
Märvel
Graces Came with Malice
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Avec un album de Ghost en mars et le retour des Hellacopters en avril, il n’était pas vraiment judicieux pour un groupe suédois moins prestigieux de sortir un nouvel album tant le risque de disparaitre dans l’ombre de ces grands héros nationaux était grand. Tant pis pour Children of the Sün au mois de mars, et ce malgré un superbe Roots, tant pis également pour Märvel (**** de umlaut) qui fête ses vingt ans au service de la justice masquée avec un septième album studio, Graces Came with Malice.
Dire que les Hellacopters ont eu une influence importante sur la scène suédoise avec leur action-rock aussi énergique qu’accrocheur est peu dire, et on pourrait établir une liste plus ou moins exhaustive des groupes qui, depuis les années 2000, marchent dans les pas d’Andersson. Le trio masqué qui compose Märvel fait partie de plus anciens parmi les épigones, et pas des moins brillants, avec une musique sans fioriture quoique parfois aux limites du FM.
Pour cet album anniversaire, la communication avait été bien travaillée en amont : de nombreux singles, des illustrations différentes pour chacun d’entre eux avec une homogénéité stylistique, des clips rudimentaires mais toujours la même veine, des concours avec les auditeurs … Et ce n’était pas qu’un emballage soigné, puisque les titres proposés en amont étaient souvent d’une pertinence remarquable. On pense avant tout à "Slasher with a Broken Heart", qu’on retrouve en ouverture de l’album, titre imparable qui revient avec malice sur une histoire d’amour se transformant en harcèlement entre une des membres d’Abba et un fan. Le tube de l’album.
Ainsi, le groupe s’inscrit pleinement dans la lignée des Hellacopters : il déroule "The Disaster" ou "Sorry State of Affairs" qui mélangent guitare acoustique et mélodies électriques, avec des refrains très calibrés, il déverse la rage rock/punk sur "Great Man" et surtout sur l’addictif "One Common Ennemy", un défouloir à l’immédiateté jouissive.
Il y a toujours un côté kitsch chez Märvel qui joue sur les styles et n’hésite pas à franchir la limite des facilités 1980’s, ainsi va "Sound of Life Slipping Away" entre hard-rock intransigeant et mélodies sirupeuses (il y a du Scorpions dans le riff), la ballade "Graces Came with Malice" ou "Lizard’s Tongue" (un véritable exercice de style). Nos super-héros se prennent-ils toujours au sérieux ? L’étrange "Queen for a Day", appelant le public à se dodeliner mais s’avérant plus riche qu’il n’y parait, semble nous indiquer que leur projet musicale est teinté d’humour mais jamais dérisoire.
Malgré l’ombre portée des grands noms scandinaves, nous avons essayé de diriger le projecteur vers Märvel avant de le lever dans le ciel pour illuminer la ville au symbole du rock suédois qui, à défaut de nous protéger du crime, est un véritable viatique pour nos oreilles et nos espoirs de mélomanes. Au trio masqué le plus électrique de Suède donc, un joyeux anniversaire.
A écouter : "Slasher with a Broken Heart", "Sound of Life Slipping Away", "One Common Ennemy"