Night Fuss

Depuis sa création, il y a maintenant 23 ans, Albumrock s’efforce de mettre en lumière les talents issus de la scène Rock française. Parmi nos rubriques phares, La Sélection Albumrock retranscrit cette volonté et se distingue comme une véritable plus-value pour le webzine. Ce concours, conçu à l’origine comme un tremplin musical (oui oui, il fut un temps où Albumrock organisait des concerts locaux), continue aujourd’hui de révéler de nombreuses formations talentueuses et prometteuses, choisies parmi un large éventail de candidatures. Bien sûr, la Sélection a connu des hauts et des bas. Les lecteurs les plus fidèles se souviendront sans doute de 2018, une année difficile qui a failli marquer la fin d’Albumrock… Mais comme vous pouvez le constater, de l’eau a coulé sous les ponts. Le site est en pleine forme : l’ouverture d’esprit est intacte, la qualité des articles ne faiblit pas, et notre petite équipe continue de faire preuve d’une étonnante productivité (au moment d’écrire ces lignes, nous faisons d’ailleurs face à un véritable embouteillage de chroniques en attende de publication !). Ce retour en force coïncide finalement avec la relance de notre fameux concours, qui, en 2021, inaugurait une longue et belle série avec un brillant lauréat : Night Fuss. Autant dire que la récente prise de contact du groupe brestois nous annonçant la sortie d’un nouvel EP a été accueilli d’un réel enthousiasme !

Si le fait de faire découvrir des pépites locales procure son lot de satisfactions, cela ne saurait rivaliser avec le plaisir de suivre l'évolution des groupes concernés. Pour ce qui est de Night Fuss, le constat est plutôt saisissant : de la pochette jusqu’à la qualité de production, le combo breton marque une nette progression. Pas question cependant de bruler les étapes. Le groupe opte à nouveau pour un format court (un EP de 4 titres), un moyen efficace d'affirmer son identité sonore et de concentrer ses éclats créatifs, pour un maximum d’impact.

Passé de quatuor à trio, on pouvait craindre que Night Fuss perdre certaines de ses aptitudes. Il n'en est rien, le groupe s’illustrant toujours par son audace et sa capacité à mixer les genres. Portée par une section rythmique engageante, avec une basse au premier plan, et des tonalités blues séduisantes, le titre introductif "One Night Stand" se démarque par son groove prégnant et son habile fusion de sonorités claires et saturées. Toujours aussi efficace quand il s’agit d’emmener ses compositions dans une autre direction, le trio soigne ses différents breaks en puisant dans une palette d’influences variées (dont une partition évoquant le swing des années 1920).

Le groupe composé de Jimmy Costiou (chant, guitare), Jean-Baptiste Arnaud (basse) et Tudi Cariou (batterie) gagne également en spontanéité, en présentant un single ("The Rampike") certes classique, mais redoutable dans son exécution. Porté par un refrain immédiatement accrocheur et un chant qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir, le morceau laisse entrevoir une belle évolution.

On appréciera également le plus posé et atmosphérique "Standstill" qui s’illustre à l’occasion d’une belle montée en intensité soutenue par quelques renforts de synthés à la raisonnante spectrale ; ou encore le très réussi "Word to the Wise" dont l’approche rythmique confortera sur le potentiel technique du combo brestois.

Il ne reste plus qu'à encourager le trio à s’adonner à davantage de folie : cultiver une certaine singularité, pousser encore plus loin cette fusion des genres, et enrichir la section instrumentale de nouvelles sonorités pour gagner en explosivité. Allez, on sait que vous en êtes capables. Rendez-vous pour le prochain EP - et pourquoi pas un album complet ? En attendant, nous conseillons vivement aux mélomanes curieux d’écouter ce très bon Wear & Tear.