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Critique d'album

Marilyn Manson


The Pale Emperor


(16/01/2015 - Hell, etc. - Metal industriel - Genre : Hard / Métal)
Produit par Marilyn Manson, Tyler Bates

1- Killing Strangers / 2- Deep Six / 3- Third Day of a Seven Day Binge / 4- The Mephistopheles of Los Angeles / 5- Warship My Wreck / 6- Slave Only Dreams to Be King / 7- The Devil Beneath My Feet / 8- Birds of Hell Awaiting / 9- Cupid Carries a Gun / 10- Odds of Even / 11- Day 3* / 12- Fated, Fateful, Fatal* / 13- Fall of the House of Death*
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Noble et funèbre cérémonie que ce sacre de l'Empereur Manson."
Alan, le 21/01/2015
( mots)

À l’aube de cette nouvelle année 2015, c’est un fantôme des nineties qui nous revient des catacombes avec un nouvel album : en effet, il fut un temps où Brian Warner terrorisait l’Amérique puritaine au travers de frasques et provocations en tout genres qu’il n’est même plus nécessaire de lister, celles-ci étant connues de tous grâce à un bouche à oreilles qui a à l’époque grandement contribué à faire de lui l’ennemi public n°1 chez l’Oncle Sam. De par la portée de son discours et son influence avérée sur une adolescence alors en perte de repaires, le personnage de Marilyn Manson est instantanément devenu une référence culturelle incontournable - voire même une icône pour certains - des années quatre-vingt-dix.


Seulement voilà : vingt ans plus tard, ce même personnage semble avoir largement dépassé sa date de péremption. Marilyn Manson est aujourd’hui un OVNI en décalage temporel complet avec son époque. Warner l’a bien compris et a de ce fait cherché à réinventer son personnage - et sa musique - sans pour autant parvenir à rester la rock star incontournable que Marylin Manson avait été une décennie plus tôt, et c’est peu dire : après un Eat Me, Drink Me un tantinet trop geignard et un High End of Low ultra convenu, le groupe se voit débouté d'Interscope et poursuit alors sa route en indé, ayant perdu nombre de fans sur le chemin. Suivit Born Villain, album qui marquait un pas dans la bonne direction mais qui restait néanmoins encore à des années lumière du triptyque Antichrist/Animals/Holy Wood en termes de pertinence musicale, aussi différents leurs styles soient-il. Marilyn Manson semblait condamné à n’être plus qu’une allégorie indissociable des nineties incapable d’évoluer dans ce vingt-et-unième siècle post-11 septembre que Brian Warner a pourtant mieux compris que la grande majorité de ses détracteurs, en témoigne la célèbre interview que celui-ci a accordée a Michael Moore lors de la réalisation de Bowling for Columbine qui, bien qu’enregistrée en 1999, abordait déjà des thématiques depuis devenues récurrentes sur les rouages qui font tourner la société occidentale - et américaine tout particulièrement - telles que le contrôle (ou non-contrôle ; question de point de vue) des armes, le brainwashing médiatique constant ou le consumérisme compulsif de ces dernières années.


C’est pour ces raisons que Marilyn Manson reste néanmoins - et restera - un personnage fascinant sur lequel il y aura toujours matière à argumenter et à débattre, pour le meilleur comme pour le pire. Ce n’est cependant pas pour ces raisons qu’un papier lui est consacré aujourd’hui, mais bel et bien pour une nouvelle production studio accueillie ici avec un enthousiasme non-feint : The Pale Emperor, neuvième opus du Révérend, a débarqué dans les bacs cette semaine et redoré le blason de la maison Manson, transformant l’anachronisme socio-culturel en personnage pertinent et enfin en phase avec son époque. Warner ne doit cette métamorphose qu’à une rencontre impromptue : alors qu’il participe au tournage de la sixième saison de Californication, il rencontre Tyler Bates, l’une des plumes derrière la BO de la série qui a aussi composé de nombreuses autres soundtracks aussi bien dans le cinéma (The Devil’s Rejects de Rob Zombie, Watchmen de Zack Snyder ou plus récemment Guardians of the Galaxy, dernier rejeton de l’écurie Marvel) que dans le jeu vidéo (God of War: Ascension, Killzone: Shadow Fall ou War for Cybertron, jeu issu de la franchise Transformers).


Malgré une première tentative de collaboration calamiteuse à laquelle avait d’ailleurs assisté Dave Lombardo (ex-batteur de Slayer), les deux se recontactent et s’attèlent alors à la production du successeur de Born Villain dès fin 2013. Puisant son inspiration dans un livre offert à Warner par son ami Johnny Depp et relatant l’histoire d’Héliogabale, empereur romain ayant rejeté Dieu - référence volontaire ? - par souci d’unité au sein de l’Empire, The Pale Emperor marque une nouvelle fois une rupture dans la discographie de Marilyn Manson et renouvelle l’identité musicale du Révérend grâce à l’élan insufflé par Bates, qui en plus de co-produire l’album aux côtés de Warner endosse aussi les rôles de compositeur, de guitariste - celui-ci suivra d’ailleurs le groupe en tournée sur le prochain Hell Not Hallelujah Tour - et même de bassiste lors de l'enregistrement, marquant de ce fait l’album de son empreinte, et cela s’entend nettement : pas de maëlstrom industriel reznorien ou de pop gothique ici, mais bel et bien un rock ancré dans la plus pure tradition musicale américaine, puisque ce sont ici les musiques roots, et plus particulièrement le blues, qui transparaissent au travers de cette nouvelle production.


N’adoptant ici aucun alter ego, celui qui fut à tour de rôle “God of Fuck”, “Antichrist” ou encore “Omega” ne cache plus ses sentiments derrière masques et personnages et laisse chanter le penchant le plus redneck de sa personne pour épouser de la plus belle des manières les complaintes syncopées que sont “Killing Strangers”, “Slave Only Dreams to Be King” ou “Birds of Hell Awaiting”. Marqués par une batterie exécutée par un Gil Sharone à la rigueur métronomique, ces morceaux, au même titre qu’un “Cupid Carries a Gun” aussi vaudou que sublime, renvoient au mouvement lancinant d’un rocking chair rythmé par les grincements du bois sous un soleil de plomb caractéristique de la countryside américaine. Le pattern de batterie de “The Mephistopheles of Los Angeles”, quant à lui, n’est pas sans rappeler “Personal Jesus” de Depeche Mode, dont les influences blues étaient déjà fortement marquées et dont Manson avait fait une reprise pour son best of Lest We Forget, comme quoi tout finit par se rejoindre.


La batterie est soutenue par une instrumentation toujours sobre mais jamais négligée, au grain volontairement vintage qui contribue à l’identité sonore de l’album (“Killing Strangers”, “Third Day of a Seven Day Binge”, “Cupid Carries a Gun”). Les arrangements de Tyler Bates, quant à eux, créent un écrin pour la voix de Warner et laissent suffisamment d’espace pour que celle-ci se glisse au sein de l’ensemble avec aisance, sans jamais trop forcer, celui-ci hurlant effectivement beaucoup moins qu’il ne chante. À ce propos, ce-dernier déclarait d’ailleurs au cours d’une interview que “le blues a changé [sa] façon de chanter”, et que certaines parties de chant avaient été enregistrées en one shot pour épouser le grain “dirty” propre au blues, grain qui se ressent le plus sur les trois bonus tracks de la version deluxe - qui sont des relectures acoustiques de “Third Day”, “Mephistopheles” et “Odds of Even” - et qui valent largement les quelques euros supplémentaires à l’achat pour ceux qui auront été séduits par ce goth rock bluesy. Il demeure néanmoins quelques exceptions au sein de l'ensemble, parmi lesquelles “Deep Six”, dont les hurlements du refrain et les guitares saturées rammsteiniennes en font finalement le morceau le plus réminiscent du Manson pré-Grotesque, et “Warship My Wreck” sur lequel s’opère une montée en puissance progressive qui bien qu’assez conventionnelle n’en reste pas moins maîtrisée.


Après des années de paroles écrites par une plume marinant dans les clichés de la bile adolescente abordant - entre autres - sexe, violence et drogues et pour lesquelles Marilyn Manson était autant adulé par les uns que méprisé par les autres, Warner étoffe ici ses textes et chante des sujets plus réfléchis tels que la critique toujours aussi acerbe et grinçante du non-contrôle des armes - déjà énoncée plus haut - sur “Killing Strangers” (“We’re killing strangers so that we don’t kill the ones that we love”) ou la soif de pouvoir qui anime les masses sur “Slave Only Dreams to Be King” (“Slave never dreams to be free, slave only dreams to be king”) tout en campant sur ses positions anti-religieuse sur “The Devil Beneath My Feet” (“I don’t want your God and your high power, […] I don’t need a motherfucker looking down on me”), l’ensemble des textes restant bien évidemment ponctué de nombreuses références mythologiques allant de Narcisse et Icare (“Deep Six”) à l’exhalation pestilentielle qu’est Méphistophélès sur le titre éponyme.


En définitive, le duo Warner-Bates a accouché ici d’un album aux antipodes du metal indus fougueux et déchaîné qui a fait la renommée de Marilyn Manson durant la décennie qui l’a vu naître. En toute logique, les fans devraient de ce fait abhorrer ce pseudo-exercice de style mou et sans intérêt. Sauf que. Adolescents dans les nineties, bon nombre des fans de la première heure ont désormais atteint l’âge adulte. Warner l’a bien compris, et livre ici un album noble et mature, apaisé et séduisant, qui ne cherche nullement à satisfaire leur nostalgie mais à s’adresser à leur maturité, somme toute, relativement nouvelle. Bien que fondamentalement différent de celui-ci, The Pale Emperor est indéniablement le meilleur album de Marilyn Manson depuis Holy Wood et marque officiellement le retour du Révérend sur le devant de la scène, ainsi que - et surtout - son sacre en tant qu'Empereur.


Le Révérend est mort. Vive l’Empereur Blême.

Avis de première écoute
Note de 2/5
Manson a toujours été une baudruche, et cet album le prouve. Quelques bonnes idées (et une excellente entame) mais nombre de morceaux froids et sans âme, et toujours cette voix de poseur insupportable.
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