Mother Mother
Eureka
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1- Chasing It Down / 2- The Stand / 3- Baby Don't Dance / 4- Original Spin / 5- Born In A Flash / 6- Simply Simple / 7- Problems / 8- Aspiring Fires / 9- Getaway / 10- Far In Time / 11- Oleander / 12- Calm Me Down
En ce mois de mars 2011, lorsque nous découvrons ce nouvel album de Mother Mother, toutes les conditions semblent réunies pour nous scotcher à nos sièges. Le précédent album, du rock intelligent et ébouriffant, résonne encore dans nos carcasses, et cette nouvelle pochette représentant un lion rugissant et coloré d'un arc-en-ciel (de mauvais goût, certes) annonçait quelque chose de décoiffant. Alors, qu'en est-il ? "Eureka" s'écria Archimède en sortant de son bain après la découverte de la poussée à laquelle il donna son nom. "Eureka" semblent rugir les cinq canadiens de Mother Mother en nous proposant leur troisième effort. Auraient-il fait une découverte capitale, auraient-il révolutionné le rock ?
Rien de tout cela, détrompez-vous vite, car sur Eureka, Mother Mother semble avoir laissé son énergie au vestiaire, cette énergie si communicative qui nous avait fait adorer O my Heart. Plus timide, aux contours moins marqués, la musique de Mother Mother a effectivement évolué. Mais il semblerait en réalité qu'elle ait rétrogradé. On traverse l'album de long en large à la recherche d'un titre plus péchu que les autres et qui retiendrait notre attention, et "Chasing it down" y arrive presque, mais c'est finalement en vain. Il s'agit d'une pop molle et sans relief. On se demande où est l'intérêt de ces chansons, comme l'illustre par exemple l'inutile "Simply Simple" dont le refrain raté a déjà été vu et revu dans moultes chansons pop classiques par des groupes dont on a aussitôt oublié le nom. Certaines pistes parviennent quand même à se laisser écouter tranquillement, comme "Gateway", grâce à la voix d'oiseau de Molly et aux fameux chœurs qui sont la marque de fabrique de Mother Mother. La douceur de la piste n'est pas sans rappeler l'excellent "Sleep awake" de O my Heart, mais sans l'égaler.
Mother Mother semble avoir poli les angles de ses compositions, et s'être rangé aux côtés de groupes de pop/rock plus modestes, et plus oubliables. Pourquoi alors appeler cet album Eureka ? Cette baisse de niveau est-elle accomplie sciemment par le groupe ? S'ils se sentent plus à l'aise dans un style moins bourru et plus lisse, alors soit, mais cela ne promet rien de transcendant pour les albums à venir. Mother Mother reste cependant un groupe de qualité, dont les voix particulières et les chœurs nous attachent à lui avec tendresse, car il nous a montré avec O my Heart qu'il était capable de produire de petites merveilles pop/rock comme le titre éponyme, qui restera bien au chaud dans notre iPod. Ce ne sera peut-être pas le cas de ce lion multicolore.