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Critique d'album

Screaming Trees


Clairvoyance


(01/01/1986 - Velvetone - Grunge - Genre : Rock)
Produit par

1- Orange Airplane / 2- You Tell Me All These Things / 3- Standing on the Edge / 4- Forever / 5- Seeing and Believing / 6- I See Stars / 7- Lonely Girl / 8- Strange Out Here / 9- The Turning / 10- Clairvoyance
Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Bis repetita, mais en mieux : un premier album qui lance vraiment les Screaming Trees"
Nicolas, le 25/08/2023
( mots)

On prend les mêmes et on recommence, mais cette fois-ci en affinant le tout. Six mois après l’immortalisation d’Other Worlds (cf ici pour le début de l’histoire), voilà que les Screaming Trees remettent le couvert pour leur premier disque studio, Clairvoyance, soit dit en passant le premier album grunge “officiel” (on passera sous silence le troublant disque studio de Ten Minute Warning, cf ici pour recoller les morceaux). Donc, même équipe de camés craignos dans l’esquif (Lanegan-Pickerel-Conner brothers), même Steve Fisk à la production, même Creative Studio comme lieu du crime, même Velvetones à la diffusion et à la distribution. Et pourtant c’est vachement mieux.

Il n’y a qu’à écouter “Orange Airplane” pour s’en rendre compte. Sample vocal enfantin qui répète le titre du morceau jusqu’à l’aliénation, guitare un peu plus rêche au riff hypnotique, tempo enlevé, chanteur enfiévré et concerné, voilà un morceau qui accroche et qui met en valeur un effectif qui montre enfin de quoi il est capable. Qu’on ne s’y méprenne pas : si les Screaming Trees sont estampillés grunge, on reste ici dans un rock psychédélique un peu musclé mais limpide qui n’a rien à voir, mais alors rien à voir avec le punk ni le metal. On parle donc de proximité géographique mais pas du tout stylistique : le rapprochement viendra plus tard, quand les Trees migreront justement d’Ellensburg vers Seattle. Sur Clairvoyance, les Doors ne sont jamais très loin, en témoigne un “You Tell Me All Theses Things” cogné, autant garage qu’orientalisant. Le disque voit surtout Mark Lanegan sortir de ses gonds et laisser exprimer son organe - qu’il a grand. On le connaîtra plus rocailleux sur sa carrière solo ou chez les QOTSA, il reste ici clair mais un tantinet acide, très à l’aise, très habité. Un titre comme “Standing On The Edge” en témoigne, avec deux octaves balayés à l’aise et des fins de phrases racées et crissantes tandis que la balade des cordes va visiter l’inde et ses provinces lointaines. Mais les Trees sont loin de ne se résumer qu’à leur talentueux chanteur : Gary Lee Conner lui aussi y va de sa touche personnelle avec un jeu typé sur “Forever”. Répétitions dissonantes, larsens déstructurés, phrasé fluide, tout gagne en qualité et en pertinence. Dès lors, on peut se laisser capter par l’univers fantasmagorique et onirique de l’équipe, soulignée par des textes gentiment surréalistes et hallucinatoires où mort et amour côtoient les éléments les plus destructeurs. Dans “Strange Out Here”, sorti par une froide matinée de printemps, le narrateur s’égare dans ses rêves avant de prendre le train, de passer au-dessus de hautes montagnes pour arriver jusqu’à la mer, là où celle qu’il aime l’attend sans doute. Mi chantée, mi parlée, la chanson s’achève sur les éclats de rire de Lanegan, perdu dans sa propre folie.

Clairvoyance se montre nettement plus qualitatif (cf “The Turning”, repris de l’EP mais ici nettement mieux travaillé et fignolé) mais aussi beaucoup plus varié qu’Other Worlds. Si le western spaghetti s’invite sur “Lonely Girl”, très réussi avec son jeu de réverb classieux, “Clairvoyance” va explorer des contrées beaucoup plus glauques aux sonorités angoissantes que domine de bout en bout la frappe précise et dominatrice de Mark Pickerel, mais Lanegan a tôt fait d’y remettre de l’ordre et d’asservir tout le monde sous l’étendard de sa voix puissante. Du bel ouvrage que tout cela. Du très bel ouvrage, même. Manque peut-être un peu de nerf et de stupre, un peu de son aussi (vive la saturation des années 90), moyennant quoi ce premier album convainc facilement. Il convainc au moins autant qu’il a fait un four à sa sortie, mais qu’importe : présenté aux bonnes personnes, Clairvoyance a quand même permis aux Screaming Trees de signer chez SST, ce qui n’est pas rien. En attendant une consécration qui… eh bien qui ne viendra jamais, ce qui est tout de même malheureux. Mais bon, l’histoire est encore loin d’être terminée. Suite au prochain numéro !

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