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Critique d'album

Horisont


About Time


(03/02/2017 - Century Media Records - Hard Rock Old School - Genre : Hard / Métal)
Produit par Horisont

1- The Hive / 2- Electrical / 3- Without Warning / 4- Letare / 5- Night Line / 6- Point of Return / 7- Boston Gold / 8- Hungry Love / 9- Dark Sides / 10- About Time
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Une merveilleuse histoire du temps"
Etienne, le 22/02/2017
( mots)

Le temps. Une véritable obsession pour les suédois d'Horisont. Après avoir tenté de percer les secrets d'un monde futuriste inhospitalier dans son odyssée musicale de 2013 (Odyssey), le groupe revient et refait le plein de sa DeLorean direction les 70's. Quoi, encore ? Vous me direz là, rien de plus qu'un éternel groupe affilié à la mouvance "revival", cette branche du rock moderne qui pioche dans le répertoire estampillé "Classic Rock" avec la retenue d'un Macron en meeting. Le procès d'intention systématiquement infligé au genre, et ce souvent sans aucune analyse approfondie de ces supposés hérétiques représentants, peut se justifier pour quiconque ne jurerait que par un progressisme aveugle, comme si la référence trop marquée à une oeuvre passée relevait indubitablement d'un manque criard d'inspiration. A ceux-là, on peut d'ores et déjà rétorquer que la reproduction de codes bien connus n'aboutit jamais - J-A-M-A-I-S - à un disque fondamentalement bon, exemple flagrant avec le dernier-né des australiens de My Dynamite, si indécemment ressemblant aux Black Crowes qu'on finit par vraiment croire les frangins Robinson rabibochés pour de bon. Non, il ne suffit pas de calquer sottement ses idoles. Car un bon disque "revival" est avant tout un bon disque "tout court".


Comment se pourfendre en jugements hâtifs à l'égard du genre renvoyant au glorieuses années révolues du rock 'n roll dans une époque où la société ne jure que par le vintage, le rétro, le culte. Rien que la semaine dernière par exemple, se tenait à Paris le salon Rétromobile, la grand messe de amateurs de belles -mais anciennes - mécaniques; Le - superbe - centre Pompidou, décrié voire conspué il y a encore peu, voit aujourd'hui son architecture le glorifier au rang des musées les plus populaires de l'Hexagone et fêter ses 40 ans en grandes pompes; Et que dire des salles obscures à l'heure même où La La Land, hommage frais et réussi, certes, mais totalement ancré dans les conventions inhérentes aux pures comédies musicales hollywoodiennes de Stanley Donen et Gene Kelly, est auréolé d'un succès retentissant, grand favori des Oscars et potentiellement plus grosse récoltes de statuettes de l'Histoire du septième art avec ses 14 nominations. La nostalgie prend du galon. Et le rock, sous toutes ses formes, ne fait pas figure d'exception: qu'on parle de la résurgence de la pop 60's au travers de groupes abominables comme Lemon Twigs, de la faculté inouïe de la nouvelle scène française de se réclamer des papes des 80's (Daho, Bashung en tête) ou encore - et c'est notre sujet - de ces nombreux chevelus imbibés au rock houblonné des 70's (Purple, Zep', Free & Co.), tout n'est que remise au goût du jour d'un style ayant fait ses armes voilà une paire d'années. Même le pop-punk - c'est dire le niveau de tolérance actuel - est redevenu tendance l'année dernière avec la triplette Green Day / Sum 41 / Blink-182 (oui, on oublie sciemment Good Charlotte). Alors les médisants pourront bien se laisser aller à la morosité de leur obsession réformiste, nous autres crotteux rockers bas-du-front comptons bien profiter de ce formidable disque de rock n' roll qu'est About Time.


Un disque de grande qualité qui doit son capital sympathie en grande partie au bagage surprise qu'il amène avec lui. Car en 5 albums et 10 années d'existence, on ne peut pas dire que les suédois aient crevé l'écran. C'est tout juste s'ils ont pu s'imposer auprès des critiques spécialisés. La faute à un style - on l'a dit - largement représenté sur l'éventail du rock/hard rock moderne, mais aussi à une production brouillonne donnant lieu à cette frustrante impression d'un groupe réduit à son expression la plus douce, cloitré dans un studio incapable de faire ressortir le dynamisme trépidant et fracassant de la pièce d'ouverture de ce nouvel album ("The Hive"). Fut un temps où écouter un album d'Horisont aurait pu s'apparenter à tendre une oreille derrière la porte calfeutrée d'un studio de fortune monté à l'arrache dans la cave du batteur - car on répète toujours chez ce fainéant de batteur incapable de bouger ses toms, c'est bien connu. Passé de Rise Above Records à Century Media au moment d'entamer l'enregistrement d'About Time, Horisont semble avoir profité au maximum des moyens colossaux de la firme allemande récemment passé sous pavillon Sony pour apporter un soin inédit à ses compositions. Equilibre des balances, puissance rythmique - quelle batterie ! - et clarté mélodique sont autant d'atouts qui émergent dès le premier coup d'oreille apporté à ce nouveau disque absolument impeccable, précis et relevé. Tout simplement, About Time sonne.


Soigné, léché, ce cinquième effort des chevelus suédois débride un groupe trop longtemps enfermé dans une camisole technologique indigne de son talent et dévoile un Horisont aussi fin que percutant, capable d'envoyer le bois le temps de trois minutes frénétiques et tranchantes ("Electrical") comme de développer de longues pièces pudiques, intimes, une véritable épopée sentimentale électrique appuyée par les quelques notes volatiles d'un clavier façon Ray Manzarek ("About Time"). Là où la plupart des groupes "revival" se fendent d'un usage totalement disproportionné de la guitare, matraquant sacro-saint riff sur sacro-saint riff, ouvrant et refermant chaque chapitre de leur prophétique testament au son de la six-cordes, Horisont lui préfère un rôle beaucoup plus discret, troussant tout au plus trois quatre notes liées avec style et harmonisées avec soin ("Boston Gold") ou mimant l'arrivée de la grosse cavalerie à coups accentués de pale-mute galopant ("Night Line"). Là où la plupart des groupes revival méprisent un apport vocal pourtant primordial (exception faite des australiens de Palace Of The King), Horisont ose une proposition étonnante à base de voix haut perchée aux relents Rush ("Point Of No Return") et d'harmonies kitsch façon Thin Lizzy ("Electrical", "Night Line"). Là où la plupart des groupes revival se contente d'honorer ses aïeux, Horisont développe une vraie personnalité tout le long d'About Time, opposant quelques passes d'armes musicales mémorables ("Letare") à des aspirations 80's spatiales décalés ("Without Warning"). Dans le fond et même s'il s'abreuve comme ses petits copains à la source de la grande rivière du rock 'n roll, Horisont réussit à s'extirper de la masse grâce à son audace - il y a un bail qu'on n'avait plus entendu chanter de la sorte - et à l'acuité de ce cinquième effort qui redonne un certain crédit à l'entreprise souvent bancale du dépoussiérage/pompage (rayez la mention inutile) du patrimoine rock.


About Time est une belle épopée nostalgique qui nous ramène à cette période chérie d'un rock n' roll oublié. Sans refondre les codes du genre, il se les approprie pour mieux construire une oeuvre singulière, respectueuse et rêveuse. Un accomplissement franc du collier qui doit sa réussite à la résurrection d'une magie qu'on voit trop rarement opérer avec facilité et efficacité. About Time est tout simplement une merveilleuse histoire du temps...

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