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Critique d'album

Oasis


Dig Out Your Soul


(06/10/2008 - Big Brother - Brit Pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Bag It Up / 2- Turning / 3- Waiting for the Rapture / 4- The Shock of the Lightning / 5- I'm Outta Time / 6- (Get off Your) High Horse Lady / 7- Falling Down / 8- To Be Where There's Life / 9- Ain't Got Nothin' / 10- Nature of Reality / 11- Soldier On
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les frères Gallagher ont définitivement pris le train des années 2000"
Nicolas, le 25/10/2008
( mots)

Il y a de cela quelques années, Don't Believe The Truth avait plutôt brillamment redoré le blason d'Oasis. Sans foncièrement bouleverser leur style, les quatre anglais (puisque désormais Gem Archer et Andy Bell ont pris toute leur place au sein du groupe) avaient assuré une livraison sereine, moins rentre dedans, sans véléité d'efficacité à tout prix. Cette fois-ci, la démarche franchit un nouveau palier car Dig Out Your Soul tend à s'éloigner des habituels canons du groupe : la filiation avec les Beatles, notamment, commence à s'estomper. De plus, Noel Gallagher tente une nouvelle fois de percer vers un psychédélisme désiré de longue date. Or si Standing On The Shoulder Of Giants s'était révélé être, de ce point de vue, un fiasco retentissant, c'est un tout autre son de cloche qui se fait entendre aujourd'hui.

Dès les premières notes de "Bag It Up", on ressent immédiatement une tension terrible qui happe l'auditeur pour ensuite ne plus le lâcher. Introduite en force par des guitares puissantes, particulièrement mises en avant par une production intelligemment fouillée, la voix de Liam Gallagher dégage un calme qui contraste pourtant avec une impressionnante intensité. Le titre étonne par le contrôle de ses effets, comme dans son refrain tour à tour enjôleur et violent. Cette impression se renouvelle constamment sur les trois titres suivants, et on ne peut notamment s'empêcher de saluer l'élégant mariage de piano et de guitares sourdes en arrière fond sur l'intro de "Turning", réalisant un parfait mélange de douceur et de douleur. Le travail vocal est particulièrement privilégié par les deux frères, notamment par Noel dont les nuances oscillent de façon incessante entre fragilité et rudesse sur le poignant "Waiting for the Rapture". La série se conclut par "The Shock Of The Lightinig", efficace single dont les "Come In, Come out" assurent un appel inlassable vers un refrain presque mystique portée par une voix incandescente se réverbérant à l'infini. Si auparavant Oasis cherchait le KO d'entrée de jeu par un choc frontal au moyen de frappes brutes répétées, cette nouvelle façon de prendre vicieusement l'auditeur à la gorge, et de le faire lâcher prise au bout d'une étouffante oppression, se révèle tout aussi addictive même si l'effet recherché met un certain temps à apparaître.

Maîtrise, c'est le mot qui qualifie le mieux cette cuvée 2008. Les progrès et la maturité sont palpables sur l'ensemble du disque, et ce constat est surtout flagrant pour les compositions de Liam. Si "Ain't Got Nothin'" se veut une vague réminiscence d'un "The Meaning Of Soul" retrouvé sur le précédent album, preuve que ce disque se place bien dans la continuité de Don't Believe The Truth, le turbulent chanteur vole la vedette à son frangin en alignant deux des plus belles chansons de l'album, "I'm Outta Time" et "Soldier On". Un slow (oui, vous avez bien lu) tout en introversion, presque pudique dans son intention, et une ode lyrique à l'écho lancinant rythmé par de vibrantes piques de basse. Jamais on n'aurait cru l'individu capable d'un tel talent de composition, même si on le sentait monter lentement en puissance depuis deux albums. Si Gem Archer se contente de relâcher la pression sur le très bluesy "Nature of Reality", offrant un appel d'air opportun vers la fin du disque, c'est à Andy Bell que l'on doit la pièce la plus étrange de l'album. "To Be Where There's Life" plonge complètement l'auditeur dans un trip halluciné à l'atmosphère moite et épaisse, rythmant à la basse de lentes tirades vocales gorgées d'opium et de stupre, mêlant aux guitares électriques des sonorités ethniques faites de percussions oppressantes et de cithares indiennes psyché. Une curiosité, assurément, que les amateurs de The Verve ne pourront qu'apprécier à sa juste valeur. On en oublierait presque les dernières trouvailles de Noel Gallagher, même si "(Get Off Your) High Horse Lady" offre une petite ritournelle qui a le chic pour vous trotter dans la tête durant des heures. Et on regrettera que son "Falling Down", pourtant non dénué d'intérêt, se retrouve pour le coup noyé sous une sur-production manquant cruellement d'authenticité.

On pourrait reprocher à Dig Out Your Soul sa faible immédiateté, mais on rétorquera que lorsque le propos est aussi finement pensé, on peut bien attendre deux ou trois tours de piste avant de s'enthousiasmer. On pourrait aussi déplorer un petit déficit d'hymnes fédérateurs incontestables, genre un ou deux singles radio-edit en sus, mais on y opposera a contrario qu'aucun des titres présents ne souffre de réelle faiblesse. Finalement, au terme de cette chronique, un seul constat s'impose : Oasis a définitivement tourné la page des années 90, et ne pondra certainement plus jamais de "Supersonic" ni de "Wonderwall". Mais alors que certains s'échinent à reproduire envers et contre tout un modèle à jamais perdu dans les limbes du passé, les frères Gallagher vont de l'avant, réinventent leur rock selon leurs aspirations présentes, et livrent au final un des albums les plus excitants de l'année. Ca ne leur était plus arrivé depuis Morning Glory, et cette fois-ci, leur pente est indubitablement ascensionnelle, promesse d'excellence anticipée pour la décennie à venir : on s'en régale d'avance.

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