Ken Stringfellow

J'entends déjà certain d'entre vous se demander... Ken qui ? Ken Stringfellow...ou plutôt devrais-je dire Monsieur Ken Stringfellow. Si l'artiste n'est pas très connu (il s'excuserait presque de ne pas être célèbre), son travail ne vous laissera sûrement pas de marbre. Car si je vous dis qu'il est, avec Jonathan Auer, un des pères fondateurs des Posies (excellent groupe de power pop des années 90), que son jeu de guitare a éclairé différentes formations comme REM, Lagwagon ou encore Big Star. Tout de suite, on a les yeux qui brillent de curiosité et les oreilles qui commencent à frétiller. Et si maintenant je vous annonce qu'avec Soft Commands il vient de sortir son troisième album solo enregistré au quatre coins du monde (Paris, Vancouver, New York, Seattle, Stockholm..) ? Allez, approchez-vous donc un peu plus, vous verrez, ça vaut largement le détour.
Dès "You Drew", Stringfellow nous rassure quand à son goût inchangé pour la pop de haute qualité. Sans effets ni artifices superflus, les compositions les plus minimalistes étant souvent les plus poignantes, l'auteur nous distille, pour notre plus grand plaisir, quelques ballades au couple piano / voix des plus soutenus ("Know Diamond Liste", "Death Of A City"). Mais l'album regorge également de rythmiques beaucoup plus péchues ("Don't Die") et, avec l'aide de Larry Knechtel derrière ses claviers, n'hésite pas à s'aventurer dans différents styles musicaux. Des arrangements celtiques de "Any Love (Cassandra Et Lune)" en passant par "You Become The Dawn", et ses couplets limites reggae, et la petit instru dub de "Dawn Of The Dub Of The Dawn", Stringfellow fait étal de sa maîtrise et de son talent.
Arrivé à "When U Find Someone", on sent comme un petit vent des années 70's venir nous ébouriffer la tignasse, avec ces chœurs dignes des Beach Boys. Malgré tout, avec sa voix toujours aussi chargée émotionnellement et ses mélodies aguicheuses, le monsieur n'est pas loin de ranger au placard les piliers du genre que sont Travis et consorts. Et l'excellentissime "For You Sake" avec son phrasé hypnotique y est certainement pour beaucoup.
Comment un artiste comme celui-la peut rester dans l'ombre... Car on ne peut pas écouter ce Soft Commands sans penser à des Ellioth Smith ou des Jeff Buckley à qui, également, la reconnaissance s'est vue capricieuse. Mais, au fond, qu'importe les strass, paillettes et autres coups d'éclats médiatiques ayant souvent comme unique but de cacher le sévère manque de talent et d'originalité de pseudo star (exception faite des vrais groupes de rock). L'histoire, au final, ne retiendra que ceux qui auront réussis à la toucher sincèrement et, ce jour-la Mr Stringfellow, une place vous sera réservée... A n'en pas douter.