Plein de bougies bougies : Black Celebration, Depeche Mode

Album : Black Celebration - Artiste : Depeche Mode: - Date de sortie : 17 mars 1986 - Producteurs : Depeche Mode, Gareth Jones, Daniel Miller - Label : Mute - Chronologie : 5ème album studio

Qui aurait pu prédire que Depeche Mode, ce groupe de « garçons coiffeurs » originaires de l'Essex, deviendrait un monument de la musique new wave, fleurissant encore plus de 35 ans après sa formation (et actuellement en préparation d'un quatorzième album !) ? Surtout lorsque l'on connaît les déboires du feu quatuor, ayant survécu au départ de Vince Clarke puis d'Alan Wilder, aux multiples cures de désintoxication de Dave Gahan, et aux rivalités internes entre le sensible compositeur principal du groupe, Martin Gore, et son leader charismatique aux envies de compositions - qu'il a fini par assouvir sur les derniers opus de DM mais aussi sa propre carrière solo. À l'occasion de l'anniversaire de leur album charnière, Black Celebration, revenons sur ce qui a façonné la carrière de nos anglais. 

Nous sommes en 1985 et Depeche Mode débute une ascension internationale sur la scène new wave. Relativement prolifique, le quatuor, après avoir sorti son quatrième album à l'automne 1984, est déjà en préparation du suivant. Martin Gore est à la tête de la composition et sa voix résonne sur de nombreuses ballades ("Sometimes", "A Question of Lust"), couplées à des titres plus sombres, parfois nihilistes ("Black Celebration", "World Full of Nothing", "New Dress"), qui illustrent le début d'un songwriting très introspectif tournant autour de l'amour, de la religion, de la confiance, de l'interdit... Mais cet album marque également le début de la collaboration pérenne du groupe avec Anton Corbjin, qui contribuera grandement à façonner leur esthétique, notamment au travers de clips travaillés, poétiques et sombres – on pense en particulier au teasing de la sortie d'Ultra, lorsqu'il réalisera le clip de "Barrel of a Gun" suite au départ de Wilder et à l'achèvement de la cure de désintoxation de Gahan, un bijou noir de jeu de lumières, de symboles, à la réalisation impeccable. 

Sombre, cet album l'est sans conteste, et le ton est donné dès la découverte d'un artwork industriel et abstrait, bien plus noir que les précédents. À sa sortie, les anglais se lancent dans le Black Celebration Tour et apparaissent maquillés, vêtus de noir, de cuir, et déroulent un set assez froid si l'on oublie les cabrioles virevoltantes de Dave Gahan qui découvrait déjà son pouvoir de séduction en tant que frontman. On sent que Martin Gore était encore très influencé par Kraftwerk, mais était à la recherche d'un son plus authentique, ce qu'il parviendra à trouver à travers Music for the Masses, qui marquera la rupture de Depeche Mode avec son étiquette underground – et le début des ennuis au sein du groupe, qui accompagnent souvent l'essor d'une notoriété incontrôlable.

Black Celebration n'est pas exactement l'album le plus accessible pour ceux qui souhaiteraient découvrir Depeche Mode, mais il contient quelques pépites à écouter encore aujourd'hui (son titre éponyme évidemment, mais également "Stripped", ou encore "A Question of Time" et sa mélodie entêtante qui porte habilement la voix intense de baryton de Dave). 

Alors bon anniversaire à Black Celebration, et longue vie à Depeche Mode !