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Critique d'album

Mogwai


Atomic


(08/04/2016 - - Post Rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Ether / 2- SCRAM / 3- Bitterness Centrifuge / 4- U-235 / 5- Pripyat / 6- Weak Force / 7- Little Boy / 8- Are You A Dancer ? / 9- Tzar / 10- Fat Man
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un disque sublime, parfaitement structuré et qui laisse une place folle à l'imaginaire"
Erwan, le 14/04/2016
( mots)

Groupe stratosphérique, non pas par sa notoriété mais par son univers complètement lunaire, Mogwai redescend sur terre cette année pour nous livrer leur nouvel album Atomic avant de retourner là-haut, on ne sait pas où, en orbite probablement. Le voyage vous intéresse ? Allez, pas besoin de ticket, on vous embarque avec nous.


Si ici Atomic sera traité comme un album studio de Mogwai, ce qu’il est, Atomic a également servi de bande originale à un documentaire de Marc Cousins sur la bombe atomique et ce qui s’est passé à Hiroshima. Le documentaire est assez expérimental dans sa conception, basé uniquement sur des images d’archives, et dure un peu plus d’une heure. Nul besoin de le regarder pour accéder à l’album, mais il est certain que les morceaux prennent un autre sens dans ce contexte. Le mixage est différent, mais l’album a clairement été conçu pour pouvoir illustrer certaines parties de ce récit tragique de l’époque de la seconde guerre mondiale. D’où les moments de recueillement, de peur, de peine et de tension qu’on peut deviner déjà à l’écoute. Mais la suite de cette chronique a été rédigée avant le visionnage du documentaire et envisage l’album uniquement comme un disque à part entière.


Chaque album de Mogwai est un voyage. Et en écrivant cette phrase, sachez que nous n’ignorons pas qu’elle a sans doute déjà été utilisée plus de 37 fois pour décrire le travail des patrons du post-rock progressif. Mais comment parler autrement d’un album de Mogwai ? Atomic, comme les autres, est un disque instrumental dont les morceaux ne rentrent dans aucun cadre classique. Ni couplet, ni refrain, ni solo, juste une tache d’encre qui naît à la surface de rien et se propage dans ce rien au point de devenir le tout, un tout dans lequel on est immergé avant même de s’en rendre compte. Toute analyse technique est inutile et seules les images peuvent parler de l’une des formes les plus abstraites de rock.


Le groupe avance timidement vers nous avec quelques notes de guitare étouffées en introduction de "Ether", qui se développe lentement et prend petit à petit de l’ampleur. L’orgue grandit et finit par prendre beaucoup plus d’espace dans la dernière partie du morceau, c’est alors que se met en place toute l’orchestration de Mogwai, les guitares le rejoignent, la basse s’est glissée derrière l’orgue pour le soutenir, et ça gonfle, et ça gonfle encore, et cela va-t-il s’arrêter de gonfler ? Finalement oui, pour revenir à son point de départ, se terminant avec l’une des boucles mélodiques qui est apparue en cour de route, dans un esprit très proche des nouvelles BO de Star Wars. Ça fait à peine plus de cinq minutes que l’assenions a commencé et déjà, Atomic est une réussite.


On ne trouve aucune empreinte rythmique dans "Ether" et c’est d’ailleurs ce qui en fait un titre si volatil. Des boîtes à rythmes sont au centre de la structure de "SCRAM" (SCRAM est le nom du bouton rouge sur lequel on appuie pour arrêter d’urgence un réacteur nucléaire), mais c’est sur "Bitterness Centrifuge" que la batterie apparaît vraiment. "Bitterness Centrifuge" est un titre un peu plus court, mais plus intéressant encore que les deux premiers car la présence d’une vraie batterie amène une lourdeur et une tension plus forte dans le morceau. Quelque chose qu’on va aussi retrouver encore plus sur "Pripyat", avec toujours cette façon chez Mogwai de noyer la batterie. De la faire taper fort, mais de loin, en l’obligeant à traverser tout l’espace des synthés et des guitares pour faire partie du morceau. On arrive à la moitié du disque et après une atmosphère aérienne, quelque chose de pesant commence à s’installer. Un sentiment que "U-235" (l’uranium 235 servait, avant le plutonium, à fabriquer les bombes atomiques) renforce, avec cette ligne de notes électroniques monotone qui donne un côté robotique au morceau.


L’une des forces de Mogwai, sur disque mais surtout en live, est de savoir créer des moments épiques dans un morceau sans avoir recours à une structure classique. Enormément de morceaux de rock ont des temps faibles et des temps forts remarquables, le refrain doit être d’une certaine intensité par rapport au couplet, le pont, qui crée l’attente par rapport au solo, ensuite le solo doit être à la hauteur, et même dans les groupes sans solistes, l’énergie que va mettre le chanteur dans sa voix sera décisive. Mogwai est très loin de tout ça. La question peut diviser, mais le fait est que Mogwai n’a pas besoin de ça.


Le voyage se termine avec le plus long moreau du disque, "Fat Man" (nom de code d’une bombe atomique américaine), un morceau principalement au piano qui laisse transparaitre beaucoup d’émotion et se termine tout en longueur, par un long silence troublé d’une note répétée de moins en moins, jusqu’à se finir vraiment.


Atomic est une vraie pièce cohérente, stable, pleine de trouvailles, qui nous tient en haleine du début à la fin, et qui reste dans ce que Mogwai fait de classique. Mais ce que Mogwai fait de classique, c’est bien. Atomic est surtout un disque libérateur pour la pensée, pour sortir des cadres du rock traditionnel et se laisser aller. Ce que Mogwai crée en studio n'est finalement pas si important. Ce qui est important, c'est ce que crée dans notre tête le travail studio de Mogwai.


à écouter : "Ether", "Bitterness Centrifuge" et "Are You A Dancer ?"

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