Oceansize
Self Preserved While the Bodies Float Up
Produit par
1- Part Cardiac / 2- Superimposer / 3- Build Us A Rocket Then... / 4- Oscar Acceptance Speech / 5- Ransoms / 6- A Penny's Weight / 7- Silent/Transparent / 8- It's My Tail And I'll Chase It If I Want To / 9- Pine / 10- Superimposter
Même s'ils se sont légèrement calmés en terme de cadence studio (3 albums, 5 EP et une énorme box live en un peu moins de dix ans), la bande à Mike Vennart garde une productivité largement au dessus de la moyenne, surtout si on la rapporte à la complexité des compositions proposées. Quatrième album studio à voir le jour (et second sur le label allemand Superball Music), Self Preserved While The Bodies Float Up, derrière son titre à rallonge et son artwork ouvertement sexuel, ne marque pas de changement dans la continuité : Oceansize fait toujours du Oceansize, et il le fait toujours aussi bien. Et peut-être même un peu mieux, Effloresce exclu.
Avec ce disque, les amateurs du groupe se trouveront immédiatement en terrain connu. Les cinq anglais se complaisent toujours à nous proposer un travail d'une extrême variété, s'abandonnant autant au metal le plus bourrin (l'introductif et un rien pataud "Part Cardiac") qu'au trip space rock le plus délicat ("Ransoms"), en passant par un rock alternatif dense et ambitieux à la Cave In ("Superimposer"), un sludge massif et surchargé qui ferait pâlir Mastodon ("Build Us A Rocket Then...") ou encore une pop élégante qui s'appuie sur un jeu de batterie entêtant et de grands arrangements piano-orchestre ("Oscar Acceptance Speech"). Et ça continue : plus loin, on se retrouve emporté loin des rivages de ce monde par une ode atmosphérique nimbée dans son magnifique duo vocal masculin-féminin ("A Penny's Weight") avant de bifurquer sur de jolies mélodies dans le plus pur style post prog ("Silent/Transparent", "Pine", The Pineapple Thief est tout proche) puis sur un mur de guitare massif qui ferait de l'ombre aux dernières trouvailles d'Amplifier ("It's My Tail And I'll Chase It If I Want To"), sans même parler de quelques changements de couleur au milieu de certains titres. Incontestablement, la variété de l'album se révèle tout à fait sidérante.
Chaque morceau touche ici à la quintessence de son style d'attache, ce qui n'est pas peu dire. Pour autant, on sent encore un certain manque de recul vis à vis de ces pépites troussées avec beaucoup de réussite, sans même parler d'une certaine froideur de style ni d'un certain laps de temps nécessaire avant de pouvoir se plonger sans peine dans les méandres de cet album. Ce qui manquerait peut-être aux rockeurs d'Oceansize, à ce stade de leur carrière, ce serait de définir une sorte de ligne directrice, une thématique commune (au moins mélodique) pour unifier le tout et emporter une adhésion large et entière. Ici encore, on pourra signaler le défaut qui colle aux anglais de façon récurrente : Self Preserved... est infiniment beau, mais infiniment éclaté, et certains reprocheront à l'album son manque de liant et d'homogénéité, quand d'autres pourront être laissés insensibles par l'un ou l'autre des courants musicaux abordés. Ainsi, les allergiques au metal et/ou au post rock devront probablement passer leur chemin, tout comme ceux que trop de douceur laisse insensible.
Malgré ce petit point litigieux (et énoncé d'ailleurs avec une bonne dose de mauvaise foi, il faut bien le reconnaître), Oceansize confirme avec ce quatrième album tout le bien que l'on pouvait penser d'eux tout en s'inscrivant de façon définitive comme l'un des groupes les plus originaux et ambitieux (au sens noble du terme) du rock contemporain. Qu'importe, finalement, si cette musique se perd parfois dans un certain élitisme qui la cantonne à un nombre plutôt restreint d'admirateurs : la qualité doit parfois souffrir de quelques sacrifices. Et n'hésitez surtout pas à aller voir Mike Vennart et son équipe sur scène : en live, Oceansize est véritablement impressionnant. N'allez pas dire que vous n'étiez pas prévenus.