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Critique d'album

PJ Harvey


Is This Desire ?


(29/09/1998 - Polygram Records - - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Angelene / 2- The Sky Lit Up / 3- The Wind / 4- My Beautiful Leah / 5- A Perfect Day Elise / 6- Catherine / 7- Electric Light / 8- The Garden / 9- Joy / 10- The River / 11- No Girl So Sweet / 12- Is This Desire ?
Note de 4/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
""
Aurélie, le 24/11/2003
( mots)

PJ Harvey est le chef de file de cette nouvelle génération d'auteurs-interprètes féminines au caractère bien trempé apparue au début des années 90. Terriblement douée, elle est l'archétype de l'artiste complète puisque, non contente de jouer de la guitare, du saxophone et du piano, elle écrit aussi des poèmes - dont certains ont déjà été publiés en Angleterre -, s'adonne à la sculpture et dessine de façon plus que convaincante.
Enregistré à Londres et dans le Dorset natal de la chanteuse, Is this desire ? est le cinquième album de Polly Jean Harvey, son plus court aussi : 40 minutes seulement. Et le moins qu'on puisse en dire à la première écoute, c'est qu'il pose plus de questions qu'il n'en résout. La chanteuse s'y montre une fois de plus inquiète, torturée, hantée par ses démons intérieurs. Le seul moyen pour elle d'affronter le monde semble être d'assumer une succession d'identités. Dans cet album sorti en 1998, elle est donc tour à tour Angelene, une prostituée à la recherche de l'amour, Leah, une folle qui lui ressemble étrangement ("black hair, brown eyes") et enfin Joy, jeune femme en quête d'extase, dans la chanson éponyme à dominante électro.
La place importante allouée à la musique électronique constitue justement l'une des plus grandes innovations de cet album. PJ Harvey démontre à ceux qui en doutait encore qu'elle sait faire évoluer son style et qu'elle refuse le status quo musical. On est loin ici de la sécheresse des arrangements de Dry (OK, mauvais jeu de mot). Is this desire ? voit se succèder vides et pleins, guitares saturées dans "The Sky Lit Up" ainsi que sur le trop court "My Beautiful Leah" puis piano désincarné sur "Angelene", rythmes puissants et syncopés sur le single "A Perfect Day Elise" puis minimalisme saisissant dans "Electric Light". Les titres font alterner le rythmique et le mélodique sans transition aucune (voir l'enchaînement pour le moins surprenant entre "Joy" et "The River"). La voix de Polly Jean joue de même sur des registres radicalement différents, multipliant les acrobaties. On reste stupéfait devant la facilité avec laquelle elle abandonne les suraigus frêles de "The Sky Lit Up" ou les tremblements de "Is this desire?", dernier titre de l'album, pour la voix grave, presque masculine de "Catherine" ou les murmures océaniques de "The Wind". Comment donc caractériser le rock de PJ Harvey autrement que par ces deux adjectifs : riche et flou ?
Seul point d'ancrage dans ce sable mouvant musical : les textes organiques de la chanteuse, où l'on retrouve entre autres la fascination pour l'eau que le single "Down by the Water", extrait de l'album To Bring You My Love, avait déjà mis en lumière. L'eau est ici symbole de régénération lorsqu'elle lave les péchés dans le magnifique "The River" ("Leave your pain in the water / To be washed away slow"), mais aussi de mort, lorsqu'elle se fait maison pour les noyés ("we called it a home"). Telle une sirène, PJ Harvey attire les personnages de ses textes vers les récifs. La mort se révèle être le thème unificateur de l'album, et on commence à se dire que le désir dont parle le titre n'est peut être pas autre chose que cette pulsion de mort dont parlait Freud. "I'm better off dead", se lamente Leah dans "My Beautiful Leah". "No hope for faith", lui répond Joy un peu plus loin. Les textes de PJ Harvey sont indéniablement inspirés par la Bible (références à Dieu, aux saints et au péché). Mais ils détournent les textes sacrés pour servir une religion plus personnelle, où les anges sont condamnés (voir la fragilité des choeurs sur "Electric Light"), où la lumière n'est plus divine mais électrique et où Adam se retrouve seul avec ses péchés au jardin d'Eden ("The Garden"). L'amour a laissé place à l'envie et à la haine (voir le refrain de "Catherine" : "I envy you", "I damn every second you breathe"). Est-ce cela, le désir ?
L'alliance hautement improbable entre des textes puissants et une musique qui ne l'est pas moins fait de cet album une perle rare. C'est avec délice qu'on navigue dans l'univers aquatique de PJ Harvey, un univers aux émotions fluctuantes et communicatives. Il faudra attendre deux ans avant que le miracle ne se reproduise et que Stories of the City, Stories of the Sea (2000) ne détrône Is this Desire? auprès des fans... Qu'en sera-t-il du prochain album, prévu pour 2004 ?

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