Appleshift

Etalé sur le papier, Appleshift n'est déjà pas un groupe comme les autres. Avant de se lancer dans l'aventure, les quatre membres ont commencé par bien rouler leur bosse musicale durant de nombreuses années. Histoire d'accompagner Aston Villa sur scène pendant deux ans pour Martin Halet et sa guitare, ou d'aligner les concerts au compteur de différentes formations pour les trois autres. Le temps était alors venu, au fil des rencontres, de mélanger les talents, de mixer les compétences pour laisser éclore un premier EP sous forme de révélation pop-rock. Appleshift, ou la genèse d'un groupe en devenir...

La guitare folk de "Updated Kaiser" assume très bien l'entrée en matière aguicheuse du combo, épaulée par une voix rappelant par moment celle d'un Matthew Bellamy (Muse). Avec ses refrains musclés et sa guitare vagabonde, ce premier titre surprend par sa maturité et son aplomb. Riffs simples et efficaces, phrasés accrocheurs et rythmiques entraînante, "Such A Terrible Truth" change de décors histoire de plonger l'auditeur dans une ballade rock mid-tempo typée Pearl Jam, alors que "Wonderful", single en puissance, flirte plus du côté d'une pop belge savoureuse. Le duo voix / guitare s'alternant au fil du morceau fonctionne à merveille, transportant tranquillement l'auditeur jusqu'aux nappes électro de "Wasn't Listening", posées sur une mélodie aérienne et mélancolique servant de fil directeur. En sept actes ballottés entre émotion et savoir-faire, cet EP aux ambiances travaillées réussi à convaincre, clôturant l'exercice par un somptueux "Carry Out The Flag", parsemé de décharges viscérales.

Sans cacher leurs influences clairement ressenties au fil des pistes, notamment Radiohead, Girls In Hawaii ou encore un soupçon d'Eliott Smith, le quatuor étale un panel de styles alléchant et réellement maîtrisé, poussés en avant par une production de haut vol ne laissant personne sur le carreau. Certains diront qu'avec un bagage personnel comme le leur, il pouvait difficilement en être autrement. Sauf qu'Appleshift évite l'exercice de style pour s'imposer comme un des groupes à suivre dans le paysage musical de 2007.