Caravan
It's None of Your Business
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1- Down From London / 2- Wishing You Were Here / 3- It's None Of Your Business / 4- Ready Or Not / 5- Spare A Thought / 6- Every Precious Little Thing / 7- If I Was to Fly / 8- I'll Reach Out For You / 9- There Is You / 10- Luna's Tuna
Cinquante ans après la sortie de leur chef-d’œuvre In the Land of Grey and Pink, Caravan revient dans un quasi-anonymat, avec comme seul membre originel Pye Hastings pour mener la formation (mentionnons tout de même le violoniste Geoffrey Richardson qui a participé à certains de leurs plus grands opus). Il est vrai que depuis la seconde moitié des années 1970, le groupe a navigué entre le tout juste correct et le carrément médiocre, avec une activité réduite au cours du nouveau millénaire (leur dernier album en date était Paradise Filter, 2013).
Figure incontournable de l’Ecole de Canterbury, à la fois plus pop et progressif que leurs comparses de Soft Machine, Caravan ne perd pas cette inclinaison fondamentale quitte à l’accentuer dans des pièces plus légères et toujours très british dans un album témoin de la sagesse propre à la maturité avancée des musiciens. L’opus est donc apaisé, calme, sans extravagance manifeste ni expérimentations ou fresques progressives.
Dans cette collection de titres courts, on constate vite une entreprise qui peut paraître un peu poussive ou candide. L’acoustique "Spare a Thought", plus encore "Every Precious Little Thing" et ses claviers ou "If I Was To Fly" (inqualifiablement mièvre), le langoureux et assez ennuyant "There Is You" … On peine à s’appesantir sur de telles pièces qui manquent vraiment de relief.
A d’autres moments, cette insoutenable légèreté touche au but. Ainsi, sur "Down from London", l’alliance entre le riff sautillant funky et le violon, avec des lignes de chant très caravanesques, entrainent un titre pop agréable, de même que "Wishing You Were Here", aux faux-airs de Dire Straits, alterne passages chantés légers et des instrumentaux plus impressionnants dans leur volume (surtout le final). Plus loin, "Ready Or Not" est sublimé par les différentes interventions de violon (également en pizzicato).
Soulignons que les pièces les plus longues ne sont pas à proprement parler progressives, du moins, celui qui s’y arrêterait avec cette attente serait forcément déçu. La côté pop est très présent, un peu étendu grâce à des passages instrumentaux, mais demeure dominant au sein des deux morceaux concernés. Il en va ainsi de "I’ll Reach out for You" dont les divagations instrumentales demeurent très convenues, ou de "It’s Not of Your Business" avec davantage de transitions prog’ et une construction plus alambiquée sans être des plus inspirée. Le final instrumental,"Luna’s Tuna", arabisant et onirique, demeure par contre une belle réussite.
Bien loin des errements passés (heureusement) mais également sans prétention par rapport à son âge d’or, Caravan offre une nouvelle excursion dans une pop-progressive doucereuse, rappelant les œuvres tardives de Gryphon. Tout cela sonne très anglais, un peu désuet tout de même, et, sans être désagréable, n’atteint pas ce qu’on peut attendre d’une telle institution.
A écouter : "Luna’s Tuna", "Ready Or Not"