↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Death Cab For Cutie


Codes and Keys


(31/05/2011 - Atlantic - Indie Rock Américain - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Home Is a Fire / 2- Codes and Keys / 3- Some Boys / 4- Doors Unlocked and Open / 5- You Are A Tourist / 6- Unobstructed Views / 7- Monday Morning / 8- Portable Television / 9- Underneath the Sycamore / 10- St. Peter's Cathedral / 11- Stay Young, Go Dancing
Note de 5/5
Vous aussi, notez cet album ! (3 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 3.0/5 pour cet album
"Death Cab ou Zooey, il va falloir choisir, Ben !"
Nicolas, le 17/06/2011
( mots)

Un songwriter heureux est-il encore capable d'écrire de bonnes chansons ? La question mérite d'être posée une fois de plus à l'écoute de ce huitième album de Death Cab For Cutie alors que Ben Gibbard nage dans le bonheur le plus complet. Et on le serait à moins car le voilà désormais marié, et pas à n'importe qui : à Zooey Deschanel, la pétulante moitié féminine de She & Him, soit en clair l'une des actrices-chanteuses les plus sublimes de sa génération (Scarlett n'a qu'à bien se tenir !). Jeune marié donc, mais également fraichement délocalisé car ayant avantageusement quitté la pluvieuse Seattle pour la torride Los Angeles. On ne s'est donc pas trop étonné des déclarations faites par l'intéressé à la presse il y a environ six mois : désormais, le groupe passera après la vie de famille de chacun de ses membres. Plus question d'aller s'enfermer trois mois dans une cabane perdue au fond de la forêt pour aller puiser l'inspiration, et plus question non plus d'abandonner son foyer plus d'une semaine pour enregistrer un disque - quelles pratiques vulgaires, tout de même. Dans la pratique, ça va même encore plus loin : Codes and Keys s'est vu mis en boite dans huit studios d'enregistrement différents (!!) sur plus de six mois, et Gibbard a abandonné l'exclusivité du songwriting en laissant au fidèle Chris Walla la moitié de la composition de l'album. Autant dire qu'on a véritablement frôlé la catastrophe.

Or même si cette livraison s'avère la plus faible de Death Cab For Cutie depuis la création du groupe, elle a au moins le bon goût de ne pas être ratée. On peut en cela remercier les quatre hommes d'avoir eu l'honnêteté de creuser un sillon différent qui, s'il ne s'avère pas toujours du meilleur effet, laisse entrevoir des évolutions intéressantes à venir. Narrow Stairs faisait rugir (gentiment) les guitares ? Eh bien Codes and Keys privilégie pour sa part les claviers, pianos, synthés et autres instruments à touches, partant ainsi dans une direction diamétralement opposée. Les premières écoutes s'avèrent plutôt flatteuses, voir même, osons le mot, impressionnantes, d'autant que Death Cab a réussi un petit tour de force auditif : celui de créer une pesanteur permanente avec des lignes instrumentales en apparence anodines. Les quatre homme jouent fort et avec une rigueur rythmique proche de l'obsession, fait d'autant mieux mis en valeur lorsque la voix de Ben Gibbard, à l'inverse, tracte ses chansons à rebrousse poil en faisant traîner plus que de raison chacune de ses syllabes. Il en résulte un curieux rythme de percussion flottante, une sorte de tension contenue qui transparait paradoxalement par le biais de sons tout en rondeur et sans aucune agressivité, avec un traitement sonore particulièrement réussi... auquel ne doit pas être étranger un certain Alan Moulder ici en charge pour la première fois du mixage. Dès lors, il suffit de pas grand chose pour susciter l'enthousiasme : un arpège de guitare magique et des arrangements sibyllins égrenés en superposition ("You Are A Tourist"), un piano plaqué avec conviction sur fond de violons cinglants ("Codes and Keys"), quelques voix étouffées en écho noyées dans une torpeur synthétique ("Home Is In Fire") ou une vache de mélodie poignante flanquée d'une rythmique de batterie teigneuse ("Doors Unlocked And Open"), et le tour est joué.

Seulement l'entreprise connait bien vite ses limites quand on en arrive à évoquer le nerf de la guerre : la mélodie. Même emballé dans un beau papier glacé avec un joli ruban brillant et une étiquette fignolée, même offert au cours d'une fête surprise du meilleur goût, un présent banal finit par se révéler banal une fois la folie de l'instant retombée. Pas de miracle ici : en laissant ses compères prendre à leur charge une partie des compositions, Ben Gibbard tue dans l’œuf son propre projet (initié en solo, on le rappelle) et prive son album de son carburant le plus efficace. Dès lors, on ne peut que rester perplexe devant la faiblesse d'un titre comme "Portable Television" (sans aucun intérêt) ou devant la banalité d'un "Underneath The Sycamore" qui sent le réchauffé à plein tube ("Soul Meets Body" du délicat Plans, pour ne pas le citer). Plus généralement la deuxième moitié du disque est beaucoup moins réussie que la première, la charnière se plaçant au niveau de "Unobstructed Views", un titre qu'il aurait peut-être été plus judicieux de laisser se développer en instrumental pur. Même "Monday Morning", ode aux lendemains qui chantent, laisse poindre un trop plein de naïveté derrière ses bonnes intentions évidentes, alors que les deux derniers titres ne marquent pas les esprits plus que cela. Dommage, vraiment, surtout quand on considère que Death Cab For Cutie est un groupe appréciable avant tout pour les atmosphères douces-amères issues de l'encéphale rêveur et romantique de Ben Gibbard. De là à souhaiter que Zooey Deschanel aille voir ailleurs (et pourquoi pas chez moi ?), il n'y a qu'un pas qu'on n'osera pas franchir. Pas en public, tout du moins. En attendant, on se reversera une petite rasade de Transatlanticism en rêvant à Scarlett Johansson qui, aux dernières nouvelles, serait encore libre...

 

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !