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Critique d'album

Ethel the Frog


Ethel the Frog


(00/06/1980 - - NWOBHM - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Eleanor Rigby / 2- Apple of Your Eye / 3- Staying On My Mind / 4- You Need Wheels / 5- Bleeding Heart / 6- Fight Back / 7- Don't Do It / 8- Why Don't You Ask / 9- Whatever Happened To Love / 10- Fire Bird
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Sacré Metal"
François, le 16/09/2024
( mots)

Peut-on faire plus britannique que de piocher dans l’œuvre des Monty Python afin de trouver son nom de baptême ? En l’occurrence, choisir parmi les épisodes du Flying Circus celui au nom le plus obscur, un intitulé qui était déjà en décalage avec l’histoire des frères Piranhas, le duo de gangsters au centre du sketch Ethel the Frog.


Peut-on faire plus britannique que de piocher dans le répertoire des Beatles, le groupe à l’origine de l’essor du rock anglais, pour en proposer une reprise Heavy ? Formé en 1976, Ethel the Frog avait enregistré une version saturée mais sans grand relief d’"Eleanor Rigby" dès 1978, avant d’intégrer la compilation Metal for Muthas (comprendre alors la promesse d’une signature chez EMI) grâce à Neil Kay (le grand chaperon des groupes de l’époque). C’est ce titre qui est choisi pour ouvrir le premier (et unique) opus d’Ethel the Frog, qui a des airs de compilation (les variations dans la qualité de l’enregistrement trahissent sa nature de patchwork).


Par contre, la pochette s’éloigne du registre absurde et de l’humour de la troupe de Terry Gilliam (si ce ne sont les grenouilles qui encadrent la guerrière dénudée), de même qu’elle ne renvoie en rien à la British Invasion des 1960’s. Par son inscription dans un univers heroic-fantasy, l’illustration intègre complétement la nouvelle vague britannique friande de ce genre de thèmes dont on trouve ici une des premières manifestations aux côtés de Saxon.


Car en effet, bien qu’oublié, Ethel the Frog est l’un des tous premiers représentants de la New Wave Of British Heavy Metal.


En 1980, cette dernière est encore balbutiante si bien que de nombreux groupes demeurent stylistiquement à cheval entre les deux décennies. Ainsi, "Staying On My Mind", "Don’t Do It", "Why Don’t You Ask", "Whatever Happened to Love" et "You Need Wheels" sonnent comme Status Quo auquel on aurait ajouté du muscle (et encore, pas tant que ça), tant le groupe reprend à son compte le style boogie rock – à l’image de beaucoup de groupes à l’époque (Vardis). Cette dette est également sensible sur des titres plus accès NWOBHM comme "Apple of Your Eye", qui peut tout de même revendiquer un beau solo en twin-guitars et des lignes proches d’Iron Maiden, ainsi que sur "Fight Back", aux riffs riches et à l’approche plus directe (un peu à la Saxon), où le chant évoque énormément Status Quo. Plus mesuré mais remarquable, "Bleeding Heart" se saisit du raffinement de Wishbone Ash avec une orientation presque southern rock, quand les sept minutes de "Fire Bird" rappellent l’influence du rock progressif sur la nouvelle vague Heavy, même si elle reste bien légère sur ce très bon morceau (ici aussi, c’est Wishbone Ash qui vient à l’esprit).


Avec son unique album et son côté pionnier, Ethel the Frog fait partie des nombreuses formations cultes de la NWOBHM à la vie aussi éphémère que l’œuvre est méritoire (pour son bon sens du riffing et du chorus) : le groupe est déjà en voie de dislocation au moment de la parution d’Ethel the Frog dont il ne put pas assurer la promotion.


À écouter : "Apple of Your Eye", "Bleeding Heart", "Fight Back", "Fire Bird"

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Commentaires
Sébastien, le 18/09/2024 à 14:58
Chouette chronique sur un oublié de cette période charnière.
DanielAR, le 16/09/2024 à 10:14
Au même titre qu'un Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, le groupe devait ignorer qu'il faisait de la NWOBHM. On trouve ici les principaux ingrédients du style à venir mais avec un fort ancrage du passé. La reprise des Beatles (même si elle est "réussie" pour certains) est un acte d'allégeance au passé (et peut-être même un acte d'impuissance devant la difficulté de créer du nouveau). Mais il faut souvent passer par des artistes qui ont le cul entre deux chaises (l'artwork en témoigne) pour révolutionner les styles. A ce titre, Ethel The Frog devait absolument être exhumé des ténèbres du passé. Chouette !