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Critique d'album

Avatarium


The Girl With The Raven Mask


(23/10/2015 - Nuclear Blast - Stoner / Doom - Genre : Hard / Métal)
Produit par Marcus Jidell

1- Girl With The Raven Mask / 2- The January Sea / 3- Pearls And Coffins / 4- Hypnotized / 5- Ghostlight / 6- Run Killer Run / 7- Iron Mule / 8- The Master Thief
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Avatarium passe la seconde avec brio malgré une décélération brutale en fin de disque"
Etienne, le 29/10/2015
( mots)

Non, Avatarium n'est pas un isotope perdu dans les méandres du tableau périodique des éléments issu d'une découverte empirique qui doit plus ou moins tout au hasard (ou à la chance selon sa capacité à voir le verre à moitié plein ou à moitié vide), même si l'on doit reconnaitre que la génèse du groupe a tout d'un galop d'essai éphémère: Leif Edling (bassiste de Candlemass) passe son hiver à composer des chansons seul chez lui (les joies de la Scandinavie au mois de décembre) et demande un coup de main à son bon copain gratteux, Marcus Jidell. L'alchimie est immédiate et le résultat suffisamment satisfaisant pour emmener tout ce petit monde en studio enregistrer ces quelques titres, où l'ajout d'un batteur et d'un claviériste s'avèrera nécessaire. Il ne manque alors plus qu'à poser une voix sur ce qui s'annonce comme un moment fort du metal de 2013, les premiers échos faisant état du digne successeur de Rainbow, Blue Oyster Cult, osant même évoquer les intouchables Black Sabbath. Mais plutôt qu'un éternel chevelu braillard imbibé au houblon fermenté et nourri aux protéines en cachets, Avatarium choisit la sensualité, la maitrise et la chaleur de la voix de Jennie-Ann Smith, illustre inconnue jusqu'alors. Très remarqué, le premier album éponyme d'Avatrium fait preuve d'une originalité puissante, versant dans un prophétisme hypnotique bercé par des guitares abyssales, mais souffrant d'une sensation de répétition chronique tout au long de l'écoute, sentiment catalysé par des mélodies instrumentales très redondantes. Qu'importe, ce premier jet avait le mérite de mettre en lumière ce groupe largement singulier qui éclusera les festivals européens pour asseoir un peu plus sa réputation de grand groupe en devenir, constat que se devra de confirmer, ou à l'inverse d'invalider, The Girl With The Raven Mask.


Les suédois ne cherchent pas la facilité ou la démonstration à outrances en ne proposant que huit pistes pour ce second effort, ce qui est toujours mieux que le premier qui n'en comptait que sept. Structuré à la manière d'un album de hard rock des 70's, les morceaux sont particulièrement longs, durant parfois près de huit minutes ("The January Sea"), et seul l'étonnant morceau éponyme se voit formaté pour la radio, si tant est qu'un diffuseur ait le courage de proposer "The Girl With The Raven Mask". Il est d'ailleurs très étrange de constater que d'emblée ce morceau ne ressemble en rien aux autres compositions de l'album: introduction directe, rythme soutenu, schéma couplet-refrain-solo des plus classiques, vocalises impressionantes mais parcimonieuses et un thème musical très identifiable sont autant d'éléments rares chez Avatarium qu'on ne les retrouvera que très peu dans la suite de l'album.


Loin d'un manque de cohérence dommageable à mettre sur le compte d'une générosité mal avisée, le groupe sort justement de sa zone de confort d'entrée de jeu en proposant un morceau sobre, d'une efficacité monstrueuse et marquante, comme le symbole d'une remise en cause salutaire pour mieux appréhender ce nouvel album. Et c'est d'autant plus appréciable que cette ouverture flamboyante gommera une fin d'album bien trop classique, bien trop lisse, franchement téléphoné et reprenant l'ancien credo doom-heavy du groupe: si "Iron Mule" assume son côté plus lent en proposant un morceau quasi-intrumental plaisant ayant pour seul but de mettre l'auditeur sur les rails d'un final grandiose, l'effet est caduque tant "The Master Thief" est pompant, ennuyeux et sans aucun intérêt qu'il soit musical ou vocal. The Girl With The Raven Mask est donc une pièce duale s'ouvrant sur une belle et enthousiasmante réussite et se fermant sur une pataude et désolante déception, comprenant fort heureusement de très belles réussites entre ces deux extrêmes.


Le second single extrait de ce nouvel album, "Hypnotized", classique de prime abord, se révéle finalement innovant grâce à ses notes glissées floydiennes et guitares soutenues par des pointes de claviers cristallines et des harmoniques stridentes fascinantes. Les incantations ensorcelleuses de Jennie-Ann Smith figent le temps autant que son timbre doux envoûte lors de couplets aux arpèges délicats. Les guitares harmonisées avec souplesse et légèreté laissent place à un solo démoniaque qui extirpe l'auditeur de sa torpeur à grands coups de liés cliniques et de notes tirées élastiques, parfaite opposition sonore entre force instrumentale et douceur vocale. L'hypnose prodiguée par Avatarium fonctionne à merveille, et c'est sans résistance aucune qu'on dodelinera de l'encéphale à l'écoute, entre autres, d'un "Run Killer Run" confirmant une cohésion de groupe à son firmament.


A l'image de ce dernier titre, servi par un riff de guitare gras et soutenu et agrémenté d'une base rythmique bétonnée (le batteur prend pour la première fois quelques libertés de frappe bien senties), The Girl With The Raven Mask est le témoignage d'un groupe qui s'emploie à repousser ses limites créatives et marquer le pas sur un genre doom metal bien trop souvent empreinté des références du genre et consistant à plaquer chaque accord sur un temps bien précis, réduisant l'écoute à une sorte d'oscillation permanente entre déluge distordu et creux grave. Alors que "Ghostlight" semblait prendre tout droit le chemin des oubliettes, le morceau le plus doomesque de l'album maintient une tension totale pendant toute l'exécution du titre grâce à sa sourde nappe sonore d'arrière-plan et aidé par deux solos divins, solos qui sauveront l'assez moyen "Pearl & Coffins" notamment par son clavier seigneurial. C'est d'ailleurs la variété musicale et d'arrangements qui frappent dans ce nouvel album et marque une fracture sévère par rapport à son prédécesseur: ambiances sombres, mortuaires, psychédéliques ou hypnotiques, rythmes telluriques, incisifs ou aériens, instrumentalisations épurés, pleines ou fluctuantes, les suédois explorent une palette sonore des plus exhaustives à l'image de ce "The January Sea" épique, enchainement de phrasés et de plans divers déconcertants de facilité et d'efficacité s'abrogeant pourtant d'un schéma directeur clair, antithèse non moins réussie du titre éponyme ouvrant ce surprenant deuxième album. Mais si The Girl With The Raven Mask a montré le meilleur d'Avatarium dès ses premières pistes, on reste abasourdi par la médiocrité de sa conclusion.


Alors que tout prédisposait à conclure cet album de la meilleure des manières, les suédois la jouent sobre, presque jazzy, réléguant les guitares loin derrière des vocalises au passage trop similaires à tout ce que le groupe a proposé quarante-cinq minutes durant. Le morceau ne décolle pas et voit son final se conclure brutalement sur une longue note tenue par Jennie-Ann Smith alors en pleine démonstration opératique aussi peu poignante que particulièrement désolante. Si la parcimonie avait guidé le groupe dans ses choix musicaux jusqu'alors, "The Master Thief" est un résumé des pires écueuils du genre qu'Avatarium avait pris soin de bien éviter. Décharné de tout apport musical concret, accablé par une voix puissante complètement hors-sujet, le titre plombe cet album largement réussi au demeurant, qui portera pourtant les stigmates de ce raté loin d'être anodin.


Avec le recul nécessaire pour digérer ce dernier titre affreux, on est bien obligé de reconnaitre qu'Avatarium a brillament réussi son deuxième opus, qui confirme largement les espoirs placés en eux. Mieux, il élargit les prétentions d'un groupe qui refuse l'enclave "doom" et propose des titres au modernisme certain, bien aidé par cette touche subtile et maitrisée de féminité si rare et si appréciable. The Girl With The Raven Mask est bien meilleur que son prédécesseur et largement plus recherché que la plupart des productions metal etiquettées doom actuelles. Une réelle réussite, à un détail près donc.


Chansons conseillées: "The January Sea", "Run Killer Run", "The Girl With The Raven Mask"

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Commentaires
Cyk-201, le 04/12/2015 à 15:16
Pas trop d'accord avec chronique. Au premier abord, il est vrai que passé le cinquième titre, les suivants paraissent un peu moins bon ( on reste quand au dessus de la masse). Pour ma part, je me rend compte qu’au bout d’un certain temps d’écoute, les cinqs premiers titres restent efficaces et finalement peut-être moins explosifs qu’aux premières écoutes alors que les derniers apportent justement une ambiance alternative recherchée et indispensable au bon équilibre de l’album.