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Critique d'album

Nord


The Implosion of Everything That Matters


(03/11/2023 - Klonosphère - Post rock; metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Nord

1- Candles / 2- Truth Philters / 3- Incantation / 4- Sexorcism / 5- The Implosion of Everything that Matters
Note de 4.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Fantômes contre Synthés"
Franck, le 24/11/2023
( mots)

Avec son deuxième album sorti en 2020 (The Only Way to Reach the Surface), Nord s’est affirmé au sein de la scène progressive hexagonale comme un des groupes les plus singuliers et aventureux de sa génération. Et pour cause, le groupe français proposait une œuvre d’une cohésion remarquable, et ceci malgré un brassage stylistique assez incongru (le groupe maniant aussi bien les codes de la pop que du black metal pour un rendu aussi déstabilisant qu’éclectique) associé à de brusques changements de tonalités qui avaient de quoi décontenancer à la première approche. En ce qui me concerne, cet album avait eu un impact irréversible, parvenant à concilier toutes mes aspirations musicales, les plus légères comme les plus extrêmes. A croire que l’œuvre en question avait été en mesure de percer les différentes nuances de ma personnalité, pour concocter un produit sur-mesure immédiatement familier malgré la radicalité de ses partis pris. Un sentiment bien difficile à expliciter... Aujourd’hui encore, l’album revient régulièrement sur ma platine, et ceci sans jamais laisser pointer la moindre lassitude ou baisse d’intérêt de ma part. Autant dire que l’annonce d’un nouvel opus a suscité un vif enthousiasme me concernant, un engouement non dénué d’une certaine fébrilité. Exceptionnellement, vous le comprendrez, c’est sous l’angle de la subjectivité - et avec une description linéaire titre à titre - que cette chronique sera abordée. Une manière personnelle de décrire la façon dont j’ai pu appréhender cet album intitulé The Implosion of Everything That Matters.


Avant cela, prenons le temps d’apporter quelques éléments de contexte. Même si sa sortie n’arrive qu’en 2023, cette nouvelle création est le reflet d’une période qui aura laissé des traces : le confinement, encore et toujours (l’intégralité de l’album ayant été composé à distance durant la fin d’année 2020). Éparpillé entre Lille et Paris, le combo - passé entre-temps de quatuor à trio - s’est nourri de ce climat anxiogène pour aborder certaines thématiques comme l’isolement, la nostalgie, la frustration ou le deuil. The Implosion of Everything That Matters retranscrit finalement toutes ces angoisses auxquelles nous avons - à un moment ou un autre - été confronté, avec en point d’orgue cette question sous-jacente : comment rattraper le temps perdu ? Une partie de la réponse réside probablement dans le fait de se renouveler, d’oser sortir de sa zone de confort, et faire voler en éclat toutes les barrières physiques ou invisibles qui s’opposent à notre développement personnel. S’inspirant pour l'occasion de courants tels que la dark wave, le shoegaze, ou encore le post metal, le groupe relève le défi d’une approche musicale plus synthétique et dépourvue de guitares, tout en conservant l’essence même de Nord. En résulte, un objet musical étrange et singulier, qui décontenancera autant qu’il captivera.


Le titre introductif ("Candles") marque la transition esthétique de manière plutôt habile et tempérée avec son atmosphère brumeuse et optimiste, voyant quelques notes de piano ponctuer la progression. On retrouve la voix au teint légèrement feutré de Florent Gerbault qui tend plus fréquemment vers des tonalités aiguës. Le soin accordé à la production (évitant le piège d’un son surproduit et impersonnel) permet d’apprécier les différentes nuances de chœurs proposées, à l’occasion de jolies harmonies qui se fondent discrètement dans les nappes électroniques ambiantes. La montée en intensité, renforcée par de puissantes basses, nous accompagne, tel le passage vers l’au-delà, en direction d’un final gracieux et céleste. Coutumiers du fait, les Français embrayent vers une composition de toute autre nature dès la seconde piste. "Truth Philters" constitue ainsi une véritable plongée vers l’inconnue, le groupe brouillant les pistes et s’amusant à nous faire perdre peu à peu nos repères. Débutant sur une section électronique plutôt aiguayante, le morceau bifurque finalement vers un passage nettement plus incisif à la rythmique saccadée. Les hurlements acérés de Florent Gerbault semblent cette fois-ci étouffés, comme si une entité fantomatique tentait de nous faire part de sa détresse à travers une dimension qui nous est inaccessible. Prônant une certaine imprévisibilité, le morceau se révèle finalement très pop, tirant parti d’un refrain qui risque de hanter votre esprit longtemps après l’écoute. Pas question pour autant d’opter pour une forme de standardisation, Nord nous proposant quelques associations improbables, à l’image de ce solo de saxophone contrastant de manière assez flagrante avec la mélancolie générale. S’il est possible de rester perplexe face à cet étrange assemblage musical, difficile de rester insensible face au final empli de grâce et de légèreté : une quiétude enivrante générant une sensation de lâcher-prise.


Plus conventionnel tout en s’établissant comme le morceau le plus déstructuré et progressif (il fallait le faire), "Incantation" se démarque par sa dimension contemplative et narrative. On y découvre notamment quelques passages de chants modifiés au vocodeur (un procédé qui avait largement été utilisé sur le précédent opus), mais aussi l'implication de la chanteuse Yuki Watanabe (Presence of Soul) qui nous fait profiter de sa voix angélique à l’occasion d’un parlé-chanté en japonais.


Complètement inclassable, le single "Sexorcism" sera en mesure de déstabiliser les mélomanes les plus aguerris avec sa variété instrumentale et son audacieux métissage des genres (voyant tout de même cohabiter synth-pop, percussions exotiques et solo de duduk !). L’éponyme "The Implosion of Everything That Matters" s’avère quant à lui à la croisée des chemins, une conclusion sous forme de point de convergence de toutes les orientations musicales prises sur les quatre titres précédents. Après moult péripéties mélodiques (faites de passages orchestraux, de folies rythmiques typiquement djent, ou encore de sections à base de techno), nous retombons telle une évidence sur la ligne mélodique initiée dans le premier morceau.


Beaucoup de choses à dire pour un si court album (moins de 25 minutes) ! Il faut croire que la densité de l’œuvre fait finalement oublier sa relative brièveté, le groupe français nous faisant encore une fois profiter de son audace et d’une créativité sans limite. Un album déroutant à la première approche (et qui en laissera probablement plus d’un sur le carreau, notamment ceux allergiques aux synthés), mais qui semble nous rappeler à lui encore et encore… Et si cette irrépressible fascination était liée à cette inquiétante présence spectrale?


 

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