la lumière et la sobriété des arrangements vient faire briller d'un nouvel éclat "Mastermind" avec des cordes qui accompagnement le superbe flot mélodique guitare/voix/piano sans envolée sirupeuse. Idem avec la ballade conclusive "The Beauty Regime" où Hannon dénonce la dictature du paraître qui inonde les magazines axés sur l'image et invite chaleureusement l'auditeur à s'en détourner pour ne pas être esclave du regard des autres.


Mais toute la promesse du renouveau artistique du dandy irlandais réside dans un seul morceau, une bombe mélodique comme on en compose qu'une seule fois dans toute une carrière, le titre qui vous marque irrémédiablement à la première écoute. Avec "Lost Property", Neil Hannon met en boite un petit bijou et énumère sur une instrumentation belle à en pleurer ces objets anodins du quotidien que l'on finit inexorablement par perdre comme un symbole du temps qui passe. Reste que ces arpèges de piano constituent certainement un legs pour l'éternité.


Plus sombre et mélancolique, Neil Hannon renoue également avec des titres pop et lumineux comme le titre phare de l'album, "Bad Ambassador", et ses envolées croisées de guitares électrique et acoustique particulièrement réussies, l’entraînant "Perfect Lovesong" qui se réclame dans le texte des Beatles ou des Beach Boys ou encore "Love What You Do" et son refrain accrocheur arrosé de glockenspiel, de synthétiseur et de flûte à bec bien dosés tandis que les chœurs montent dans un crescendo du plus bel effet.


Enfin, il s'agit du seul album de The Divine Comedy qui s'autorise un phrasé plus rock, tout d'abord avec le claustrophobique "Note to Self" et son ostinato hypnotisant qui rappelle un échange de ping-pong tandis que Neil Hannon décline son mal-être chaque jour de la semaine avant de tout envoyer bouler sur un break de guitare qui fait office de pont dantesque. "What the fuck is happening ?" s'y époumone l'Irlandais et l'auditeur habitué des compositions de the Divine Comedy se le demande certainement également. Ensuite, et c'est suffisamment rare dans la discographie de l'Irlandais pour être souligné, Neil Hannon met à l'honneur un puissant riff de guitare au cœur du titre éponyme conçu comme une apothéose jouissive permettant d'évacuer la tension du couplet. Une réussite.


Ce changement de direction modestement salué par la critique mais bien plus décrié par les fans (les plus obtus) sera rapidement enterré par Neil Hannon lui-même avec la dissolution du line-up de l'époque et un retour aux sources symbolisé par le très orchestral Absent Friends paru en 2004, bien moins intéressant malgré un "Our Mutual Friend" à tomber par terre. Regeneration, ou un album considéré comme un bug de l'an 2000 avec un élan qui sera bien vite essoufflé, mais que ne nous empêchera de réécouter à l'envie "Lost Property" et sa superbe mélodie. « Il n’y a pas assez de lignes sur la portée pour capturer la musique dont j’ai envie » chante Neil Hannon sur le titre d'ouverture de Regeneration. Peut-être, mais c'était déjà franchement pas mal.


 

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