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Critique d'album

AC/DC


Let There Be Rock


(21/03/1977 - Albert - Hard rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par Harry Vanda, George Young

1- Go Down / 2- Dog Eat Dog / 3- Let There Be Rock / 4- Bad Boy Boogie / 5- Problem Child / 6- Overdose / 7- Hell Ain't a Bad Place to Be / 8- Whole Lotta Rosie
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Que le rock soit!"
Leny, le 19/04/2012
( mots)

Let There Be Rock... Que le rock soit... Un titre emphatique et grandiloquent, comme AC/DC les affectionne, à la manière d'un "For Those About To Rock" (Ceux qui vont faire du rock te saluent). Ici, point de référence aux gladiateurs romains mais à un sujet tout aussi violent qui, lui aussi déchaîne les foules : la Bible. Et oui, Bon Scott, pirate du rock et accessoirement excellent dénicheur de métaphores saugrenues, plagie dans la chanson-titre la parole d'un illustre poète (Dieu) pour nous conter, tout barde du petit manège carré qu'il est, la folle histoire de notre musique préférée. Car, ne nous y trompons pas, sous son titre éminemment religieux, Let There Be Rock n'est QUE du rock. Et c'est bien ça qui compte.


En cette année 1977, AC/DC est un groupe qui en a à revendre ; l’année précédente, après avoir connu un succès non négligeable en Australie, ils ont choisi de s’exporter au Royaume-Uni afin de promouvoir leur 3ème album Dirty Deeds Done Dirt Cheap, et en ont profité pour écumer les scènes en tout genre : clubs, bars, festivals (dont le non moins fameux Reading). Leurs prestations scéniques ont marqué les esprits : amplis réglés sur 11, gouaille et charisme de Bon Scott, facéties guitaristiques d’Angus Young qui traverse la foule sur le dos de son chanteur en costume d’écolier et refrains déjà fédérateurs ; la sauce commence à prendre et les concerts sont désormais bien huilés. AC/DC déboule en pleine montée du punk et en profite, un peu malgré lui, pour se démarquer de ceux que l’on qualifie déjà de « dinosaures » du rock, à savoir Led Zeppelin, Black Sabbath, The Who ou encore Pink Floyd. Au grand dam des Australiens qui ont toujours défini leur musique comme du « pur rock’n’roll joué le plus fort possible », la presse et le public d’alors les identifient à ce mouvement… Mais AC/DC ignore la mode.

Galvanisés et fraîchement signés sur le légendaire label Atlantic, les boys sont pressés par ces derniers d’enregistrer un nouvel album qui, cette fois, doit sortir à l’international et dont le but principal est de conquérir l’exigeant marché américain. Direction Sydney aux studios Albert où AC/DC retrouve les fidèles Harry Vanda et George Young (frère aîné de Malcolm et Angus) qui ont produit leurs albums précédents et qui savent mieux que quiconque comment faire sonner le groupe.
Cette fois le groupe veut durcir le ton. Les ingrédients que l'on trouve dans le chaudron Let There Be Rock étaient pourtant déjà présents sur Dirty Deeds Done Dirt Cheap, à différents degrés : groove simple (encore que) et carré qui ferait battre du pied le premier paraplégique venu, section rythmique guitare-basse-batterie imparable et reconnaissable entre mille, chant éraillé surpuissant, paroles aux doubles sens malins touchant le plus souvent au thème qui fait tourner le monde (le sexe), le tout concentré dans une sorte de boogie blues-rock bien huilé joué plein pot. Là où Let There Be Rock fait mouche, c'est qu'il est beaucoup plus hard-rock que ses prédécesseurs, rendant ces derniers presque obsolètes à son écoute. Plus compact, plus homogène, plus sauvage, plus fort, plus violent, plus spontané : Let There Be Rock est tout ça à la fois.

Dès les premières secondes de "Go Down", le premier titre, on sent la différence : après quelques coups de baguettes lointains, la machine entre en éruption et ne s’arrêtera complètement qu’à la toute fin du disque. Très blues dans ses riffs, la chanson est un hymne à la… fellation. Et oui. Ceux qui ne sont pas convaincus peuvent toujours se concentrer sur la partie centrale du morceau, où Bon Scott échange paroles salaces et cris orgasmiques avec son diable de guitariste soliste en uniforme… Angus Young pète le feu de dieu sur cet album ; sur "Dog Eat Dog", le titre suivant, il nous gratifie d’un solo en trémolo picking diablement efficace dont les sonorités ne sont pas sans rappeler les origines gaéliques des membres du groupe ! Bon Scott fait ici un parallèle entre la rudesse de la vie ouvrière et les difficultés que le groupe rencontre à percer dans un monde de la musique où les « chiens mangent les chiens ».
Let There Be Rock contient surtout 3 classiques indémodables dont AC/DC tirera la substantifique moelle en concert, et ce jusqu’aux récentes tournées Black Ice : le monstrueux morceau-titre contient un solo d’anthologie construit tel un orgasme (l’occasion pour Angus de partir dans de furieux solos de presque 10 minutes en live). L’épileptique "Bad Boy Boogie" remplit aussi très bien son rôle : Bon Scott nous fait l’éloge de la vie débridée qu’il a mené, mène à l’époque, et qu'il mènera jusqu’à sa mort un matin glacé de février 1980… Vous avez dit prophétique ? Le passage central deviendra un point crucial des concerts à venir, puisque notre guitariste-écolier en profitera pour se la jouer Full Monty, la totale en moins quand même... Et puis Let There Be Rock, c’est enfin l’incomparable "Whole Lotta Rosie", au riff ô combien évocateur puisque Bon nous fait cadeau d’une véritable brève de comptoir : son aventure improbable avec une nymphomane de 120 kilos rencontrée backstage après un de leurs nombreux concerts australiens… Cette chanson est l’une des préférées du groupe, et assurément l'une des plus drôles !
Le reste de l’album ne souffre d’aucun temps mort, pour notre plus grand plaisir. On regrette quand même d’y trouver un morceau déjà présent sur Dirty Deeds Done Dirt Cheap : "Problem Child". Très bon au demeurant, et même s’il s’intègre parfaitement à la tonalité de l’album, il est dommage qu’un morceau de la trempe de "Crabsody In Blue" en ait fait les frais (AC/DC a depuis corrigé le problème et les puristes pourront découvrir ce morceau sur le récent coffret Backtracks). C’est que son thème (une épidémie de morpions contractée par le groupe lorsqu’ils vivaient tous ensemble dans une maison en Australie) a été jugé « trop osé » par les émissaires d’Atlantic, qui ont préféré éviter au groupe de s’attirer les foudres de l’Amérique puritaine… Sévère mais bien vu puisque Let There Be Rock ouvrira à AC/DC les portes du pays de l’Oncle Sam, avec le succès qu’on lui connaît.

Après avoir écouté ce brulot autour d’une bonne Foster et armé d’un paquet de Benson & Hedges, on se rend compte que l’on a tout simplement retrouvé nos 16 ans. Attention : ne pas s’étonner si on a mal aux cervicales et au pied droit le lendemain matin…
La cause de l’effet produit est peut-être à chercher du côté d’Angus Young, encore tout jeune à l’époque (20 ans) : où diable est-il allé chercher ce son de guitare? Une anecdote tenace circule à ce sujet : son ampli aurait pris feu, du à une surchauffe, pendant l’enregistrement de "Whole Lotta Rosie" ; emporté par son solo, celui-ci ne s’en est pas aperçu et a continué à jouer malgré les signes que lui faisait l’ingé-son complètement affolé, auquel George Young lui aurait répondu qu’il ne fallait surtout pas interrompre Angus pour si peu ! Vraie ou pas, cette anecdote illustre à merveille le son que la fameuse Gibson SG crache sur cet album : incendiaire. Angus joue comme s’il venait de s’évader d’un asile sur cet album et, malheureusement, plus jamais il ne réemploiera un son aussi abrasif, aussi criard et aussi démentiel que sur cet album, et ce même sur les classiques Highway To Hell et Back In Black. Sa vélocité, sa rapidité et sa précision sont ici à leur top niveau.

Combinez ceci à un chanteur en pleine possession de ses moyens et à une section rythmique sans fioriture au seul service du groove, et vous obtenez Let There Be Rock, un album intemporel, un vrai classique du hard rock qui traverse admirablement les méandres du temps. Ce n’est pas un hasard si les deux hymnes que renferme cet album, à savoir "Let There Be Rock" et "Whole Lotta Rosie", sont jouées systématiquement à chaque concert depuis ; cette dernière donne même l’occasion à une Rosie gonflable géante de s’élever de toute sa masse dans chaque stade de la planète et d’exhiber ses plantureuses formes au bon souvenir du regretté Bon Scott. R.I.P.

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